Manuel des tunnels routiers

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Exploitation de tunnels complexes

1. Trafic 
2. Évacuation d'urgence - Accès d'urgence
3. Ventilation
4. Communication avec les utilisateurs
5. Interfaces et coopération entre les parties prenantes
6. Interfaces et coopération entre les opérateurs
7. Sécurité 

L'exploitation de tunnels et de réseaux souterrains complexes doit tenir compte de facteurs spécifiques et notamment :

1. Trafic 
Le volume du trafic est généralement un facteur important. Plus le trafic est élevé, plus les risques d’embouteillages sont fréquents. De fait, le nombre de personnes dans le tunnel est beaucoup plus élevé. En cas d'incident, le nombre d'usagers à évacuer sera donc plus important. 

Les échangeurs et bretelles d’insertion sont des endroits  où peuvent se concentrer le risque d'accident. 

Le principe selon lequel il ne doit pas y avoir de congestion dans le tunnel  et qui prévaut parfois dès le début des projets, doit être analysée avec beaucoup de prudence. Il est en effet possible de réguler le volume du trafic entrant dans un réseau souterrain afin d'éliminer tout risque de congestion. Néanmoins, cela conduit à une diminution importante de la capacité de l'infrastructure (en termes de volume de trafic) qui va souvent à l'encontre du raisonnement qui justifie sa construction. Avec le temps, les mesures de réduction du trafic entrant doivent être assouplies, voire abandonnées en raison de la nécessité d'augmenter la capacité du trafic.  La probabilité et la récurrence des phénomènes de congestion augmentent, sans tenir compte de l'hypothèse initiale sur laquelle le réseau était basé (notamment en termes de sécurité et de ventilation lors d'incidents). 

2. Évacuation d'urgence - Accès d'urgence
Les questions à prendre en compte sont notamment les suivantes :
•    Le nombre potentiellement élevé d'usagers  à évacuer avec  la nécessité qui en découle de fournir des informations, des moyens de communication et des  aides à l'évacuation adéquats , 
•    La complexité liée au "réseau" et à ses nombreuses ramifications, la multiplicité éventuelle des exploitants  et des interfaces qui en résultent, la localisation précise des incidents et des usagers à sécuriser et à évacuer,
•    Les délais de réponse, en tenant compte du trafic et de la congestion éventuelle du réseau de surface, une identification correcte des lieux de l'incident, et une définition adéquate des points d'accès et des méthodes de résolution de l'incident,
•    La nécessité pour les  équipes d'intervention d'avoir une bonne connaissance du réseau, ce qui entraîne un renforcement des formations et des exercices terrain. 

3. Ventilation
Les systèmes de ventilation dans les tunnels complexes et les réseaux souterrains doivent être pris en compte :
•    Le volume et la classification du trafic, ainsi que son évolution dans le temps,
•    Les risques de congestion du trafic, rendant généralement indispensable la construction d'un système d'extraction des fumées, 
•    Les contraintes environnementales, notamment les points de rejet de l'air pollué, les méthodes de rejet et leur acceptabilité. Cela peut nécessiter : 
o    La construction de points de décharge éloignés du tracé principal et la construction de galeries de ventilation indépendantes du tunnel pour relier le tunnel aux puits, 
o    La mise en place de systèmes de filtration de l'air dans les tunnels avant leur rejet dans l'atmosphère
•    La multitude de branches du réseau et la nécessité de les rendre indépendantes les unes des autres sur le plan opérationnel pour éviter la propagation des fumées dans le réseau en cas d'incendie.

4. Communication avec les utilisateurs 
La communication avec les usagers du tunnel doit être renforcée et adaptée sur l’ensemble du réseau. La communication doit pouvoir être différenciée entre les différents tubes et galeries en fonction des besoins opérationnels, notamment en cas d'incendie. 

Les usagers doivent pouvoir identifier leur position à l'intérieur du réseau, ce qui nécessiterait, par exemple, l'installation de signes spécifiques, de codes de couleur, etc. 

Les panneaux de direction et d'information préalable aux échangeurs ou aux bretelles d’accès doivent faire l'objet d'un examen attentif, notamment en ce qui concerne leurs lisibilité et leurs distances de visibilité .

5. Interfaces et coopération entre les parties prenantes
Une attention particulière doit être accordée aux interfaces et à la coopération entre les parties prenantes , notamment pour les questions de gestion du trafic et les questions de sécurité (en particulier les incendies), y compris l'évacuation des usagers et l'intervention des services de secours en cas d'incendie.

6. Interfaces et coopération entre les exploitants
Un réseau souterrain complexe est généralement exploité par de nombreux exploitants dont les cultures, les compétences, les objectifs et les organisations sont multiples et souvent différents. Cependant, les conditions de sécurité à l'intérieur du réseau et le niveau de service fourni aux usagers exigent une bonne coordination entre tous les acteurs, ainsi qu'une excellente compréhension et confiance mutuelles.

Un comité de coordination doté d'une direction forte est donc absolument essentiel.

Les centres de contrôle doivent tenir compte des interfaces au sein du réseau et entre les divers exploitants. Ils doivent permettre la transmission d'informations communes essentielles à chaque acteur et faciliter l'éventuelle hiérarchie temporaire d'un centre de contrôle à un autre. La conception architecturale du réseau de centres de contrôle, de leurs performances et de leurs méthodes doit faire l'objet d'une analyse globale des organisations, des responsabilités, des enjeux et des risques.  Cette analyse doit refléter une série de conditions opérationnelles, comme par exemple en situation normale ou en situation de crise, et doit examiner l'interaction entre les différentes sous-sections du réseau et les responsabilités respectives de chaque centre de contrôle.   

7. Sécurité
Les conditions de sécurité d'un réseau souterrain complexe ne diffèrent pas fondamentalement de celles d'un tunnel standard. Cependant, tout est plus complexe, en raison de :
•    la complexité géométrique du réseau, de ses nombreuses branches et de toutes les infrastructures associées,
•    la multiplicité des exploitants, leurs différentes cultures et expériences, ainsi que leurs périmètres d'actions très diversifiés 
•    la multiplicité des interfaces et le besoin de coordination et de solidarité,
•    des difficultés d'intervention spécifiques pour les services de secours, notamment en ce qui concerne la localisation de l'événement (en particulier d'un incendie), le retour d'information sur l'ampleur de l'événement et la situation des usagers concernés, ainsi que les stratégies d'intervention.
Une excellente connaissance des réseaux et des conditions rencontrées au sein du réseau en cas d'urgence est donc absolument essentielle. Certains outils peuvent être utiles, tels que :
•    un modèle virtuel en 3D de l'infrastructure et des installations,
•    un modèle et un simulateur virtuels permettant de bien connaître et comprendre les performances et le fonctionnement de la ventilation, son efficacité aéraulique et le comportement réel du réseau. 
•    des plans d'urgence complets pour tous les scénarios possibles, intégrés dans une banque de données informatique. Un système d’aide à la décision peut ensuite proposer les scénarios les mieux adaptés à l'événement à traiter.

Cependant, bien que ces outils soient nécessaires, ils ne remplaceront jamais la formation et les qualités humaines telles que la capacité d'initiative et d'adaptation qui restent fondamentaux pour faire face à un événement de grande envergure.
 

Références

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