Ce "Manuel des Tunnels routiers" comprend 4 parties. La première partie, intitulée "Stratégie et conception générale", traite des aspects stratégiques et de conception et comprend les chapitres suivants.
Le chapitre sur les questions stratégiques présente les principaux éléments stratégiques que tout décideur doit prendre en compte avant de prendre une décision concernant le choix ou la conception d'un tunnel. Ce chapitre est particulièrement destiné aux décideurs et aux concepteurs de tunnels des pays qui commencent à s'attaquer à la construction ou à la rénovation majeure d'un tunnel.
Le chapitre sur la construction et la géométrie passe en revue les principaux éléments à prendre en compte lors de la conception générale d'un tunnel.
Le chapitre sur les concepts de ventilation présente les principes et la conception de la ventilation des tunnels ainsi que ses systèmes de contrôle et de surveillance.
Le chapitre sur les questions de durabilité examine les principales questions économiques, environnementales, sociétales et énergétiques qui doivent être prises en compte lors des phases de conception et d'exploitation du tunnel.
Les tunnels, initialement destinés à franchir un obstacle (en général une montagne), sont devenus de plus en plus complexes au cours des dernières années, ils intègrent des équipements (y compris des systèmes de ventilation) et des méthodes d'exploitation de plus en plus complexes. Cette exploitation comprend le déploiement de systèmes de contrôle et de surveillance qui permettent de traiter de grandes quantités de données et qui peuvent s'adapter à des scénarios de gestion de plus en plus sophistiqués.
Figure 1 : Incendie du tunnel du Saint Gothard
À la suite des catastrophes survenues dans les tunnels du Mont-Blanc, du Tauern et du Saint-Gothard (figure 1) en 1999 et 2001, la nécessité d'adopter une approche globale de la sécurité des tunnels a été reconnue. Il en a résulté des dispositions plus strictes dès le stade de la conception des tunnels, qui ont un impact important sur les exigences spécifiques en matière de génie civil et d'équipement des tunnels.
En général, les tunnels sont considérés comme des ouvrages "coûteux et présentant des risques", tant en ce qui concerne leur construction que leur exploitation. Cette "image" fait que certains pays sont très réticents à se lancer dans la construction de leurs premiers tunnels routiers ou ferroviaires. Afin de répondre à ces préoccupations, une importance croissante est accordée à la gestion des risques (y compris les coûts de construction et d'exploitation), à l'atténuation des accidents ou des incendies pendant l'exploitation et à l'optimisation des installations du tunnel aux stades de la conception, de la construction et de l'exploitation. Cette gestion des risques et des coûts est renforcée par les modèles actuels d'approvisionnement et de financement pour la construction des tunnels, qui sont de plus en plus souvent mis en œuvre sous forme de "concession", de "conception et construction" ou de "partenariat public-privé".
Le chapitre intitulé "Questions stratégiques" vise à :
• faire prendre conscience au lecteur qu'un tunnel est un "système complexe" ;
• souligner l'importance de définir la "fonction" d'une installation à la fois en amont (conception) et en aval (exploitation) ;
• attirer l'attention du maître d’ouvrage du tunnel sur la nécessité de disposer de compétences pluridisciplinaires avec des aptitudes suffisantes et une expérience approfondie pour assurer le succès de la mission ;
• faire prendre conscience au lecteur qu'un tunnel est essentiellement conçu pour être utilisé dans des conditions de confort et de sécurité, et qu'il doit faire l'objet d'un entretien continu et fiable par l'exploitant. La conception d'un tunnel doit tenir compte de ces objectifs et contraintes de sécurité et d'exploitation ;
• faire comprendre au lecteur que l'installation elle-même ne constitue qu'une partie des problèmes que le maître d’ouvrage devra résoudre, et que très souvent il sera nécessaire de développer en parallèle certains éléments extérieurs, qui peuvent être hors de la compétence du maître d’ouvrage du tunnel : réglementation, services d'intervention et de sécurité, procédures, etc.
Ce chapitre n'est pas conçu pour être un manuel détaillé des actions requises par les propriétaires de tunnels, ni pour spécifier les dispositions techniques à mettre en œuvre par les concepteurs, ni pour déterminer les tâches à entreprendre par les exploitants pour assurer un environnement sûr et confortable dans les tunnels. En particulier, ce chapitre n'a pas pour but d'être un manuel de conception. Son objectif principal est de sensibiliser le lecteur à certaines questions, afin de faciliter la compréhension de ce domaine complexe, de lui faire prendre conscience des nombreuses erreurs possibles dans l'exploitation des tunnels, et d'avoir une meilleure compréhension des possibilités d'optimisation.
La page intitulée Tunnel : un système complexe , explique pourquoi un tunnel constitue un "système complexe" et énumère les principales interfaces entre les aspects de génie civil, de ventilation et de sécurité ;
La page Étapes de la vie d'un tunnel analyse les différentes étapes du cycle de vie d'un tunnel et souligne les actions clés de chacune de ces phases ;
La page Conception générale du tunnel (nouveau tunnel) présente les principaux éléments qui doivent être pris en compte lors de la conception d'un nouveau tunnel ;
La page Rénovation - Mise à niveau de tunnels existants concerne la mise à niveau et la rénovation des tunnels existants en exploitation ;
La page Coûts de construction - Exploitation - Rénovation - Aspects financiers explique les questions relatives aux coûts de construction, d'exploitation et de rénovation, ainsi que les principales questions spécifiques aux modes de financement ;
La page Réseaux routiers souterrains complexes met en évidence les particularités des structures souterraines complexes et interconnectées et fournit des études de cas de tunnels complexes via de nombreuses monographies.
La page Règlements - Recommandations donne une liste des principales recommandations, directives et règlements publiés par différents pays en Europe et ailleurs dans le monde.
Un tunnel constitue un "système complexe" qui est le résultat de l'interaction de très nombreux paramètres. Ces paramètres peuvent être regroupés par sous-ensembles, dont les principaux sont représentés dans le schéma ci-dessous (Figure 1).
Tous ces paramètres sont variables et interactifs, au sein de chaque sous-ensemble et entre les sous-ensembles eux-mêmes.
La pondération relative des paramètres et leur caractère varient selon la nature de chaque tunnel. Par exemple :
• les critères de détermination et la pondération des paramètres ne sont pas les mêmes pour un tunnel urbain et un tunnel de montagne ;
• les paramètres diffèrent pour les tunnels courts et longs, pour les tunnels traversés par des véhicules transportant des marchandises dangereuses et pour ceux transportant uniquement des véhicules de tourisme ;
• les critères ne sont pas les mêmes pour un tunnel nouvellement construit ou pour un tunnel devant être rénové ou mis en conformité avec les nouvelles normes de sécurité.
Figure 1 : Diagramme des principaux sous-ensembles du "système complexe - tunnel"
Note 1 : les liaisons sont multiples et souvent réversibles - le concept général du tunnel et la section fonctionnelle sont placés au centre de la figure. Des schémas similaires pourraient être établis en plaçant d'autres facteurs au centre de la figure.
Note 2 : le premier cercle représente les "domaines techniques". Certains champs représentent des aspects multiples :
• la sécurité : réglementation - analyse des risques - moyens d'intervention - exigence de disponibilité,
• géologie : géologie - géotechnique - dimensionnement des structures,
• travaux de génie civil : méthodes - calendrier de construction - risques et dangers,
• fonctionnement : exploitation et maintenance (aspects techniques),
• coûts : construction - exploitation - entretien quotidien - grosses réparations,
• environnement : réglementation - diagnostic - évaluation des incidences - traitement et atténuation.
Note 3 : le deuxième cercle représente le "contexte" dans lequel le projet doit être développé. Certains éléments représentent des aspects multiples :
• environnement humain : sensibilité - urbanisation - présence de bâtiments ou d'infrastructures,
• environnement naturel : sensibilité - eau - faune - flore - qualité de l'air - paysage,
• nature du transport : nature et volume du trafic - typologie - types de marchandises transportées - etc.
• diverses contraintes externes : accès et contraintes particulières - conditions climatiques - avalanches - stabilité du terrain - contexte socio-économique - etc.
• niveau de rentabilité : acceptabilité économique - capacité de financement - maîtrise des coûts financiers - contexte économique et politique général en cas de concession ou de partenariat public-privé (PPP).
La conception d'un nouveau tunnel (ou la rénovation et la modernisation d'un ancien tunnel) nécessite la prise en compte de ces nombreux paramètres. L'arbre de décision relatif à ces paramètres est complexe et nécessite
l'intervention de parties multidisciplinaires expérimentées. Celles-ci doivent intervenir le plus tôt possible, pour les raisons suivantes :
• pour permettre la prise en compte de tous les paramètres pertinents dès le début du projet, et pour éviter les nombreux pièges potentiels constatés dans les projets en cours ou dans les tunnels récemment achevés. Parmi ces erreurs figurent la prise en compte tardive des équipements nécessaires à l'exploitation et à la sécurité, et la mise en place d'un système de supervision sans intégrer les résultats des analyses de risques, du plan d'intervention d'urgence ou des procédures d'exploitation. Le tunnel et ses systèmes et équipements d'exploitation et de surveillance peuvent dans cette hypothèse s’avérer inadaptés à une exploitation sûre et fiable.
• une intervention précoce contribue à une meilleure optimisation du projet, tant du point de vue de la sécurité que des coûts de construction et d'exploitation. Des exemples récents indiquent que les optimisations transversales (génie civil - ventilation - évacuation de sécurité) réalisées aux premiers stades du projet peuvent contribuer à une réduction des coûts d'environ 20 %.
Chaque tunnel est unique et une analyse spécifique doit être développée, tout en tenant compte de toutes les conditions spécifiques et particulières. Cette analyse est essentielle pour apporter des réponses appropriées et permettre :
• l'optimisation du projet d'un point de vue technique et financier ;
• la réduction des risques techniques, financiers et environnementaux ;
• l’atteinte du niveau de sécurité requis pour les usagers du tunnel.
Il n'y a pas de "solution de la clé magique", et un simple "copier-coller" est presque toujours inadapté.
La conception et l'optimisation d'un tunnel nécessitent :
• un inventaire exhaustif et détaillé de tous les paramètres,
• une analyse des interactions entre les paramètres,
• l'évaluation du degré de flexibilité de chaque paramètre et, le cas échéant, de la sensibilité de chacun d'entre eux par rapport aux objectifs requis,
• une approche holistique pour réussir, car :
o une approche purement mathématique n'est pas possible, car le "système" est trop complexe et il n'y a pas de réponse unique ;
o trop de paramètres sont encore non spécifiés ou variables au cours des premières étapes d'un projet, mais des choix essentiels doivent encore être faits ;
o l'évaluation des risques, leur gravité et leur probabilité d'occurrence doivent être prises en compte ;
o de nombreux paramètres sont interdépendants et de nombreuses interactions sont circulaires.
Plusieurs exemples sont donnés ci-dessous pour montrer comment il est possible de clarifier la complexité, l'interactivité, ainsi que le caractère itératif et "circulaire" de l'analyse.
Ces exemples ne sont pas exhaustifs. Leur but est simplement de sensibiliser le lecteur aux enjeux et de permettre d'axer les considérations sur chaque tunnel spécifique.
Le tableau 1 ci-dessous donne un exemple des principaux paramètres concernant les aspects relatifs au génie civil :
TABLEAU 1 : PRINCIPAUX PARAMÈTRES SELON LE GÉNIE CIVIL
• La première colonne du tableau indique les principaux ensembles de paramètres,
• La deuxième colonne du tableau indique les principaux sous-ensembles de paramètres relatifs à un ensemble principal,
• La troisième colonne énumère un certain nombre de paramètres élémentaires relatifs à un sous-ensemble. Cette liste n'est pas exhaustive,
• La quatrième colonne du tableau indique par ensemble, ou sous-ensemble, les principaux résultats liés au sous-ensemble.
Les interactions entre les paramètres sont nombreuses et souvent reliées par des liens circulaires tenant compte des chevauchements entre les différents paramètres.
L'exemple ci-dessous (tableau 2) concerne les interactions entre la ventilation, la section transversale et la sécurité :
• La première colonne concerne la ventilation. Les paramètres énumérés dans cette colonne sont les paramètres élémentaires résultant du tableau 1 ci-dessus pour le sous-ensemble "ventilation",
• La deuxième colonne concerne la section transversale. Les paramètres résultent du tableau 1,
• La troisième colonne concerne la sécurité.
TABLEAU 2 : INTERACTIONS ENTRE LES PARAMÈTRES
Le tableau révèle un certain nombre de paramètres communs à plusieurs colonnes (voir connecteurs de ligne), qui créent des interactions circulaires entre les différents sous-ensembles de paramètres.
Ces interactions sont liées par des fonctions complexes, qui rendent presque impossible une résolution purement mathématique du problème. La résolution du problème nécessite la définition d'une hiérarchie entre les différents paramètres, puis la prise en compte d'hypothèses pour les paramètres de hiérarchie supérieure. Cette hiérarchie diffère d'un projet à l'autre, comme par exemple :
• Pour un tunnel foré court ou un tunnel foré de longueur moyenne avec circulation à sens unique, le système de ventilation le plus probable est la "ventilation longitudinale". Les ventilateurs à jet fixés en voute ont en effet généralement un impact très faible sur la dimension de la section transversale. Celle-ci pourrait donc être dimensionnée dans un premier temps avant de concevoir la ventilation, mais en tenant compte des autres paramètres déterminants. L'impact de la ventilation sur la section transversale sera ensuite vérifié par la suite,
• A l'inverse, si le tunnel est très long ou si la section transversale est rectangulaire (tranchée couverte), le système de ventilation et ses composants (section, nombre et nature des éventuels gaine de ventilation - dimension des ventilateurs à jet si nécessaire - etc. ) ont un impact essentiel sur la dimension de la section transversale. Le système de ventilation devra être prédimensionné au début de l'analyse en faisant des hypothèses préliminaires sur la dimension de la section transversale. La géométrie de la section transversale sera ensuite vérifiée.
Le processus de résolution est alors itératif et basé sur une première série d'hypothèses, comme le montrent les exemples précédents. Ce processus requiert une grande expérience technique et pluridisciplinaire des ingénieurs, permettant de prendre en compte les paramètres pertinents pour le projet, de mieux cibler les itérations successives, et de garantir la meilleure optimisation du projet, en tenant compte du niveau de service et de sécurité requis.
Le tableau 3 ci-dessous donne un exemple des principaux paramètres concernant les aspects relatifs à la ventilation. Ce tableau n'est pas exhaustif.
Quant au "génie civil", les interactions entre les paramètres sont nombreuses. Elles sont également soumises à des relations circulaires.
Le processus pour résoudre les problèmes est similaire à celui décrit ci-dessus pour le "génie civil".
TABLEAU 3 : PRINCIPAUX PARAMÈTRES INFLUENÇANT LA VENTILATION
Ils ne constituent pas des paramètres fondamentaux pour la définition de la section fonctionnelle, à l'exception :
• des réservations et manchons pour le passage des câbles, des tuyaux pour l'alimentation en eau du système de lutte contre l'incendie,
• de la signalisation, de la signalisation d'information, de sécurité ou de police. La signalisation peut parfois (tranchée couverte) avoir un impact très important sur la géométrie (distance entre la chaussée et l’intrados avec un impact possible sur le profil en long et la longueur du tunnel). Cela peut éventuellement nécessiter une optimisation plus globale, qui peut concerner la position et/ou la conception des échangeurs à l'extérieur du tunnel, à proximité des têtes.
Les "équipements d'exploitation" constituent par contre des paramètres essentiels pour le dimensionnement des bâtiments techniques aux têtes, des sous-stations mécaniques et électriques souterraines, et de tous les espaces techniques souterrains, ou des diverses dispositions, cavités et niches. Ils nécessitent souvent des dispositions particulières concernant la température, la climatisation et la qualité de l'air.
Ce sont également des paramètres importants en termes de coût : construction, exploitation et maintenance.
Les "équipements d'exploitation" constituent des paramètres essentiels en matière de sécurité des tunnels. Ils doivent être conçus, construits et entretenus dans cet objectif :
• disponibilité et fiabilité, en particulier de l'alimentation et de la distribution électrique, ainsi que de tous les réseaux de communication,
• protection contre l'incendie de tous les équipements, en particulier des câbles d'alimentation électrique principale et des câbles des réseaux de transmission,
• robustesse des équipements et de leurs composants afin de garantir leur durée de vie, leur fiabilité et l'optimisation des coûts : exploitation et maintenance,
• facilitation des interventions de maintenance, faible impact sur les conditions de circulation, ainsi que sur la sécurité des équipes de maintenance et des usagers, ce qui nécessite des dispositions particulières concernant la conception et l'accessibilité de ces installations,
• intégration des procédures d'exploitation et du plan d'intervention et de sécurité dans la conception du système de supervision (SCADA), ergonomie des interfaces homme/machine et assistance à l'exploitant en particulier lors d'un incident.
Figure 2 : Facteurs affectant la sécurité
Les statistiques disponibles dans de nombreux pays montrent, de manière assez générale, que le taux d'incidents dans les tunnels est nettement inférieur à celui du réseau routier à l'air libre.
Hormis les catastrophes, la quasi-totalité des incidents dans les tunnels enregistrés et documentés sont principalement dus aux causes suivantes :
• Mauvaise conception de la géométrie : aménagement (trop sinueux, faibles caractéristiques géométriques), profil en long (pente importante) et mauvaise coordination entre le profil en long et le tracé en plan,
• Distances de visibilité trop courtes.
• Comportement des conducteurs, vitesse excessive et refus de priorité dans les zones de sortie ou de convergence, etc.
• Niveau d'éclairage insuffisant et mauvaise identification des bordures, et donc de la largeur de la chaussée,
• Pour les tunnels avec des échangeurs ou des raccordements en souterrain :
- une mauvaise conception de la géométrie des sorties et des zones de convergence, une visibilité et une lisibilité insuffisantes - des dispositions de sortie et de convergence mal dimensionnées,
- une mauvaise conception de la signalisation des sorties et des entrées : signalisation insuffisante, ou mal placée, ou illisible,
- collisions à l'arrière d'un embouteillage, en particulier à proximité ou sur les rampes de sortie : en raison du manque de visibilité - mauvaise identification de la queue fluctuante - information insuffisante - mauvaise gestion du trafic par l'exploitant - coordination insuffisante entre l'exploitant du tunnel et l'exploitant du réseau de surface,
• Pour les tunnels à circulation bidirectionnelle, risques supplémentaires de collisions frontales,
• Pour les tunnels dans les zones montagneuses : causes supplémentaires dues à la formation de stalactites de glace de la voûte ou des parois, de stalagmites ou de formations de glace sur la chaussée,
Les aspects liés à la sécurité doivent être décomposés :
• Dispositions préventives : Ce sont celles qui permettent au jour le jour de réduire les causes des incidents dans les tunnels mentionnés ci-dessus. Ces causes et les dispositions qui en découlent sont rarement analysées dans les "analyses des risques et des dangers",
• Dispositions curatives : Ce sont celles qui sont indispensables en cas de catastrophe ou d'incendie (voies de secours - ventilation d'urgence - organisation et accès des équipes de secours - etc.) Ces dispositions sont nécessaires et essentielles pour assurer la sécurité des usagers en cas d'incendie, mais elles ont un faible impact sur l'amélioration de la sécurité quotidienne à l'intérieur du tunnel.
Note : Des informations supplémentaires sur les incidents dans les tunnels sont disponibles en suivant les hyperliens :
• 2016R19EN : Tunnels routiers : réseaux routiers souterrains complexes (§ 4.4.2 pour les incidents dans les tunnels et § 4.4.3 pour les incendies)
• 2017R35FR : Retour d’expérience en matière d’incidents significatifs dans les tunnels routiers (Chapitre 3 pour les incidents dans les tunnels - Chapitre 4 pour les incendies)
Les conditions de sécurité dans un tunnel résultent de nombreux facteurs présentés dans le manuel de sécurité contenu dans ce manuel. Il est nécessaire de prendre en compte tous les aspects du système formé par l'infrastructure elle-même pour assurer la sécurité, ainsi que son exploitation, ses interventions, ses véhicules et ses usagers (Figure 2).
L'infrastructure est un paramètre essentiel concernant la sécurité à l'intérieur du tunnel (dispositions préventives et curatives), ainsi que le coût de construction. Cependant, on peut investir fortement dans l'infrastructure sans améliorer les conditions de sécurité si les dispositions essentielles ne sont pas prises en compte en parallèle :
• l'organisation, les moyens humains et matériels, les procédures de fonctionnement et d'intervention,
• la formation du personnel d'exploitation,
• l'équipement des services d'urgence avec du matériel efficace et la formation de leur personnel,
• la communication avec les utilisateurs.
Ces paramètres relatifs à la sécurité peuvent affecter de manière plus ou moins importante un projet de tunnel. Les tableaux ci-dessous en donnent quelques exemples.
Note : Les quatre tableaux ci-dessous se réfèrent aux quatre principaux domaines représentés dans la Fig. 2.
• La colonne 1 indique les principales infrastructures ou actions concernées,
• La colonne 2 indique le degré d'influence sur le projet de tunnel (génie civil - ventilation - équipements d'exploitation et de sécurité) :
o Vert : aucun impact,
o Jaune : impact moyen,
o Rouge : impact important ou majeur.
• La colonne 3 précise les principales raisons ou causes d'influence.
INFRASTRUCTURE | Impact | Commentaires |
---|---|---|
Issues et galeries de secours | A l'intérieur du tunnel - Galerie parallèle indépendante - Connexion directe avec l'extérieur - Connexion entre les deux tubes | |
Accès des services de secours | A partir d'un tube - Accès dédiés - Accès commun aux circuits d'évacuation | |
Nombre de personnes à évacuer | Dimensions des ouvrages d'évacuation - Espacement des connexions avec le tunnel | |
Ventilation | Concept de ventilation - Conditions particulières d'exploitation et de trafic rendant inapproprié un système de ventilation strictement longitudinale |
EXPLOITATION | Impact | Commentaires |
---|---|---|
Plan d'intervention des secours | Signalisation - GTC et supervision - Communication avec les usagers | |
Equipes d'intervention | Dimension des locaux de tête de tunnel - Eventuellement locaux spécifiques en tunnel - Moyens particuliers - Volume des réservoirs d'eau | |
Entraînement des équipes | Equipements particuliers externes - Logiciels spécifiques de simulation |
VEHICULES | Impact | Commentaires |
---|---|---|
Trafic moyen - Trafic heure de pointe | Nombre de voies - Concept et dimensionnement de la ventilation | |
Transport de matières dangereuses (TMD) | Impact sur le système de ventilation - Dispositifs particuliers de recueil des matières dangereuses liquides - Passage des TMD en convoi accompagné des pompiers --> parking d'attente et personnel d'accompagnement | |
Etat des véhicules | Dans des cas particuliers, contrôle des dimensions des véhicules et de la surchauffe des organes mécaniques avant l'entrée en tunnel --> portique de contrôle des températures + parking d'attente + personnel | |
Restriction de passage à certaines catégories de véhicules | Exemple: tunnel urbain dédié aux véhicules légers: géométrie, largeur de voies, hauteur libre, ventilation, issues de secours |
USAGERS DU TUNNEL | Impact | Commentaires |
---|---|---|
Information | Dépliants distribués avant l'entrée en tunnel - Campagne d'information TV | |
Communication continue | Signalisation, PMV, transmission radio - Feux de signalisation et d'affectation des voies Impact sur la section transversale, les équipements d'exploitation et de sécurité, la GCT et la supervision, éventuellement les barrières motorisées télécommandées |
|
Formation | Auto-écoles (dans de nombreux pays européens) | |
Guidage vers les issues de secours | Signalisation - Main courante - Feux flash - Sonorisation Impact sur les équipements d'exploitation et de sécurité, la GTC et la supervision |
|
Contrôle de la vitesse et de l'espacement entre véhicules | Contrôles de vitesse et d'interdistances entre véhicules Impact sur les équipements d'exploitation, la GCT et la supervision |
Un tunnel est un "système complexe", ce qui signifie notamment que
• L'approche de la conception d'un tunnel du seul point de vue du tracé, de la géologie ou du génie civil, entraîne de graves défauts de conception, qui sont susceptibles de rendre le tunnel moins sûr (voire dangereux) et difficile à exploiter (peut-être impossible à exploiter dans des conditions raisonnables).
• De même, aborder la conception d'un tunnel du seul point de vue des équipements d'exploitation sans intégrer en amont une analyse des risques et de la sécurité, de l'intervention et de l'exploitation, conduira également à des déficiences qui apparaîtront très rapidement dès que le tunnel sera ouvert à la circulation,
• ne pas tenir compte, dès la phase de conception préliminaire, de tous les objectifs et contraintes liés à l'exploitation et à la maintenance, entraînera inévitablement une augmentation des coûts opérationnels et une réduction de la fiabilité globale.
Le traitement partiel des problèmes est malheureusement encore assez fréquent, faute d'une "culture de tunnel" suffisante des différents acteurs impliqués dans la conception.
Le contrôle de ce système complexe est difficile mais essentiel pour :
• trouver la solution appropriée à chaque problème,
• assurer aux usagers un niveau de sécurité essentiel, et leur offrir un service de qualité et de confort satisfaisant.
Parallèlement, la maîtrise de ce système complexe contribue très souvent à l'optimisation technique et économique du projet, par une définition claire et précoce des fonctions à assurer et par l'utilisation d'un processus d'analyse de la valeur.
La prise en compte, dès le début du projet, des grandes questions relatives :
• aux tracés en plan et aux profils en long, à la géologie, aux dispositions et les méthodes de construction du génie civil,
• à la ventilation,
• à la sécurité (par une analyse préliminaire des risques et du danger et un plan d'urgence préliminaire),
• aux conditions d'exploitation et de maintenance,
constitue une approche efficace pour résoudre cette équation complexe.
La définition de la "fonction de tunnel", ainsi que l'"analyse préliminaire des risques et des dangers" sont souvent négligées ou traitées superficiellement. Elles constituent pourtant un "outil" essentiel et indispensable pour l'optimisation technique, économique et sécuritaire d'un tunnel.
L'"analyse préliminaire des risques et des dangers" ne doit pas se limiter aux incendies dans les tunnels et aux dispositions constructives et opérationnelles visant à minimiser les risques. Elle doit également prendre en compte (bien que cela soit rarement entrepris) les conditions de sécurité au quotidien pour réduire la probabilité d'incidents et leur gravité. Cela implique une analyse des tracés en plan et profil en long, de la géométrie des rampes des liaisons souterraines, de la visibilité et de la probabilité de congestion du trafic. Cette analyse doit être effectuée lors de la conception du tracé, alors qu'il est encore possible d'améliorer le projet afin de réduire le risque d'incidents.
D'une manière un peu arbitraire la « vie » d'un tunnel peut être décomposée en plusieurs étapes principales dont les enjeux essentiels sont les suivants :
C'est l'étape la plus importante de la vie d'un tunnel neuf. Elle est déterminante en termes de coût de construction, de coût d'exploitation, de sécurité, ainsi que de management des risques techniques et financiers.
Elle nécessite une intégration transversale de toutes les interfaces du « système complexe » constitué par le tunnel, dès l'amont de la conception de celui-ci (cf. paragraphes ci-dessus).
L'expérience témoigne que ceci est malheureusement rarement le cas, et que bien souvent la conception d'un tunnel résulte d'une succession de phases traitées de façon indépendante. D'une manière un peu caricaturale on peut noter que :
Pour ce qui concerne le génie civil, l'aspect le plus important est celui du management des risques techniques (notamment géologiques) et de l'ensemble des conséquences financières et de délais qui en résultent.
La réflexion relative au management des risques doit s'engager dès la conception. Cette réflexion doit être approfondie, et partagée avec le Maître d'Ouvrage. Les décisions en matière de risques doivent être mûries et documentées.
La prise de risques ne constitue pas nécessairement une erreur, et n'est pas forcément à proscrire, car elle peut correspondre à des objectifs notamment de délais impératifs, qui seraient incompatibles avec la mise en œuvre de toutes les investigations nécessaires pour lever les incertitudes.
Toutefois une décision de prise de risques doit résulter d'une réflexion approfondie :
Une prise de risque ne doit pas être le résultat d'une négligence ou d'une incompétence des différents acteurs.
Pour ce qui concerne les équipements d'exploitation, l'attention est attirée sur :
Cette étape de la « vie » d'un tunnel est bien souvent sous estimée, et prise en compte de façon trop tardive. Elle nécessite du temps, qui ne lui est trop souvent pas accordé, ce qui conduit à mettre en service l'ouvrage dans des conditions peu satisfaisantes, si ce n'est très exposées en termes de sécurité.
Cette étape comporte :
La mission principale est d'assurer :
Une prise de recul par rapport aux routines quotidiennes est indispensable en vue :
Cette page concerne la conception de nouveaux tunnels. La conception concernant la rénovation et l'amélioration de la sécurité des tunnels en exploitation est présentée à la page Rénovation - Upgrading of existing tunnels.
La conception du tracé en plan et du profil en long d'un tronçon de route ou d'autoroute, qui comprend un tunnel, constitue une première étape majeure et fondamentale dans la création d'un nouveau tunnel, à laquelle l'attention nécessaire est rarement accordée.
La prise en compte du "système complexe" que constitue un tunnel doit commencer dès le début de la conception du tracé, ce qui est rarement le cas. C'est cependant à ce stade que les optimisations techniques et financières sont les plus importantes.
Il est essentiel de mobiliser dès le début de la conception une équipe multidisciplinaire composée de spécialistes et de concepteurs très expérimentés, qui seront en mesure d'identifier tous les problèmes potentiels du projet, malgré des informations préliminaires inévitablement incomplètes. Cette équipe sera en mesure de prendre des décisions judicieuses et fiables pour les choix majeurs, puis de consolider progressivement ces éléments en tenant compte de la disponibilité d'informations complémentaires.
L'objectif de cette section n'est pas de définir les règles relatives à la conception des tunnels (les manuels de conception de plusieurs pays sont mentionnés à la page Réglementations - Recommandations) mais essentiellement de sensibiliser les maîtres d'ouvrage et les concepteurs à la nécessité d'une approche globale et multiculturelle, dès les premières étapes de la conception, et à l'importance d'une expérience essentielle qui est primordiale pour la réussite du projet.
La définition du tracé en plan, du profil en long et de la géométrie des échangeurs ou des liaisons souterraines (en particulier les zones de sortie ou de convergence) est une étape importante de la sécurité routière. De nombreux accidents sont dus à des défauts de conception, comme indiqué au point 5.1 de la page "Tunnel : un système complexe".
L'"analyse préliminaire des risques et dangers" couvre tous les aspects relatifs à la géométrie, à la lisibilité, à la visibilité et à la présence d'éventuelles liaisons souterraines : voir également la section 6 de la page "Tunnel : un système complexe".
Dans ces pays, les maitres d’ouvrages et les concepteurs ont une certaine crainte vis-à-vis des tunnels. Ils préfèrent très souvent des "aménagements routiers acrobatiques" cheminant le long de crêtes, avec des pentes raides, d'énormes murs de soutènement ou de très longs viaducs, et parfois d'énormes travaux de consolidation (très coûteux et pas toujours efficaces sur une longue période), afin de traverser des zones qui présentent des glissements de terrain actifs.
De nombreux exemples de projets incluant des tunnels et des variations de conception conçus avec une approche globale "système" démontrent que, par rapport aux approches refusant systématiquement la construction de tunnels :
• les économies réalisées sur les coûts de construction peuvent atteindre entre 10 et 25 % dans les régions montagneuses,
• des économies importantes de coûts d'exploitation et de maintenance peuvent être réalisées. La fiabilité du tracé peut être améliorée, notamment dans les zones d'instabilité ou de glissements de terrain actifs, ou soumises à des conditions climatiques sévères,
• l'impact environnemental est considérablement réduit,
• le niveau de service pour les usagers est amélioré et les conditions d'exploitation, notamment en hiver (dans les pays soumis à des chutes de neige) sont fiabilisées par la réduction des pentes requises par les cheminements sur les crêtes.
L'assistance d'un évaluateur externe permet d'atténuer l'insuffisance ou le manque de "culture du tunnel", et d'améliorer le projet de manière significative.
Le concept de "système complexe" est rarement intégré en amont, au détriment de l'optimisation globale du projet. Trop souvent, la "géométrie" de la nouvelle infrastructure est fixée par des spécialistes de l'aménagement sans intégration de l'ensemble des contraintes et des éléments du tunnel.
Il est cependant essentiel de prendre en compte dès cette étape tous les paramètres et interfaces décrits dans la page "Tunnel : un système complexe" ci-dessus, et notamment
• la géologie et l'hydrogéologie générales de la zone (avec le niveau de connaissances disponible) ainsi qu'une première appréciation des difficultés géologiques et des risques potentiels concernant les méthodes, les coûts et la durée de la construction,
• les conditions géo-mécaniques, hydrogéologiques et hydrographiques potentielles aux têtes des tunnels et le long des accès,
• les risques et les dangers liés aux conditions hivernales pour les pays soumis à des chutes de neige importantes, en particulier :
o les risques d'avalanche ou de formation de congères et les possibilités de protéger les routes d'accès et les têtes contre ces risques,
o les conditions d'entretien des routes d'accès en cas de chutes de neige importantes pour garantir la fiabilité de l'itinéraire. Cette disposition peut conditionner l'altitude des têtes du tunnel, les pentes maximales des routes d'accès et, si nécessaire, la place disponible pour aménager les surfaces de chaînage et de déchaînage à proximité des têtes,
• les conditions environnementales aux têtes des tunnels et sur les routes d'accès. L'impact peut être important dans les environnements urbains (notamment en raison du bruit et du rejet d'air pollué), ainsi que pour les tunnels interurbains,
• la pente des rampes d'approche :
o le tunnel le moins cher n'est pas toujours le plus court,
o la suppression d'une voie spéciale pour les véhicules lents est difficile à gérer à proximité d'une tête de tunnel, et le maintien d'une telle voie dans un tunnel est généralement très coûteux,
o la pente des routes d'accès peut avoir un impact très fort sur la capacité de l'itinéraire en termes de volume de trafic et de fiabilité en hiver.
• la possibilité d'incorporer les galeries de reconnaissances comme accès latéraux (ventilation - évacuation et sécurité - réduction du calendrier des travaux de construction), ou comme puits verticaux ou inclinés (ventilation - évacuation et sécurité),
o ces points d'accès particuliers, leur impact sur la surface (en particulier en milieu urbain : espace disponible - sensibilité au rejet d'air pollué - etc.), leur accessibilité tout au long de l'année (par exemple, exposition aux avalanches) peuvent constituer des contraintes importantes pour la conception du tracé en plan et du profil en long. Inversement, ils contribuent très souvent à l'optimisation des coûts de construction et d'exploitation,
o ces points d'accès particuliers peuvent avoir un impact majeur sur les coûts de construction et d'exploitation, ainsi que sur la taille de la section transversale (optimisation potentielle de la ventilation et des installations d'évacuation),
• les méthodes de construction qui peuvent avoir un impact majeur sur la conception de l'alignement horizontal et vertical, par exemple :
o La traversée sous une rivière avec un tunnel foré constitue un projet essentiellement différent de celui d'une solution par éléments préfabriquées immergées,
o s'interface avec un viaduc au niveau du e du tunnel,
o le délai de construction imposé peut avoir un impact direct sur le tracé, notamment pour permettre la circulation à partir des deux têtes du tunnel ainsi que des accès intermédiaires, en utilisant des galeries de reconnaissances,
• les caractéristiques géométriques du tracé et le profil longitudinal du tunnel pour lequel il est également nécessaire d'intégrer les éléments suivants :
o la limitation des pentes, qui ont un impact majeur sur le dimensionnement du système de ventilation et sur la réduction de la capacité du volume de trafic du tunnel,
o les conditions hydrauliques du drainage souterrain pendant la construction et la période d'exploitation, qui affectent le profil en long,
o un dégagement latéral réduit (la construction de largeurs supplémentaires est très coûteuse) qui nécessite une analyse particulière des conditions de visibilité et une vigilance particulière dans le choix des rayons des courbes pour le tracé en plan,
o le meilleur choix des rayons afin d'éviter l'alternance des pentes de chute transversale, et leur impact majeur sur les systèmes de collecte et d'évacuation des eaux des chaussées, les interfaces avec les manchons pour l'installation des câbles, les conduites d'eau pour la lutte contre l'incendie, ce qui peut même entraîner une augmentation de la dimension de la section transversale,
• toutes les contraintes habituelles liées à l'occupation de l'espace souterrain, en particulier en milieu urbain : métros - parkings - fondations - structures sensibles aux implantations,
• les coûts de construction et d'exploitation :
o le tunnel le moins cher n'est pas nécessairement le plus court,
o un investissement supplémentaire dans le génie civil peut être globalement plus économique sur la durée de vie du tunnel s'il permet de réduire les coûts de construction, d'exploitation, d'entretien et de réparations lourdes (notamment la ventilation), ou s'il permet de reporter de plusieurs années la date de saturation de la capacité de trafic (impact de la pente dans le tunnel et sur les accès),
• la coordination entre le tracé en plan et le profil en long doit être soigneusement étudiée dans un tunnel afin de favoriser le niveau de confort et de sécurité des usagers. L'effet visuel des changements de pente dans le profil en long, en particulier dans les points hauts, est mis en évidence par le champ visuel limité du tunnel et par l'éclairage,
• les conditions d'exploitation avec un trafic uni- ou bidirectionnel doivent être prises en compte dans la conception de l'aménagement, en particulier :
o les conditions habituelles de visibilité et de lisibilité,
o la possibilité d'aménager des accès latéraux (galeries de reconnaissances) ou verticaux (puits), notamment pour : l'optimisation de la ventilation et de la section, l'amélioration de la sécurité (évacuation des usagers et accès des équipes de secours en évitant la construction d'une coûteuse galerie parallèle),
• la disposition à proximité des têtes :
o les têtes des tunnels constituent des points de transition singuliers, et il est nécessaire de prendre en compte le comportement humain et les conditions physiologiques. Il est essentiel de préserver une continuité géométrique pour permettre à l'usager de conserver sa trajectoire instinctive,
o un tunnel rectiligne n'est pas souhaitable, en particulier à l'approche de la tête de sortie. Il peut être nécessaire de renforcer l'éclairage de sortie sur une longue distance,
• des jonctions souterraines aux têtes des tunnels ou très près de ceux-ci :
o Les échanges à l'intérieur d'un tunnel ou à l'extérieur à proximité immédiate des têtes sont à éviter,
o si elles sont inévitables, une analyse très détaillée doit être faite pour déterminer toutes les contraintes et conséquences particulières à prendre en compte (tracé - section transversale - voies de sortie ou de convergence - risque de reflux - évacuation - ventilation - éclairage - etc. ) pour assurer la sécurité en toutes circonstances.
Le profil transversal fonctionnel constitue la deuxième grande étape de la conception d'un tunnel après le choix du tracé. Comme pour la première étape, l'approche "système complexe" doit être prise en compte de manière très attentive, le plus en amont possible avec une équipe multidisciplinaire expérimentée. Tous les paramètres et interfaces décrits à la page "Un tunnel est un système complexe" doivent être pris en compte.
Cette deuxième étape (profil transversal fonctionnel) n'est pas indépendante de la première étape (conception du tracé), et elle doit évidemment tenir compte des dispositions qui en découlent. Les deux étapes sont interdépendantes et très étroitement liées entre elles.
En outre, comme mentionné au point 2.2 ci-dessus, le processus des deux premières étapes est itératif et interactif. Il n'y a pas d'approche mathématique directe pour apporter une réponse unique à l'analyse du "système complexe". Il n'y a pas non plus de réponse unique mais un nombre très limité de bonnes réponses et un grand nombre de mauvaises réponses. L'expérience de l'équipe multidisciplinaire est essentielle pour qu'une bonne solution soit rapidement identifiée.
Les exemples cités dans la section 1 ci-dessus montrent que les dispositions du "profil transversal fonctionnel" peuvent avoir un impact majeur sur la conception du tracé en plan et du profil en long
L'expérience montre que l'analyse du "profil transversal fonctionnel" est très souvent incomplète et limitée aux seules dispositions du génie civil, ce qui conduit inévitablement à
• dans le meilleur des cas, un projet qui n'est pas optimisé du point de vue fonctionnel, opérationnel et financier. L'expérience montre que les optimisations potentielles peuvent atteindre, dans des cas exceptionnels, 20 % des coûts de construction,
• dans le cas le plus fréquent, une prise en compte insuffisante des fonctions, de leurs contraintes et de leurs impacts sur le projet. Ces fonctions devront être intégrées dans les étapes suivantes du projet en mettant en œuvre des solutions tardives et souvent très coûteuses,
• dans le pire des cas, des erreurs de conception fondamentales ayant un impact irrémédiable et permanent sur le tunnel, sur ses conditions d'exploitation et de sécurité, ainsi que sur ses coûts de construction et d'exploitation.
Les principaux paramètres du "profil transversal fonctionnel" sont les suivants :
• Volume de trafic - nature du trafic - organisation de l'exploitation - tunnel urbain ou non urbain, afin de le déterminer :
o le nombre et la largeur des voies, en fonction du trafic et du type de véhicules admis dans le tunnel,
o la hauteur libre (selon le type de véhicule),
o la bande d'arrêt d'urgence, la bande d'arrêt d'urgence ou le garage, en fonction du volume du trafic, du mode de fonctionnement, c'est-à-dire uni- ou bidirectionnel, du taux statistique de pannes,
o un éventuel séparateur central et sa largeur en cas de fonctionnement bidirectionnel,
• La ventilation a un impact majeur qui dépend de :
o le système de ventilation choisi, lui-même dépendant de nombreux autres paramètres (voir chapitre " Concepts deventilation "),
o l'espace requis pour les gaines de ventilation, pour l'installation des ventilateurs axiaux, des accélérateurs, des gaines secondaires et de tous les autres équipements de ventilation,
• Les zones de dédoublement ou de fusion des branches des liaisons souterraines, notamment,
o la longueur des voies parallèles, une bonne lisibilité et visibilité sur les points de déconnexion et de convergence,
o la position et la lisibilité de la présignalisation et de la signalisation,
• L'évacuation des usagers et l'accès des équipes de secours et d'urgence qui dépendent des nombreux facteurs détaillés dans les chapitres Construction et Geometry,
• La longueur et la pente du tunnel. Ces paramètres interviennent de manière indirecte à travers la ventilation, les notions d'accès et de sécurité,
• Les réseaux et les équipements d'exploitation sont aussi très souvent des facteurs déterminants dans le dimensionnement de la section fonctionnelle, compte tenu de leur nombre, de l'espace qu'ils nécessitent, des protections essentielles qui leur sont associées pour garantir la sécurité d'exploitation du tunnel, et de l'espace relativement limité pour les localiser sous les trottoirs et les accotements. Sont notamment concernés les réseaux suivants, qui ont un impact dimensionnel :
o réseau(x) d'égouts séparés ou combinés - collecte des liquides pollués des routes et des collecteurs associés. L'absence de variation de la pente transversale, associée aux conditions du tracé (voir section 1.2 ci-dessus) permet une simplification et une optimisation du profil transversal fonctionnel,
o réseau d'alimentation en eau pour le système de lutte contre l'incendie, les bouches d'incendie et, si nécessaire, leur protection contre le gel,
o tous les réseaux de câbles de haute et moyenne tension, ainsi que les courants de basse tension. Il est essentiel de prendre en compte, d'une part, les câbles nécessaires au moment de l'ouverture du tunnel et leur protection contre l'incendie, ainsi que les dispositions permettant leur remplacement partiel ou total, et, d'autre part, les dispositions relatives à l'ajout inévitable d'autres réseaux tout au long de la vie du tunnel,
o les besoins particuliers à court ou moyen terme des réseaux extérieurs susceptibles de passer par le tunnel,
o toutes les interactions entre les réseaux et les besoins (techniques ou juridiques) d'espacement entre certains réseaux,
o l'ensemble de la signalisation d'exploitation : signalétique et signalisation - signaux de voie - panneaux à messages variables - indications de régulation - indications de sécurité - indications directionnelles,
• Interfaces fonctionnelles localisées : sous-stations souterraines - installation de ventilation souterraine - niches de sécurité - abris - etc. Il est essentiel de prendre en compte les dispositions relatives à l'exploitation et à la maintenance, et en particulier la construction d'aires de stationnement pour les interventions de maintenance et la sécurité des équipes d'exploitation,
• Les méthodes de construction et les conditions géologiques ont un impact sur la section transversale fonctionnelle (indépendamment du dimensionnement des ouvrages de génie civil), par exemple :
o la traversée sous-marine mentionnée au point 1.2 ci-dessus. La solution avec des caissons préfabriqués immergés permet une conception et une disposition très différentes du système de ventilation, des galeries d'évacuation ou de l'accès des équipes de secours, par rapport à la disposition pour le même équipement dans le cas d'un tunnel foré,
o un tunnel foré au tunnelier (TBM) met à disposition des surfaces sous la chaussée qui peuvent être utilisées par exemple pour la ventilation, pour l'évacuation des usagers ou pour l'accès des services de secours. Cela peut permettre des optimisations (suppression des galeries de raccordement ou d'une galerie parallèle) qui peuvent être financièrement très importantes si le tunnel est situé sous le niveau de la nappe phréatique dans des matériaux perméables.
La sécurité doit être une préoccupation permanente du pouvoir adjudicateur, des concepteurs et ensuite des exploitants.
La sécurité doit être prise en compte dès le début des études préliminaires, à l'aide d'outils adaptés à chacune des étapes de la conception, des appels d'offres, de la préparation de l'exploitataion, puis pendant la période d'exploitation.
De façon très schématique :
• Pendant les études préliminaires et la définition de la géométrie, l'analyse se concentrera :
o De manière très détaillée, sur les risques actuels liés au trafic routier (voir section 5.1 de la page "Tunnel : un système complexe") : tracé en plan, profil en long, visibilité, congestion du trafic, etc.
o Dans une approche préliminaire, sur les dangers en cas d'incendie,
• L'analyse se concentrera sur l'élaboration de la conception détaillée :
o sur la validation des dispositions visant à minimiser les risques d'incidents quotidiens,
o sur l'évaluation détaillée des risques en cas d'incendie, ainsi que sur les conditions d'évacuation et de sécurité.
o sur une première ébauche du plan d'intervention d'urgence,
• Lors de la préparation de l'exploitation, l'analyse portera sur
o la validation des dispositions définies au cours des étapes précédentes,
o l'élaboration de toutes les procédures de fonctionnement et d'intervention,
o sur l'éducation et la formation pour tous les acteurs,
• Pendant la période d'exploitation, les analyses seront basées sur le retour d'expérience et se concentreront sur les adaptations des procédures existantes ou sur la mise en œuvre de procédures supplémentaires, ainsi que sur la formation continue et la communication avec les usagers.
Les dispositions relatives à l'"analyse des risques et des dangers", ainsi que le "plan d'intervention d'urgence" sont précisées dans le livre "Sécurité".
Les recommandations de l'AIPCR sont nombreuses dans les domaines de la sécurité et de l'exploitation pour la finalisation des études de sécurité, l'organisation de l'exploitation et des situations d'urgence, ainsi que les dispositions d'exploitation. Le lecteur est invité à se référer au thème : voir le livre Sécurité .
Le présent chapitre traite principalement des interfaces de sécurité et d'exploitation au sein du "système complexe". Les tableaux de la section 5.2 de la page "Tunnel : un système complexe" indiquent le degré d'interdépendance de chaque paramètre par rapport aux différents sous-ensembles du projet.
Un certain nombre de paramètres ont un impact majeur dès les phases amont du projet. Ils doivent être analysés dès les premières phases de la conception et concernent notamment
• le volume du trafic - la nature du trafic (urbain, non urbain) - la nature des véhicules (éventuellement un tunnel dédié à une catégorie de véhicules) - le transport ou non de marchandises dangereuses,
• l'évacuation des usagers et l'accès des équipes d'urgence,
• la ventilation,
• la communication avec les usagers - le système de supervision.
Ces paramètres majeurs pour la conception du tunnel sont également les facteurs essentiels de "l'analyse des dangers", et des ébauches du "schéma opérationnel des équipes d’intervention". C'est pourquoi nous considérons qu'il est essentiel qu'une "analyse préliminaire des risques", associée à une analyse préliminaire d'un "plan d'intervention et de sécurité", soit réalisée dans les premières étapes de l'avant-projet. Cette analyse permet de mieux décrire les caractéristiques spécifiques du tunnel et les spécifications fonctionnelles et de sécurité auxquelles il doit répondre. Elle contribue également à une analyse d'ingénierie de la valeur, à une meilleure conception et à l'amélioration et l'optimisation technique et financière.
Ces paramètres et leurs impacts sont détaillés dans les paragraphes suivants
Ces paramètres ont un impact principalement sur le profil fonctionnel en coupe transversale (voir section 2), et à travers lui un impact partiel sur le tracé :
• le volume de la circulation affecte le nombre de voies, la ventilation et l'évacuation. Il affecte également l'impact des véhicules de dépannage et leur gestion à l'arrêt : obligation ou non d'une voie d'arrêt latérale, de garages et organisation de dispositions particulières pour le service de réparation,
• la nature du trafic, le type de véhicules et leur répartition influent sur le concept d'évacuation (passages inter-tubes, galeries d'évacuation, leur dimensionnement, leur espacement) en fonction du volume de personnes à évacuer,
• les tunnels dédiés à des catégories particulières de véhicules en lien avec la largeur des voies, la hauteur libre et la ventilation,
• le passage ou non de marchandises dangereuses a un impact important sur le système de ventilation, la "section fonctionnelle", les mesures de collecte et d'assèchement des fluides, les itinéraires de déviation, l'environnement des têtes du tunnel ou des cheminées de ventilation, la protection des structures contre les conséquences d'un incendie majeur, ainsi que sur l'évacuation et l'organisation des services d'urgence et la mise à disposition des pompiers de moyens et de matériel spécifiques.
Un autre paramètre fondamental du trafic est souvent négligé ou délibérément éludé lors de la conception d'un tunnel. Il s'agit de la congestion du trafic et de la formation d'"embouteillages" dans les tunnels. Ce paramètre est particulièrement sensible pour les tunnels comprenant des rampes de raccordement souterraines.
Supposer, comme c'est souvent le cas, que des dispositions de gestion du trafic seront prises pour éviter la formation d'un "embouteillage" est fallacieux et irréaliste comme le montre la réalité quotidienne dans les zones urbaines. Ces dispositions conduisent en outre à réduire considérablement le volume du trafic entrant dans le tunnel, à diminuer la capacité de l'itinéraire et à dégrader la fonction et la rentabilité économique de l'infrastructure.
Dans la plupart des cas, cette grave négligence entraîne inévitablement une exposition accrue des usagers à un niveau inacceptable de risques et de dangers.
La présence d'un "embouteillage" a un impact essentiel sur :
• la conception et le dimensionnement des systèmes de ventilation. Une ventilation longitudinale "pure" sans conduit de désenfumage, ou sans extraction massive, n'est pas acceptable car elle met en danger les usagers en cas d'incendie lors d'un blocage de la circulation,
• La conception et le dimensionnement des issues de secours. Le nombre d'usagers à évacuer est plus concentré et beaucoup plus important en cas de blocage de la circulation,
• Le risque de collision est élevé à la fin d'un embouteillage, et la signalisation de la position d'une queue de bouchon mobile est difficile à mettre en œuvre à l'intérieur d'un tunnel.
Il s'agit d'un paramètre fondamental concernant les dispositions fonctionnelles et la conception générale. Ce paramètre affecte aussi souvent les dispositions de conception (sorties directes vers l'extérieur) et de construction : passages inter-tubes, galeries techniques - galerie parallèle - abris ou refuges temporaires reliés à une galerie.
Son analyse nécessite une approche intégrée avec la conception de la ventilation (en particulier la ventilation en cas d'incendie), le volume du trafic, l'analyse des risques, la rédaction du plan d'intervention d'urgence (en particulier l'étude des scénarios ventilation/intervention) et les méthodes de construction.
Il est nécessaire, d'un point de vue fonctionnel, de définir les itinéraires, leurs caractéristiques géométriques et leur espacement afin d'assurer la circulation des personnes valides et handicapées.
Il est essentiel d'assurer l'homogénéité, la lisibilité et le caractère accueillant et apaisant de ces installations. Elles sont utilisées par les personnes en situation de stress (accident - incendie), au stade de l'autosauvetage (avant l'arrivée des services d'urgence). Leur utilisation doit offrir un caractère naturel, simple, efficace et apaisant afin d'éviter la transformation de l'état de stress en un état de panique.
Les installations de ventilation conçues comme un pur système de "ventilation longitudinale" ont peu d'impact sur la "section transversale fonctionnelle" ou sur le tracé.
Ce n'est pas le cas pour les installations de "ventilation longitudinale" équipées d'une gaine d'extraction des fumées, ni pour les systèmes de "ventilation transversale", les systèmes "semi-transversaux" ou "semi-longitudinaux", les systèmes "mixtes", ni pour les systèmes de ventilation comprenant des puits ou des galeries intermédiaires permettant d'aspirer ou de rejeter l'air à l'extérieur ailleurs qu'aux entrées du tunnel. Toutes ces installations ont un impact très important sur la "section transversale fonctionnelle", le "tracé" et toutes les structures souterraines supplémentaires.
Les installations de ventilation de l'espace de circulation sont essentiellement conçues pour :
• assurer des conditions saines à l'intérieur du tunnel par la dilution de la pollution atmosphérique afin de maintenir les concentrations à un niveau inférieur à celui requis par les recommandations des réglementations nationales,
• assurer la sécurité des usagers en cas d'incendie à l'intérieur du tunnel, jusqu'à leur évacuation hors de l'espace de circulation, en assurant un désenfumage efficace,
Les installations de ventilation peuvent également assurer des fonctions supplémentaires :
• la limitation de la pollution de l'air aux entrées du tunnel, par une meilleure dispersion de l'air pollué, ou par la purification de l'air avant son rejet à l'extérieur du tunnel,
• des installations souterraines pour nettoyer l'air pollué afin de le réutiliser dans le tunnel. Ces installations existent dans des tunnels urbains ou dans de très longs tunnels non urbains. Il s'agit de technologies complexes et coûteuses, qui nécessitent beaucoup d'espace et un entretien considérable,
• en cas d'incendie, contribuer à limiter la température à l'intérieur du tunnel afin de réduire la détérioration de la structure par les effets thermiques.
Les installations de ventilation ne concernent pas seulement l'espace de circulation. Elles concernent également :
• les galeries de liaison entre les tubes,
• les galeries d'évacuation ou les abris utilisés par les usagers en cas d'incendie,
• les locaux techniques ou les installations situés à l'intérieur du tunnel ou à l'extérieur près des têtes du tunnel qui peuvent nécessiter un renouvellement de l'air, ou la gestion et le contrôle du niveau de température (chauffage ou climatisation de l'air en fonction des conditions géographiques).
Les installations de ventilation doivent être conçues de manière à pouvoir :
• s'adapter de manière dynamique et rapide aux nombreuses conditions et capacités dans lesquelles elles sont exploitées afin de faire face :
o aux contraintes climatiques, en particulier les écarts de pression importants et fluctuants entre les têtes pour les longs tunnels dans les zones montagneuses,
o aux taux de fonctionnement variables pour la gestion des fumées en cas d'incendie, en fonction notamment de l'évolution du feu, puis de sa régression, ainsi que pendant toute la durée de l'incendie afin de s'adapter à l'évolution des stratégies de lutte contre l'incendie à chaque étape de l'évacuation, de la lutte contre l'incendie, de la préservation des structures, etc.
• présenter une capacité de développement suffisante pour pouvoir s'adapter tout au long de la vie du tunnel à l'évolution du trafic (volume - nature), à la baisse des niveaux de pollution admissibles et aux différentes conditions d'exploitation.
La communication avec les usagers a un impact important sur le "profil transversal fonctionnel" par le biais de la signalisation.
Les autres impacts majeurs ne concernent pas l'ensemble du "système complexe". Ils concernent le sous-système relatif aux équipements d'exploitation, en particulier la télésurveillance, la détection, les communications, la gestion du trafic, le contrôle et la surveillance, ainsi que l'organisation de l'évacuation.
L'exploitation d'un tunnel et l'intervention des équipes d'entretien peuvent nécessiter des dispositions particulières afin de permettre des interventions dans des conditions de sécurité totale et de réduire les restrictions de circulation.
Ces dispositions concernent par exemple la mise à disposition de garages devant les installations souterraines nécessitant des interventions de maintenance régulières, l'accessibilité aux matériaux pour leur remplacement et leur entretien (en particulier les matériaux lourds ou encombrants).
L'objectif de cette section n'est pas de décrire en détail les installations et les équipements d'exploitation, leur fonction ou leur conception. Ces éléments sont définis dans les recommandations de l'actuel "Manuel des tunnels routiers", ainsi que dans les manuels ou les recommandations nationales énumérés à la page "Règlements - Recommandations" ci-après.
L'objectif est d'attirer l'attention des maitres d’ouvrages et des concepteurs sur les questions particulières propres aux équipements et aux installations de l'exploitation des tunnels.
Les équipements d'exploitation doivent permettre au tunnel de remplir sa fonction, qui est d'assurer le passage du trafic, et de satisfaire à la double mission d'assurer aux usagers un bon niveau de confort et de sécurité lors de la traversée du tunnel.
Les installations d'exploitation doivent être adaptées à la fonction du tunnel, à sa situation géographique, à ses caractéristiques intrinsèques, à la nature du trafic, aux infrastructures en aval et en amont du tunnel, aux grandes questions relatives à la sécurité et à l'organisation des secours, ainsi qu'à la réglementation et à l'environnement culturel et socio-économique du pays dans lequel le tunnel est situé.
Une pléthore d'installations d'exploitation ne contribue pas automatiquement à l'amélioration du niveau de service, du confort et de la sécurité d'un tunnel. Elle nécessite une maintenance et une intervention humaine accrues qui, si elles ne sont pas mises en œuvre, peuvent entraîner une réduction de la fiabilité du tunnel et de son niveau de sécurité. La juxtaposition ou l'abus de gadgets est également inutile. Les installations doivent être adaptées, complémentaires, parfois redondantes (pour les fonctions essentielles de la sécurité), et doivent former un ensemble cohérent.
Les installations de fonctionnement sont "vivantes" :
• elles nécessitent un régime d'entretien et de maintenance rigoureux, récurrent et adapté à leur niveau de technologie. Cet entretien a un coût et nécessite des ressources humaines qualifiées, ainsi qu'un investissement financier récurrent tout au long de la vie du tunnel. L'absence (ou l'insuffisance) de maintenance entraîne des dysfonctionnements majeurs, la défaillance des installations et, par conséquent, la remise en cause de la fonction du tunnel et de la sécurité des usagers. L'entretien des installations dans les conditions de circulation est souvent difficile et très limité. Des dispositions doivent être envisagées dès la conception des installations. C'est pourquoi l'"architecture" des systèmes, leur conception et leur installation doivent être pensées de manière à limiter l'impact des dysfonctionnements sur la disponibilité et la sécurité du tunnel, ainsi que l'impact des interventions de maintenance ou de rénovation des installations,
• Leur "durée de vie" est variable : environ dix à trente ans selon leur nature, leur rusticité, les conditions auxquelles ils sont exposés, ainsi que l'organisation et la qualité de l'entretien. Ils doivent donc être remplacés régulièrement, ce qui nécessite un financement adéquat (voir les rapports techniques 2012R14EN "Life cycle aspects of electrical road tunnel equipment" et 2016R01EN "Best practice for life cycle analysis for tunnel equipment"),
• L'évolution technologique rend souvent indispensable le remplacement des installations qui comportent des technologies avancées, en raison de l'obsolescence technologique et de l'impossibilité d'obtenir des pièces de rechange,
• Les installations doivent faire preuve d'adaptabilité pour tenir compte de l'évolution du tunnel et de son environnement.
Toutes ces considérations conduisent à des choix stratégiques dont les principaux sont
• Définir les installations nécessaires en fonction des besoins réels du tunnel, sans céder à la tentation d'accumuler des gadgets. L'analyse des risques combinée à l'ingénierie de la valeur est un outil puissant permettant de rationaliser le choix des installations nécessaires. Cette approche permet également de mieux maîtriser la complexité des systèmes, qui est souvent source de retards, de dépassements de coûts et de dysfonctionnements importants si cette complexité n'a pas été gérée par une organisation rigoureuse et compétente,
• Donner la priorité à la qualité et à la robustesse du matériel afin de réduire la nécessité et la fréquence de la maintenance et les difficultés d'intervention sous circulation. Il peut en résulter un coût d'investissement plus élevé mais qui est compensé très largement pendant la période d'exploitation,
• Vérifier la qualité et les performances des installations à chaque étape de la conception, de la fabrication, des essais de réception en usine, de l'installation sur site puis des essais de réception sur site. L'expérience montre que de nombreuses installations sont déficientes et ne répondent pas aux objectifs, faute d'une organisation rigoureuse et de contrôles efficaces,
• Choisir des technologies adaptées aux conditions climatiques et environnementales auxquelles les installations devront faire face, ainsi qu'aux conditions socioculturelles (carence du concept de maintenance dans certains pays), et aux conditions technologiques et techniques, ainsi qu'à l'organisation des services,
• Prendre en compte, dès la conception des installations et le choix des équipements, les coûts de fonctionnement et notamment les coûts énergétiques. Ces coûts sont récurrents tout au long de la vie du tunnel. Les installations de ventilation et d'éclairage sont en général les plus grandes consommatrices d'énergie. Une attention particulière doit être portée à cet aspect dès les phases de conception préliminaire,
• A prendre en compte dès les étapes préliminaires de la conception et de l'analyse du financement :
o la nécessité de mettre en place, d'organiser, d'apprendre et de former des équipes dédiées à l'exploitation et à l'intervention d'une part, et au nettoyage et à l'entretien d'autre part,
o les contraintes d'intervention dans les conditions de circulation pour la maintenance, les coûts d'exploitation, de maintenance et de rénovation qui en résultent,
• Prendre en compte dans l'organisation générale et la programmation d'un nouveau projet de tunnel, le temps nécessaire au recrutement des équipes et à leur formation, aux essais, ainsi qu'à la "marche à blanc" de l'ensemble des installations et systèmes (période de 2 à 3 mois), aux entraînements et aux manœuvres sur site avec l'ensemble des intervenants extérieurs (notamment services de secours - pompiers) afin de les familiariser avec les particularités du tunnel.
4.2.a. Énergie - sources d'énergie - distribution électrique
Pour que les équipements du tunnel fonctionnent, il faut des sources d'énergie. Les grands tunnels peuvent nécessiter une puissance de plusieurs MW (mégawatts), qui n'est pas toujours disponible sur place. Des dispositions particulières doivent être prises dès les premières étapes de la conception afin de renforcer et de fiabiliser les réseaux existants, ou souvent de créer de nouveaux réseaux. L'alimentation électrique est essentielle pour l'exploitation du tunnel. Elle est également essentielle pour sa construction.
L'approvisionnement en énergie électrique et sa distribution à l'intérieur du tunnel doivent assurer :
• la capacité requise,
• un approvisionnement fiable,
• un système de distribution d'énergie fiable, redondant et protégé : redondance et interconnexion des réseaux de distribution - transformateurs en parallèle - câbles situés à l'intérieur de manchons et dans des chambres protégés contre l'incendie.
Chaque tunnel est spécifique et doit faire l'objet d'une analyse spécifique en fonction de sa position géographique, du contexte des réseaux électriques existants, des conditions d'approvisionnement en énergie (prioritaire ou non prioritaire), de la possibilité d'augmenter ou non la puissance et de la fiabilité des réseaux publics existants, des risques propres au tunnel, ainsi que des conditions d'intervention des services de secours.
Les installations doivent alors être conçues en conséquence, et les procédures d'exploitation doivent être mises en œuvre en fonction de la fiabilité du système et des choix qui ont été faits pendant la période de conception.
Les objectifs concernant la sécurité, en cas de coupure de l'alimentation électrique, sont les suivants
• l'approvisionnement d'urgence immédiat sans interruption de tous les équipements de sécurité suivants pendant une période d'environ une demi-heure à une heure (en fonction du tunnel et des conditions d'évacuation) :
o niveau d'éclairage minimal - signalisation - surveillance CCTV - télécommunications - transmission de données et SCADA - capteurs et détecteurs divers (pollution - incendie - incidents - etc.),
o l'alimentation électrique des niches de sécurité, des voies d'évacuation et des abris,
o cette fonction est généralement assurée par des systèmes sans interruption, ou des générateurs diesel capables de fournir immédiatement de l'énergie,
• variant d'un tunnel à l'autre, de sa situation urbaine ou rurale et des risques encourus, des objectifs supplémentaires liés aux CME (conditions minimales d'exploitation) peuvent être fixés pour assurer l'alimentation électrique des équipements suivants, à condition que des procédures spécifiques soient mises en œuvre pendant toute la durée de la coupure de courant. Par exemple : alimentation électrique de secours du système de ventilation (par des générateurs ou une alimentation externe partielle) permettant de lutter contre les incendies de véhicules légers, mais pas contre les incendies de camions : le passage des camions est alors temporairement interdit.
Les dispositions habituellement mises en œuvre pour l'alimentation en énergie électrique sont les suivantes :
• Alimentation électrique de secours à partir du réseau public :
o 2 à éventuellement 3 approvisionnements à partir du réseau public avec des connexions à des segments indépendants du réseau haute tension ou moyenne tension. Commutation automatique entre "alimentation normale" et "alimentation de secours" à l'intérieur de la sous-station électrique du tunnel avec, le cas échéant, interruption de l'alimentation électrique de certains équipements, si l'alimentation électrique externe de secours est insuffisante,
o pas de générateur diesel,
o installation d'une alimentation électrique de secours sans interruption.
• Pas d'alimentation électrique de secours externe :
o une alimentation électrique externe unique à partir du réseau public,
o des générateurs diesel capables de fournir une partie du courant en cas d'interruption de l'alimentation électrique externe principale, et la mise en place de CME et de procédures d'exploitation particulières,
o installation d'une alimentation électrique de secours sans interruption.
• Autonomie totale de l'alimentation électrique - pas d'alimentation électrique externe disponible :
o le réseau public n'est pas en mesure de fournir l'énergie nécessaire ou ne présente pas la fiabilité requise. Le tunnel est alors en totale autonomie. L'énergie est entièrement fournie par un ensemble de générateurs diesel fonctionnant simultanément. Un générateur supplémentaire est installé en "secours" au cas où l'un des générateurs tomberait en panne,
o l'installation éventuelle d'une alimentation électrique de secours sans interruption, si le niveau de fiabilité des générateurs est jugé insuffisant, ou pour des raisons de sécurité.
4.2.b. Ventilation
Les recommandations de l'AIPCR sont nombreuses dans ce domaine et constituent les références internationales essentielles pour la conception et la réalisation des installations de ventilation. En plus du point 3.4 ci-dessus, le lecteur doit se référer au chapitre "Concepts de ventilation".
Toutefois, il faut rappeler que même si les équipements de ventilation constituent l'une des installations essentielles pour assurer la santé, le confort et la sécurité des usagers dans un tunnel, ils ne sont qu'un des maillons du système, dont les usagers, les exploitants et les équipes de secours et d'urgence constituent les éléments les plus importants par leur comportement, leur expertise et leur capacité d'action.
Les installations de ventilation ne peuvent à elles seules faire face à tous les scénarios, ni remplir toutes les fonctions qui pourraient être assumées, notamment en ce qui concerne le traitement de l'air et la protection de l'environnement.
La pertinence du choix d'un système de ventilation et de son dimensionnement nécessite une longue expérience, la compréhension des phénomènes complexes de la mécanique des fluides en milieu clos, associés aux étapes successives du développement d'un incendie, à la propagation, au rayonnement et aux échanges thermiques, ainsi qu'au développement et à la propagation des gaz toxiques et des fumées.
Les installations de ventilation sont en général consommatrices d'énergie et une attention particulière doit être accordée à l'optimisation de leur dimensionnement et de leur fonctionnement, en utilisant par exemple des systèmes experts.
Les installations de ventilation peuvent être très complexes, et leur gestion pertinente en cas d'incendie peut nécessiter la mise en place de systèmes automatisés qui permettent de gérer et de maîtriser la situation plus efficacement qu'un opérateur sous pression.
Comme indiqué au point 3.4 ci-dessus, les installations de ventilation doivent avant tout satisfaire aux exigences en matière de santé et d'hygiène dans des conditions normales de fonctionnement, ainsi qu'aux objectifs de sécurité en cas d'incendie.
La robustesse, la fiabilité, l'adaptabilité, la longévité et l'optimisation de la consommation d'énergie constituent des critères de qualité majeurs auxquels les installations de ventilation doivent répondre.
4.2.c. Équipement supplémentaire des installations de ventilation
Deux types d'équipements complémentaires pour la ventilation font souvent l'objet de demandes pressantes de la part des parties prenantes, des associations de résidents ou des lobbies :
• Installations de traitement de l'air ou de purification de l'air,
• Systèmes fixes d'extinction des incendies.
A. Installations de purification de l'air.
La page L'impact des tunnels sur la qualité de l'air extérieur traite de cette question et le lecteur est invité à s'y référer.
La mise en place d'installations de traitement de l'air est une demande récurrente des associations de protection des résidents dans les zones urbaines. Ces installations, généralement mises en place en sous-sol, sont très coûteuses à construire ainsi qu'à exploiter et à entretenir. Elles sont également très consommatrices d'énergie.
Les résultats obtenus à ce jour sont loin d'être convaincants, en raison notamment des réductions importantes des émissions des véhicules et de la difficulté pour ces systèmes de nettoyer les très faibles concentrations de polluants qui se trouvent dans le tunnel, contenues dans de grands volumes d'air. En conséquence, de nombreux systèmes installés au cours des dix dernières années ne sont plus opérationnels.
L'avenir des installations de traitement de l'air est très incertain dans les pays où la réglementation est plus coercitive, imposant des réductions de plus en plus rigoureuses des émissions polluantes à la source.
B. Système fixe d'extinction des incendies (FFSS).
La page "Fixed Fire" Suppression Systemstraite de cette question, et le lecteur est invité à s'y référer.
Les technologies sont nombreuses et répondent à des critères variés : lutte contre l'incendie - confinement de l'incendie - réduction du rayonnement thermique et de la température pour les usagers situés à proximité de l'incendie - préservation de la structure du tunnel contre les dommages dus à la température élevée, etc.
Ces systèmes, bien que présentant des aspects positifs, présentent également des aspects négatifs liés notamment à la détérioration des conditions de visibilité s'ils sont activés dès le début de l'incendie. L'utilisation d'un FFSS nécessite une approche cohérente de tous les aspects de la sécurité des usagers, ainsi que de la stratégie de ventilation et d'évacuation.
La décision concernant la mise en œuvre ou non de ces systèmes est complexe et a des conséquences importantes. Elle doit faire l'objet d'une réflexion approfondie portant sur les conditions particulières de sécurité des travaux concernés et sur la valeur ajoutée obtenue par la mise en œuvre du système. Elle ne doit pas être prise sous l'influence de la mode ou d'un lobby.
Le FFSS nécessite la mise en œuvre d'importantes mesures de maintenance, la réalisation de tests réguliers et fréquents, sans lesquels sa fiabilité ne peut être assurée.
4.2.d. Éclairage
Les recommandations de la CIE (Commission internationale de l'éclairage) ont été critiquées par l'AIPCR en raison des niveaux d'éclairage élevés auxquels elles conduisent souvent. Le lecteur est invité à se référer au rapport technique publié par le CEN (Comité Européen de Normalisation) qui présente plusieurs méthodes dont celles de la CIE.
L'éclairage est un outil fondamental pour assurer le confort et la sécurité des usagers dans un tunnel. Les objectifs du niveau d'éclairage doivent être adaptés à la situation géographique du tunnel (urbain ou non), à ses caractéristiques (court ou très long), au volume et à la nature du trafic.
Les équipements d'éclairage consomment beaucoup d'énergie et des développements sont en cours pour optimiser leurs caractéristiques et leurs performances.
4.2.e. Transmission de données - Supervision - SCADA
Le SCADA est le "système nerveux" et le "cerveau" du tunnel, permettant la compilation, la transmission et le traitement des informations, puis la transmission des instructions de mise en œuvre de l'équipement.
Ce système nécessite une analyse minutieuse en fonction des conditions spécifiques à l'intérieur du tunnel, de ses installations, de l'organisation et du mode d'exploitation, du contexte des risques dans lequel le tunnel est placé, ainsi que des dispositions et procédures mises en œuvre pour les interventions.
L'organisation du centre de supervision et de contrôle doit être analysée très soigneusement, en fonction du contexte spécifique du tunnel (ou du groupe de tunnels), des moyens humains et matériels nécessaires, des missions à assumer, de l'aide essentielle apportée par les dispositifs automatiques ou les systèmes experts aux opérateurs en cas d'incident, permettant aux opérateurs de réduire et de simplifier leurs tâches et de les rendre plus efficaces.
La conception détaillée de ces systèmes est longue, délicate et nécessite une méthodologie très rigoureuse de développement, de contrôle par étapes successives (notamment lors des tests en usine), de test, de contrôle global après intégration de tous les systèmes sur site. L'expérience montre que les nombreuses erreurs constatées sur ces systèmes proviennent des lacunes suivantes :
• des spécifications mal définies, une analyse fonctionnelle insuffisante ou une ignorance des conditions et des procédures opérationnelles,
• un développement tardif des systèmes, qui ne laisse pas le temps nécessaire aux analyses détaillées, à l'intégration transversale, ou à la prise en compte des conditions particulières d'exploitation du tunnel,
• le manque de rigueur dans le développement, les tests, le contrôle et l'intégration de tous les systèmes,
• l'absence de prise en compte du comportement humain et de l'ergonomie générale,
• le manque d'expérience dans l'exploitation des tunnels, dans la hiérarchie des décisions à intégrer et dans les séquences logiques de ces décisions en cas d'incident grave.
La page Systèmes de contrôle et d'acquisition de données (SCADA) du manuel résume ces différents aspects.
4.2.f. Radiocommunications - circuits basse tension
Ces installations comprennent :
• réseau téléphonique d'urgence,
• réseau radio pour les équipes d'intervention et les services d'urgence. Canaux radio pour les usagers du tunnel, par lesquels il est possible de transmettre des informations et des instructions relatives à la sécurité,
• de nombreux capteurs destinés à la prise de mesures et à la détection,
• Réseau CCTV.
• un système DAI (Détection Automatique d’Incident) est généralement associé à un système de télévision en circuit fermé. Le système DAI nécessite un nombre accru de caméras afin de rendre la détection plus fiable et plus pertinente.
4.2.g. Signalisation
La signalisation se réfère à la page Panneaux d'itinéraire d'évacuation.
Plus encore que pour les autres installations, une surabondance de signalisation est préjudiciable à sa pertinence et à ses objectifs.
La lisibilité, la cohérence, l'homogénéité et la hiérarchie de la signalisation (priorité à la signalisation d'évacuation et à l'information des usagers) doivent être une priorité de la conception de la signalisation à l'intérieur du tunnel et sur ses voies d’accès.
Les panneaux de signalisation fixes, les signaux de voies de circulation, les signaux à messages variables, les feux de circulation et les feux d'arrêt, la signalisation des sorties de secours, la signalisation spécifique de ces sorties, la signalisation des niches de sécurité, les dispositifs physiques de fermeture des voies (barrières amovibles), les marquages horizontaux et les bandes rugueuses horizontales font tous partie des dispositifs de signalisation. Ils assurent une partie de la communication avec les usagers.
4.2.h. Dispositifs de lutte contre l'incendie
Les dispositifs de détection d'incendie sont soit localisés (détection d'incendie dans les sous-stations souterraines ou les locaux techniques), soit linéaires (câble de détection thermique) à l'intérieur de l'espace de circulation.
Il existe différents dispositifs pour combattre le feu :
• des installations automatiques dans les locaux techniques et les sous-stations souterraines,
• des extincteurs à poudre à l'usage des conducteurs,
• installations pour les pompiers : conduites d'eau et bouches d'incendie - conduites en mousse dans certains pays. Le volume des réservoirs d'eau est variable. Il dépend de la réglementation locale et des conditions particulières du tunnel.
• Certains tunnels sont équipés d'un FFSS (voir le point 4.2.c ci-dessus).
4.2.i. Matériel divers
D'autres équipements peuvent être installés en fonction des objectifs et des besoins concernant la sécurité, le confort et la protection de la structure. En voici quelques exemples :
• des balises lumineuses insérées dans les murs latéraux ou les bordures de trottoir,
• une main courante ou une "ligne de vie" fixée sur la paroi latérale permettant le déplacement en toute sécurité des pompiers dans une atmosphère enfumée,
• la peinture des parois latérales ou l'installation de panneaux préfabriqués sur les parois latérales,
• les dispositifs de protection des structures contre les dommages résultant d'un incendie. Ces dispositifs de protection doivent être pris en compte dès l'origine du projet. Les échanges thermiques (avec le revêtement en béton ou avec le sol) sont en effet modifiés lors d'un incendie, de même que les caractéristiques de l'air, qui doivent être prises en compte lors du dimensionnement des installations de ventilation,
• la gestion et le traitement des eaux collectées sur la chaussée à l'intérieur du tunnel avant leur rejet à l'extérieur dans le milieu naturel,
• des dispositions pour la mesure des conditions environnementales aux têtes des tunnels, associées à des procédures opérationnelles particulières si les limites définies par la réglementation sont dépassées.
La mise à niveau (notamment pour l'amélioration de la sécurité) et la rénovation des tunnels existants en exploitation posent des problèmes spécifiques d'analyse et de méthode. Le degré de liberté est moindre que pour les nouveaux tunnels, car il est nécessaire de tenir compte de l'espace et des contraintes existantes. Les technologies propres à chaque type d'équipement et leur intégration sont cependant identiques.
La rénovation et l'amélioration d'un tunnel en exploitation se traduisent très souvent par une augmentation du calendrier et des coûts de construction, par des conditions de sécurité beaucoup plus faibles pendant les travaux et par des impacts mal contrôlés sur le volume et les conditions de circulation. Ces inconvénients sont souvent le résultat d'une analyse incomplète de la situation existante, de l'état réel du tunnel, de ses installations et de son environnement, ainsi que d'un manque de stratégie et de procédures qui permettraient d'atténuer les effets sur le trafic.
La page sur l'évaluation et l'amélioration de la sécurité dans les tunnels existants propose une méthodologie pour le diagnostic de la sécurité des tunnels existants et l'élaboration d'un programme de modernisation. En outre, la page sur l'exploitation pendant les travaux d'entretien et de rénovation présente des questions spécifiques liées aux travaux effectués sur les tunnels en exploitation. Leurs dispositions contribuent à atténuer les problèmes mentionnés ci-dessus.
Il convient d'attirer l'attention du lecteur sur les points clés des sections suivantes.
Le diagnostic détaillé et rigoureux d'un tunnel est une étape essentielle dans le processus de sa modernisation ou de sa rénovation. Malheureusement, cette étape est souvent négligée.
Le diagnostic physique d'un tunnel est nécessaire pour :
• établir en détail et décrire de manière précise les fonctions et la géométrie de la structure,
• établir un état détaillé de la structure. Évaluer en particulier la résistance au feu, les incertitudes et les risques potentiels, et dresser la liste des essais qui seraient nécessaires pour fournir une base solide à la conception détaillée,
• dresser la liste de tous les équipements existants, de leurs fonctions, de leur état, de leur technologie, de leurs caractéristiques réelles (des tests ou des mesures seront nécessaires) et du stock de pièces détachées qui pourraient être disponibles,
• évaluer la durée de vie restante des équipements précités avant leur remplacement, et d'identifier la disponibilité ou non de pièces de rechange sur le marché (notamment en raison de l'obsolescence technologique),
• identifier les rapports de maintenance et d'inspection, les dysfonctionnements des équipements et le taux de pannes.
Ce diagnostic physique doit être complété par un diagnostic concernant les procédures d'organisation, de maintenance et d'exploitation, ainsi que par un diagnostic spécifique concernant tous les documents relatifs à l'organisation des interventions de sécurité et de sauvetage. Cette étape du diagnostic peut éventuellement conduire à la mise en place d'actions de formation des différents intervenants afin d'améliorer les conditions globales de sécurité du tunnel dans son état initial avant sa rénovation.
Le diagnostic doit être suivi d'une analyse de risque du tunnel basée sur son état réel. Cette analyse a un double objectif :
• évaluer si le tunnel peut continuer à être exploité dans son état actuel avant sa rénovation, ou s'il est nécessaire de prendre des dispositions transitoires temporaires : restriction de l'accès à certains véhicules seulement - renforcement du dispositif de surveillance et d'intervention - équipements supplémentaires - etc,
• constituer un référentiel de l'état existant du point de vue de la sécurité afin d'affiner la définition du programme de rénovation.
Le diagnostic doit permettre de déterminer (sans courir le risque de découvertes tardives pendant la période des travaux) si les installations existantes, supposées en état de marche, peuvent être modifiées, ajoutées ou intégrées dans les futures installations mises à jour (compatibilité technologique - performances notamment pour la collecte et la transmission des données, dispositifs automatiques et SCADA).
Le programme de rénovation ou de modernisation se déroule en deux étapes.
Le développement du programme comprend :
• le diagnostic détaillé tel que décrit ci-dessus,
• l'analyse des risques qui s'est développée en tenant compte de l'état initial du tunnel,
• les lacunes constatées en matière de sécurité,
• l'analyse de ce qu'il est possible de réaliser dans les espaces existants et leurs éventuels élargissements afin de permettre la modernisation du tunnel.
En fonction de l'environnement physique du tunnel et des espaces disponibles, le programme optimal de modernisation de l'infrastructure ou des équipements peut ne pas être réalisable dans des conditions acceptables, et il est nécessaire de définir un programme plus restreint. Ce programme restreint peut nécessiter la mise en œuvre de mesures d'atténuation garantissant que le niveau de sécurité requis est atteint dans un sens global, après l'achèvement des travaux.
La validation du programme requiert :
• l'élaboration d'une analyse des risques basée sur l'état final du tunnel après sa modernisation afin de tester les nouvelles dispositions introduites par le programme. Cette analyse doit être établie avec la même méthodologie que celle utilisée pour l'analyse préalable basée sur l'état initial. Elle permet également de rechercher des optimisations,
• examen détaillé de la faisabilité des travaux à réaliser pour l'amélioration ou la rénovation dans les conditions d'exploitation requises : par exemple, interdiction de fermeture du tunnel ou de restrictions temporaires de la circulation. En cas d'incompatibilité entre les objectifs du programme et les travaux requis pour son application, une itération est nécessaire. Cette itération peut concerner :
o le programme lui-même, dans la mesure où l'adaptation du programme est compatible, d'une part, avec les objectifs de sécurité et, d'autre part, avec sa mise en œuvre dans les conditions d'exploitation requises,
o les conditions d'exploitation qu'il peut être nécessaire de modifier afin de réaliser physiquement les travaux résultant du programme de modernisation.
Le programme de mise à niveau ou d'amélioration ne nécessite pas nécessairement des travaux physiques. Il peut seulement nécessiter une modification des fonctionnalités du tunnel ou des modalités d'exploitation, par exemple :
• modification de la catégorie des véhicules autorisés à accéder au tunnel : pas d'accès aux camions - pas d'accès aux véhicules transportant des marchandises dangereuses,
• la mise en place de procédures spécifiques de restriction de la circulation : de manière permanente ou uniquement aux heures de pointe,
• tunnel exploité initialement en trafic bidirectionnel, transformé pour la mise en œuvre d'un trafic unidirectionnel,
• modification des moyens de contrôle ou d'intervention.
La phase de réalisation de la conception et de la construction consiste à traduire le programme de rénovation ou de modernisation en spécifications techniques et contractuelles et à le mettre en œuvre.
Cette étape nécessite une analyse très détaillée des points suivants :
• étapes successives de la construction, contenu de chacune de ces étapes, séquences logiques et prioritaires des travaux,
• conditions de sécurité à l'intérieur du tunnel à chaque étape de la construction. Cela nécessite des analyses de risques partielles et la mise en place, si nécessaire, de dispositifs d'atténuation : régulation du trafic - restrictions de circulation - patrouille - renforcement des moyens d'intervention - etc.
• conditions de circulation à l'intérieur du tunnel et à ses abords, avec des restrictions partielles et temporaires en fonction des différentes étapes des travaux (dispositions différentes pour le jour et la nuit, pour les périodes normales et les périodes de vacances), des déviations potentielles, impact global sur les conditions de circulation et de sécurité dans les zones concernées par les travaux,
• les contraintes et les assujettissements, les délais contractuels partiels et globaux des travaux, afin de pouvoir d'une part définir les spécifications contractuelles de l’entreprise contractante, et d'autre part mettre en œuvre toutes les dispositions temporaires nécessaires, et de procéder à une campagne d'information des usagers et des résidents.
Les tunnels sont des ouvrages de génie civil relativement coûteux en ce qui concerne leur construction et leur exploitation. Une attention particulière doit être accordée dès le début du projet afin d’identifier les éventuelles optimisations techniques et financières.
Il est recommandé, dès les premières étapes de la conception, de mettre en œuvre un processus comprenant
• la définition détaillée de la "fonction" du tunnel,
• un processus itératif d'"analyse de la valeur" réalisé à toutes les étapes stratégiques du projet, auquel il faut intégrer les différentes étapes de l'analyse des risques,
• l'analyse détaillée et le suivi des risques potentiels lors des phases de conception et de construction. Ces risques potentiels sont liés aux points suivants :
o incertitudes techniques liées notamment à la complexité du sol (incertitudes géologiques et géotechniques),
o incertitudes liées aux prévisions de volume de trafic, qui constituent un risque important concernant les recettes dans le cas de la construction et du financement par "concession",
o incertitudes et risques concernant l'environnement financier, en particulier l'évolution des taux d'intérêt et des conditions de financement et de refinancement. Cet aspect constitue un risque important dans le cas de la construction et du financement par "concession" ou par PPP (Partenariat Public Privé) avec une contribution financière.
Ce processus permettra l'optimisation du projet (coûts de construction et d'exploitation) et une meilleure gestion des risques techniques et financiers, ainsi que du calendrier.
Les coûts de construction des tunnels sont très variables et il est impossible de donner des ratios représentatifs des coûts par kilomètre, car ces ratios peuvent varier dans des proportions importantes (en moyenne de 1 à 5) en fonction notamment :
• des conditions géologiques,
• des difficultés concernant les routes d'accès et les têtes du tunnel,
• de la situation géographique du tunnel : urbain ou non urbain,
• de la longueur du tunnel : en particulier, "le poids des installations de ventilation et des dispositifs de sécurité est plus important pour un long tunnel ; en revanche, tous les travaux concernant les routes d'accès et les têtes ont un impact plus important pour un tunnel court,
• du volume de trafic qui est un facteur déterminant pour le dimensionnement du nombre de voies, ainsi que pour les installations de ventilation,
• de la nature du trafic : en particulier, un tunnel emprunté par des véhicules transportant des marchandises dangereuses nécessitera des dispositions coûteuses pour la ventilation, la sécurité et éventuellement la résistance au feu de la structure ; à l'inverse, un tunnel dédié au transit de véhicules légers uniquement peut permettre des économies importantes en raison de la réduction éventuelle de la largeur des voies, de la hauteur libre et des exigences réduites pour les installations de ventilation,
• de l'environnement du tunnel qui peut entraîner des mesures de protection coûteuses pour en atténuer l'impact,
• des dispositions prises pour la gestion ou le partage des risques de construction,
• de l'environnement socio-économique du pays dans lequel le tunnel doit être construit. L'impact peut atteindre environ 20 % des coûts,
• des méthodes de construction choisies comme étant les plus techniques et les plus viables économiquement. Toutefois, les travaux de tunnel doivent également respecter toutes les exigences externes imposées par les autorités, les parties prenantes et les voisins en ce qui concerne, par exemple, la protection de l'environnement et les aspects de santé et de sécurité pendant la construction.
Tout au plus est-il possible d'indiquer que le coût moyen d'un tunnel habituel, construit dans des conditions géotechniques moyennes, est environ dix fois supérieur au coût de l'infrastructure équivalente construite en plein air (en dehors des zones urbaines).
Le coût de construction d'un tunnel peut se décomposer en trois types de coûts :
• le coût des ouvrages de génie civil,
• le coût des installations d'exploitation, y compris le centre de supervision et l'approvisionnement en énergie à partir des réseaux publics,
• les coûts divers, notamment : les coûts du maitre d’ouvrage pour le développement du projet - la gestion du projet - la conception et la supervision du site - les enquêtes et les investigations sur le terrain - les études environnementales et les mesures d'atténuation - les acquisitions de terrains - les procédures diverses - etc.
Les deux diagrammes ci-dessous présentent des exemples de la répartition des coûts de construction, d'une part pour les tunnels dont les conditions des travaux de génie civil ne sont pas complexes, et d'autre part pour les tunnels dont les conditions des travaux de génie civil sont moins favorables.
Figure 1 : Ventilation des coûts de construction
Note : ces deux diagrammes montrent l'importance des coûts des travaux de génie civil et illustrent les conséquences d'un quasi-doublement des coûts des travaux de génie civil (diagramme de droite).
Les coûts d'exploitation d'un tunnel peuvent être ventilés en trois types de coûts :
• les coûts de fonctionnement en tant que tels, qui comprennent essentiellement le personnel, l'énergie, ainsi que la gestion et les équipements consommables. Il s'agit de coûts récurrents ;
• les coûts annuels récurrents liés à l'entretien ;
• les coûts des réparations lourdes, ainsi que les coûts de remplacement des équipements en fonction de leur durée de vie et de leur état pendant la durée de vie du tunnel. Ces coûts ne sont pas récurrents et dépendent de l'équipement, de sa qualité et des conditions de maintenance, à partir de la dixième ou douzième année après le début de la période d'exploitation.
Les deux diagrammes ci-dessous représentent des exemples de ventilation (à conditions économiques constantes) des coûts de construction (travaux de génie civil, installations d'exploitation, coûts divers) et des coûts globaux d'exploitation (cumulés sur une durée de trente ans après le début de la période d'exploitation).
Figure 2 : Ventilation des coûts sur une période de 30 ans
Note : ces diagrammes montrent l'importance des coûts d'exploitation et d'entretien et la nécessité de choisir dès les premières étapes de la conception du tunnel les dispositions qui permettent d'optimiser les coûts récurrents d'exploitation et d'entretien.
Cette section concerne les travaux de rénovation ou de mise à niveau qui sont nécessaires pour "passer" à la nouvelle réglementation. Les travaux concernent les modalités d'évacuation, la résistance au feu de la structure, les installations d'exploitation et de sécurité, ainsi que toutes les exigences pour satisfaire aux nouvelles réglementations en matière de sécurité.
Il n'est pas possible de donner des prix statistiques en raison de la diversité des tunnels existants, de leur état, de leur trafic et des exigences plus ou moins importantes des nouvelles réglementations de sécurité qui peuvent varier d'un pays à l'autre.
Les observations faites en France pour cette nature de travaux de mise en conformité avec la nouvelle réglementation, qui ont été réalisés depuis l'année 2000, montrent une grande variation des budgets correspondants avec une fourchette de coûts allant d'environ dix millions d'euros à plusieurs centaines de millions d'euros (il y a eu plusieurs programmes de mise en conformité avec un budget de plus de 200 millions d'euros).
Les tunnels constituent des infrastructures coûteuses en termes de construction et d'exploitation, mais cela est compensé par des avantages économiques, notamment le développement régional, la fluidité du trafic, le confort, la sécurité, la fiabilité des itinéraires (passages de montagne) ainsi que la protection de l'environnement.
Le financement de ces travaux est assuré soit par :
• le "mode traditionnel" : financement et entretien par une autorité publique, les ressources financières provenant alors de la fiscalité publique ou des taxes sur les carburants,
• une "concession" à un organisme privé ou semi-public, qui est chargé de la construction et de l'exploitation du tunnel pendant une période contractuelle. Cet organisme est chargé du financement (souvent en partie par un prêt), qui est compensé par un péage payé par les usagers, qui rembourse les coûts de la construction et de l'exploitation, ainsi que les risques et les frais financiers. Ce type de "concession" peut être accordé par l'implication financière du concédant ou par des garanties particulières (exemple : garantie d'un volume de trafic minimal avec le paiement d'une compensation financière si ce volume de trafic minimal n'est pas atteint),
• "mode mixte" de PPP (partenariat public-privé) ou similaire, qui peut concerner :
o uniquement la construction ou la construction et l'exploitation,
o la construction dans le cadre d'un système "clé en main" dans le cas d'un processus de "conception et de construction",
o le financement partiel ou total.
Le présent manuel ne prétend pas détailler ces différents modes de financement, ni présenter leurs mécanismes, leurs avantages ou leurs inconvénients. Toutefois, il est intéressant de présenter quelques grandes lignes directrices tirées de l'expérience, qui en donnent une première illustration.
Ce mode de financement est largement utilisé. Il permet de développer un projet d'infrastructure dont le financement ne pourrait être obtenu par une "concession" (faute de revenus suffisants provenant de la perception du péage), ou lorsqu'il existe une volonté politique d'éviter un péage.
Il faut cependant que l'autorité publique ait la capacité financière d'assurer ce financement, ou qu'elle ait la capacité d'emprunter de l'argent et de supporter une dette. Les ressources financières proviennent essentiellement de la fiscalité publique ou des taxes sur les carburants et parfois partiellement du péage.
Le financement d'un "tunnel non auto-financé" par une "concession" (avec ou sans participation financière du concédant) est le cas général d'un tunnel faisant partie d'une nouvelle autoroute interurbaine à péage. Les coûts (construction et exploitation) du tunnel sont répartis entre le tunnel et l'infrastructure linéaire en surface. L'expérience montre que le surcoût du péage moyen par kilomètre est accepté par les usagers pour autant que la nouvelle infrastructure apporte une valeur ajoutée suffisante en termes de gain de temps, de service meilleur ou plus fiable, de confort et de sécurité.
Il existe deux grandes catégories de tunnels isolés.
• Tunnels correspondant à une amélioration majeure des conditions de circulation. C'est notamment le cas des tunnels urbains visant à alléger le trafic et à réduire les temps de parcours. L'expérience montre que le financement par "concession" n'est réellement prévisible que lorsque les conditions suivantes sont remplies :
o des volumes de trafic élevés,
o pays à haut niveau de vie et de revenus, permettant des tarifs de péage substantiels, essentiels pour assurer l'équilibre financier,
o gain de temps significatif pour les usagers, qui accepteront en retour un tarif de péage relativement élevé,
o durée de la concession d'une cinquantaine d'années au moins.
• Les tunnels de "développement régional", destinés à franchir un obstacle naturel majeur (chaîne de montagnes - estuaire). Ces obstacles constituent un handicap important pour le commerce. Le volume de trafic initial est généralement relativement faible. La nouvelle liaison avec le tunnel permettra la croissance du trafic, mais une telle évolution est souvent très difficile à prévoir à l'avance, et elle constitue un paramètre de risque financier essentiel pour le financement de la concession. L'expérience montre que le financement par "concession" n'est alors réaliste que lorsque les conditions suivantes sont remplies :
o L'obstacle naturel est important et le tunnel est suffisamment attrayant (gain de temps, niveau de service, service fourni, fiabilité de la liaison) pour attirer tout le trafic existant malgré le péage,
o Participation financière du bailleur de fonds (éventuellement aussi des parties prenantes), soit par une contribution financière, soit par une participation directe à la construction et au financement d'une partie des travaux (par exemple la construction des routes d'accès),
o Garantie d'un volume de trafic minimal par le concédant, avec le paiement d'une contribution financière contractuelle si le volume de trafic minimal n'est pas atteint,
o Les accords contractuels de partage des risques majeurs peuvent mettre en péril le modèle financier s'ils dépassent les limites ou les conditions définies par le contrat,
o Très longue durée de la concession : souvent 70 ans ou plus,
o Garantie financière apportée par le concédant, afin de permettre à l'organisme concessionnaire de bénéficier de conditions de prêts plus favorables sur le marché financier, ce qui peut mieux assurer la faisabilité du montage financier.
• L'éventail des contenus d'un mode PPP est très large et il est difficile d'établir des lignes directrices en raison de l'étendue des possibilités.
• Ce mode de financement engage les autorités publiques à une contribution financière à long terme. Une analyse détaillée est nécessaire pour évaluer l'avantage réel de ce mode de financement par rapport au financement traditionnel. En effet, ce mode de financement contribue très souvent à augmenter le coût global du projet (à fonctionnalité et qualité égales) en raison de la compensation du risque assumé par le développeur.
• Les autorités publiques doivent définir avec soin les fonctions requises du tunnel, ainsi que les objectifs concernant la qualité, le confort, la sécurité, le niveau de service, la durée de vie, le taux de disponibilité, les pénalités, etc. afin d'éviter toute ambiguïté qui pourrait entraîner d'importants malentendus et des dépassements financiers dans le développement du projet.
Le rapport technique 2016R19EN Tunnels routiers : Les réseaux routiers souterrains complexes reflète les enquêtes menées sur des études de cas de réseaux routiers souterrains complexes. Un résumé de ce rapport est présenté dans la section 2 ci-dessous.
Des recommandations spécifiques seront publiées dans un deuxième rapport très prochainement.
La terminologie "Tunnels routiers souterrains complexes" couvre les infrastructures suivantes :
• Une séquence de tunnels successifs : à titre d'exemple, citons l'analyse entreprise pour Prague, La Haye, Oslo et Tromsø ;
• Tunnels multimodaux : l'analyse entreprise pour La Haye et Lyon avec une utilisation partagée entre les bus, les piétons, les vélos et les trams en est un exemple ;
• Tunnels donnant accès aux centres d'affaires et de commerce (pour l'accès du public et la livraison de fret) : les exemples comprennent l'analyse entreprise pour Helsinki et Paris-La-Défense. Ces structures comportent généralement une multitude d'interfaces entre de nombreux exploitants, ce qui représente une part importante de leur complexité ;
• Tunnels ayant une double fonction de transit et d'accès aux parkings souterrains : on peut citer comme exemple l'analyse entreprise pour Annecy, Bruxelles et Tromsø ;
• Tunnels à gabarit réduit : à titre d'exemple, citons l'analyse entreprise pour le Duplex A 86 en région parisienne ;
• Infrastructure souterraine avec de nombreuses entrées et sorties, ainsi que des échangeurs souterrains. Cette catégorie de réseau de tunnels est identifiée comme l'exemple clé des "tunnels routiers souterrains complexes" et est la plus importante dans le panel d'analyse.
Toutes les structures partagent plusieurs caractéristiques similaires :
• Complexité,
• Localisation - essentiellement dans les zones urbaines et suburbaines,
• De nombreuses interfaces avec d'autres infrastructures ou avec les réseaux voisins auxquels elles sont connectées, créant ainsi de nombreuses interactions entre les exploitants des différentes infrastructures et réseaux.
L'objectif de l'étude de cas était d'identifier les structures de ce type dans le monde, de résumer les informations recueillies, de les analyser et d'établir un certain nombre de recommandations préliminaires à l'intention des maitres d’ouvrages, des concepteurs et des exploitants.
Bien que cette collection d'informations ne soit pas exhaustive et que les résumés ne constituent pas une base de données scientifique, elle contient néanmoins des résultats pertinents et intéressants. La collecte d'informations a été limitée aux pays d'origine des membres du groupe de travail 5, dans lesquels le groupe de travail avait des correspondants actifs à leur disposition.
La méthodologie générale a été la suivante :
• Rédaction d'un questionnaire détaillé,
• Enquête par le biais d'entretiens avec les exploitants, les propriétaires et les concepteurs,
• Analyse des informations recueillies au cours de l'enquête,
• Établissement de résumés,
• Rédaction de recommandations préliminaires.
Avec plus de 600 pages, un volume important d'informations a été collecté. C'est pourquoi une publication directe de toutes les informations a été jugée inappropriée. Le groupe de travail en a décidé ainsi :
• Présenter une vue d'ensemble des informations,
• Etablir une fiche monographique pour chacune des structures analysées (voir section 2.5).
Vingt-sept "Ensembles de tunnels" ont été analysés. La liste figure au § 1.7.2.5 ci-dessous. Plusieurs "Ensembles" comportant de 2 à 4 tunnels, il en résulte qu’au total 41 tunnels individuels ont été analysés.
La répartition géographique des ouvrages analysés est figurée aux deux graphiques ci-dessous.
Figure 1 : Répartition des complexes de tunnels dans l'étude de cas et répartition détaillée en Europe
Les tunnels européens semblent surreprésentés dans l'analyse de l'échantillon. Cela est dû à :
• une plus grande prééminence d'une planification structurelle de cette nature dans les territoires européens, à partir d'un coût d'investissement nécessaire important (en limitant le nombre de pays qui peuvent en supporter la charge) ;
• la difficulté de recueillir des informations complètes sur plusieurs pays (hors Europe) qui ont été initialement identifiés.
Les principales informations présentées dans l'analyse se concentrent sur les aspects suivants :
• La "longueur nominale" : ces longueurs vont de 400 m à 16,4 km ;
• La longueur totale de chaque réseau souterrain : ces longueurs vont de 1,1 km à 32,8 km ;
• L'année de mise en service : le plus ancien tunnel de l'échantillon a été ouvert en 1952 ; les tunnels les plus récents ont été mis en service en 2014. Parmi les tunnels étudiés, 73 % ont été mis en service au cours des trente dernières années ;
• Volume de trafic : les trois tunnels les plus fréquentés ont un volume de trafic compris entre 150 000 et 160 000 véhicules par jour ;
• La localisation géographique des structures par rapport au nombre d'habitants qui peuplent la zone urbaine desservie par le ou les tunnels ;
• Les méthodes de construction : 44% ont été construits sous forme de tranchées couvertes, 44% par forage et dynamitage, et 12% par TBM ou blindage ou tube immergé ;
• Caractéristiques géométriques minimales, y compris le tracé en plan et le profil en long ;
• Les pentes maximales pour les rampes et les déclivités en descente ;
• Le nombre d'échangeurs souterrains ou de rampes d'entrée et de sortie : par exemple, deux complexes de tunnels comportent plus de 40 entrées et sorties ;
• La largeur des voies de circulation : elles varient de 3,0 m à 4,5 m, les deux tiers des structures ayant une largeur de couloir égale à 3,5 m ;
• La hauteur libre : elle varie de 2,0 m et 4,8 m ;
• Les éléments latéraux : les emplacements d'arrêt d'urgence, les trottoirs ;
• La limite de vitesse, qui est limitée à 70 km/h dans la majorité des structures étudiées ;
• La nature du trafic : la majorité des tunnels étudiés interdisent l'utilisation de véhicules lourds ;
• Taux de pannes et d'accidents ;
• Nombre annuel d'incendies ;
• Les sorties de secours et les équipements de sécurité ;
• Le système de ventilation ;
• L'organisation de l’exploitation et de la maintenance.
À partir de l'analyse des informations, le groupe de travail a établi un certain nombre de recommandations préliminaires. Ces recommandations feront l'objet de développements complémentaires détaillés qui seront publiés dans la partie B du rapport à la fin du cycle 2016-2019.
Ces recommandations préliminaires, présentées au chapitre 11 - Situation actuelle, commentaires et recommandations préliminaires du rapport, portent sur les aspects
a - Géométrie
Les réseaux routiers souterrains sont principalement situés dans les zones urbaines, et leur conception (en particulier leur tracé) présente plusieurs contraintes.
Les conditions géométriques qui contribuent souvent aux incidents de circulation sont notamment les suivantes : tracé en plan sinueux, visibilité insuffisante à proximité des zones d'accès et de sortie, caractéristiques insuffisamment définies des voies qui se rejoignent ou divergent et, connexions de rampes de sortie mal conçues vers le réseau routier de surface, ce qui entraîne une congestion dans le tunnel principal, etc.
Il est recommandé de tenir compte des éléments suivants lors de la préparation du tracé :
• Ne pas être limité par une simple approche géométrique, liée uniquement aux contraintes du sous-sol et de la surface du terrain,
• Mettre en œuvre une vision globale, en tenant compte notamment des contraintes foncières, des conditions initiales de circulation, de l'évolution envisagée des conditions de circulation, des conditions d'exploitation et de sécurité, du contexte géologique, géotechnique et environnemental, ainsi que de la méthodologie de construction et de tous les autres paramètres propres au projet concerné (voir section 3 ci-dessous).
b - Coupe transversale
Les enquêtes mentionnées ci-dessus montrent que 80 % des tunnels analysés interdisent le transit de véhicules de plus de 3,5 tonnes (ou 12 tonnes dans certains cas). Cependant, la conception des tunnels ne tient pas compte de cette restriction et ne reconsidère pas l'optimisation de la largeur des voies de circulation ainsi que la hauteur libre.
Les enquêtes menées sur des projets récents montrent que des économies substantielles (de 20 à 30 % selon les caractéristiques de conception finales) peuvent être obtenues en choisissant un gabarit réduit pour les tunnels qui interdisent l'utilisation de véhicules lourds.
Il est recommandé que, au stade le plus précoce de l'élaboration des projets de tunnel, des études détaillées soient entreprises pour examiner et analyser la "fonction" du tunnel, les conditions de circulation (volume et nature des véhicules), ainsi que la faisabilité financière et les méthodes de financement. Cela devrait être fait de manière à analyser les avantages d'un tronçon à caractéristiques géométriques réduites. Cela peut faciliter l'optimisation financière du projet sans réduire le niveau de service ni affecter les conditions de sécurité.
c - Ventilation
Les réseaux routiers souterrains sont généralement soumis à un trafic important. Les embouteillages sont fréquents et la probabilité qu'un goulot d'étranglement se forme sur le réseau est élevée et récurrente. Par conséquent, le système de ventilation doit être développé avec une analyse détaillée des risques et des dangers, en tenant compte de l'existence de goulots d'étranglement.
Un système de ventilation longitudinale "pure" est rarement la seule réponse appropriée à toutes les exigences de sécurité, surtout dans le cas d'un incendie situé en amont d'un trafic congestionné. Un système de ventilation longitudinale entraînera une déstratification de la fumée en aval du lieu de l'incident. Cela constitue un danger pour tout usager du tunnel bloqué ou en cas de circulation lente en aval.
L'ajout d'une galerie de désenfumage ou le choix d'un système de ventilation transversal ou semi-transversal est souvent vital si aucune autre mesure d'amélioration de la sécurité réaliste ou réalisable ne peut être mise en place, et considérée comme efficace.
Il est également nécessaire de mettre en place des équipements permettant aux différentes parties du réseau de fonctionner indépendamment les unes des autres. Cela facilitera le contrôle et la gestion de la propagation de la fumée lors d'un incendie.
Les risques associés aux véhicules transportant des marchandises dangereuses qui empruntent un tunnel à forte densité de trafic urbain doivent être analysés avec soin. Il n'existe pas de système de ventilation capable de réduire de manière significative les effets d'un grand incendie de marchandises dangereuses dans de telles conditions de circulation.
d - Lutte contre l'incendie
Le délai nécessaire à l'arrivée des équipes d'intervention sur place doit être soumis à une analyse détaillée dans des conditions de circulation normales et aux heures de pointe. L'objectif est de déterminer s'il est nécessaire ou non de prévoir des installations et des moyens de première intervention à proximité des têtes du tunnel.
La rotation du personnel des pompiers est relativement élevée dans les zones urbaines et leurs interventions dans les tunnels sont relativement rares. Le taux élevé de rotation peut entraîner une perte de compétences spécialisées dans l'intervention dans les tunnels. Il est donc essentiel de mettre en place des outils qui permettent une formation professionnelle continue des équipes. Un modèle 3D virtuel du réseau, associé à un logiciel de simulation, peut fournir des outils pertinents, conviviaux et efficaces.
e - Signalisation
Il est fondamental d'assurer une bonne visibilité des rampes de sortie et une bonne lisibilité de la signalisation, afin de réduire le risque d'accidents lorsque les rampes de sortie s'écartent de la chaussée principale.
L'emplacement des échangeurs, des rampes d'entrée et de sortie, ainsi que le concept de signalisation doivent être analysés à partir des études de conception.
f - Environnement
Afin de réduire la pollution atmosphérique, les communautés, les parties prenantes et les résidents exigent souvent l'installation de dispositifs de filtration de l'air dans les tunnels avant qu'il ne soit rejeté dans l'atmosphère.
Il en résulte une décision d'installer des équipements de filtration qui est rarement rationnelle ou technique, mais une réponse ad hoc à la pression de l'opinion publique. Avant toute prise de décision sur cette question, il est cependant essentiel de :
• Effectuer une analyse pour fournir une évaluation de l'efficacité réelle attendue en matière de qualité de l'air, et la comparer à l'estimation des coûts d'investissement et des coûts opérationnels (en particulier les coûts énergétiques et de maintenance) afin d'établir un rapport prévisionnel rationnel et équilibré de la situation technique et financière ;
• Prendre en compte les progrès réalisés par l'industrie automobile pour réduire les émissions et la pollution des véhicules et ainsi limiter la concentration de polluants. Cette réduction de la concentration de polluants entraînerait, avec le temps, la diminution de l'efficacité des dispositifs de filtration de l'air installés ;
• Analyser l'expérience internationale et identifier les raisons pour lesquelles de nombreuses installations de traitement de l'air existantes ont été mises hors service.
g - Conditions de circulation - Gestion du trafic
Les liaisons entre les rampes de sortie et le réseau de surface doivent être équipées de manière à permettre la supervision et la gestion du trafic en temps réel. Cette disposition permet de réduire les embouteillages à l'intérieur du tunnel et d'améliorer la sécurité si les incidents dans le tunnel nécessitent une évacuation rapide des usagers.
h – Exploitation
La coordination entre les exploitants des infrastructures physiquement connectées est en général adéquate. Toutefois, il est souvent essentiel d'améliorer cette coordination en clarifiant la situation et le rôle de chaque exploitant (notamment en cas de congestion du trafic et d'incendie) en définissant des procédures communes et en déterminant les priorités entre les différentes parties de l'infrastructure et leur trafic.
Continents | Pays | Villes | Noms des "Ensembles de tunnels" | Annexes |
---|---|---|---|---|
Asie | Chine | Changsha | Tunnel routier de Yingpan | 1-1 |
Chongqing | Périphérique routier souterrain du quartier d’affaires Jiefangbei |
1-5 | ||
Japon | Tokyo | Chiyoda | 1-2 | |
Yamate | 1-3 | |||
Corée du Sud | Séoul | Shinlim-Bongchun et Shinlim-2 | 1-4 | |
Europe | Autriche | Vienne | Kaisermühlen | 2-1 |
Belgique | Bruxelles | Léopold II | 2-2 | |
Belliard | 2-3 | |||
République Tchèque | Prague | Ensemble des 3 tunnels Blanka | 2-4 | |
Mrazovka et Strahov | 2-5 | |||
Finlande | Helsinki | Tunnel de service Kehu | 2-6 | |
France | Annecy | Courier | 2-7 | |
Ile-de-France | Duplex A 86 | 2-8 | ||
Lyon | Croix-Rousse | 2-9 | ||
Paris La Défense | Voie des Bâtisseurs | 2-10 | ||
Echangeur autoroutier A14/A86 | 2-11 | |||
Allemagne | Düsseldorf | Tunnel Kö-Bogen | 2-21 | |
Italie | Valsassina | Tunnel de Valsassina | 2-12 | |
Monaco | Monaco | Tunnel sous le rocher | 2-13 | |
Norvège | Oslo | Tunnel de l'Opéra | 2-14 | |
Tromso | 3 tunnels interconnectés | 2-15 | ||
Espagne | Madrid | M30 By-pass Sud | 2-16 | |
M30 Rio | 2-17 | |||
Tunnel d’AZCA | 2-22 | |||
Tunnel Cuatro Torres | 2-23 | |||
Suède | Stockholm | Périphérique - Tronçon Nord | 2-18 | |
Périphérique - Tronçon Sud | 2-19 | |||
Pays-Bas | La Haye | Tunnel de Sijtwende | 2-20 | |
Amérique du Nord | Canada Québec | Montréal | Tunnels Ville-Marie et Viger | 3-1 |
Etats-Unis |
Boston | Boston artery | 3-2 | |
Seattle | Interstate 90 Tunnel du Mt. Baker | 3-3 | ||
Tunnel de la SR 99 Alaskan Way Viaduct | 3-4 | |||
Océanie | Australie | Brisbane | Tunnel M7 Clem Jones (CLEM7) | 4-1 |
Les "réseaux routiers souterrains" sont des "systèmes complexes". Toutes les recommandations présentées dans les 5 premières pages du chapitre "Questions stratégiques" leur sont applicables. Néanmoins, certains "sous-ensembles" et "paramètres" mentionnés dans la page "Tunnel : un système complexe" présentent un impact potentiel beaucoup plus important sur les réseaux souterrains. Les "interactions entre paramètres" (voir sa section 2.2) sont généralement beaucoup plus étendues et complexes.
Plusieurs défis stratégiques majeurs présentés dans les références ci-dessus, ainsi que leurs principales interactions, et les paramètres supplémentaires ci-dessous, doivent être bien pris en compte dans le processus de développement des conceptions de tunnels et pour la construction et l'exploitation des tunnels.
Ce terme s'applique à la section des tunnels, au tracé vertical, à la mise en place des échangeurs, aux rampes d'accès et de sortie. Outre les recommandations de la section 1 de la page "Conception générale du tunnel (nouveau tunnel)", les éléments suivants doivent être pris en compte :
a - Occupation du sol
L'occupation du sol concerne l'occupation des zones en plein air (routes, bâtiments et structures diverses, parcs et zones protégées, etc.) et l'occupation volumétrique de l'espace souterrain (infrastructures souterraines telles que le métro, les parkings, les réseaux divers, les fondations des bâtiments, etc.)
Les interfaces entre les espaces souterrains et de surface sont nombreuses : cheminées de ventilation, rampes d'accès et de sortie, cheminements d'évacuation et accès intermédiaires de secours.
Les contraintes d'occupation du sol en surface et en sous-sol ne sont pas toujours compatibles avec un lieu donné et il est souvent nécessaire de découpler les structures de surface de celles du sous-sol. Cette relation peut être mise en œuvre par des puits inclinés ou des couloirs souterrains qui relient tous les puits verticaux situés à l'écart du tracé du tunnel.
b - Géologie, géotechnique, hydrogéologie
Les conditions géologiques, géotechniques et hydrogéologiques ont un impact significatif sur le tracé den plan et le profil en long, notamment en ce qui concerne le risque de tassement, la possibilité de construction sous des structures existantes et les distances à respecter par rapport aux structures de surface ou souterraines existantes, en fonction de la méthodologie de construction envisagée.
Ces conditions peuvent également influencer la position des échangeurs souterrains. Par exemple, dans le cas d'un sol meuble sous le niveau de la nappe phréatique, un élargissement localisé de la section transversale pour construire des zones de convergence et de divergence des rampes pourrait nécessiter des travaux de construction à partir de la surface (grands puits, travaux de traitement et de consolidation des terres). Ces travaux nécessitent la mise en place d'une occupation temporaire en surface. Dans de telles conditions, l'emplacement des échangeurs souterrains doit alors également tenir compte du type d'occupation des terres en surface.
c - Fonctionnalité pour le trafic
La fonctionnalité du tracé concerne principalement les zones où il faut construire une connexion avec le réseau routier en surface (ou éventuellement avec d'autres structures souterraines). La position et la conception des principales têtes du tunnel, les rampes d'accès et de sortie, ainsi que l'emplacement des échangeurs dépendent de ces fonctionnalités.
L'emplacement de toutes ces connexions est également lié au volume du trafic dans le réseau souterrain, ainsi qu'à ses multiples entrées et sorties. Les raccordements doivent tenir compte de la capacité d'absorption du trafic dans le réseau routier de surface, des ajustements de la conception des raccordements afin d'éviter les encombrements du trafic souterrain et de réduire ainsi les accidents et les risques d'incendie importants dans les tunnels.
d - Sécurité - Risques d'accidents
L'analyse des réseaux existants montre une concentration d'accidents autour des zones à géométrie courbe, des pentes trop raides et une visibilité insuffisante autour des zones de convergence et de divergence des rampes.
Tous ces éléments doivent être soigneusement pris en compte dès le début de la conception de tracés en plan et profils en long d'un nouveau réseau.
e - Méthodes de construction - Période de temps
La méthodologie de construction a un impact direct sur les tracés en plan et profils en long (et vice-versa). Elles sont également fortement guidées par les conditions géologiques, géotechniques et hydrogéologiques.
Les méthodes de construction peuvent avoir un impact important sur l'emplacement des têtes des tunnels. En particulier, l'utilisation d'un bouclier (bouclier à pression de boue ou à pression de terre) nécessite une surface de chantier importante non seulement pour le montage d'un tunnelier mais aussi pendant toute la durée des travaux (notamment pour le traitement du marnage et le stockage provisoire). Un tunnel foré de manière conventionnelle (lorsque les conditions du sol le permettent) nécessite moins d'installations à proximité de la tête, et peut être réalisé sur une emprise plus réduite.
L'analyse du raccourcissement des délais de construction peut avoir un impact sur les tracés en plan et profil en long, par exemple pour rendre possible des sites intermédiaires d'accès à la construction.
f - Conditions environnementales
Pendant la période d'exploitation du réseau, les principales préoccupations sont la qualité de l'air et les impacts sonores. Ces préoccupations ont des répercussions sur le positionnement des têtes des tunnels et des puits de ventilation. Ces questions doivent être analysées avec soin, en particulier pour ce qui concerne les installations de ventilation ainsi que les équipements supplémentaires susceptibles de réduire l'impact environnemental.
La position des têtes, et des installations temporaires de chantier associées, doit également être analysée d'un point de vue environnemental en termes de méthodes et de délais de construction. Par exemple, une méthode de construction conventionnelle aura un impact sonore plus important qu'une méthode de construction par TBM. Si la tête du tunnel est située dans une zone sensible au bruit, les travaux devront être suspendus pendant les périodes nocturnes plus calmes, ce qui prolongera la période de construction et entraînera une inflation des coûts. Une modification de l'emplacement de la tête ou des modifications du tracé peuvent réduire ces impacts.
En plus des recommandations de la section 2 de la page "Conception générale du tunnel (nouveau tunnel)", les éléments suivants doivent être pris en compte :
a - Nature du trafic - Fonction
Comme mentionné au point 2.4.b ci-dessus, la nature du trafic est un facteur qui doit être soigneusement analysé en ce qui concerne leurs conditions initiales ainsi que leur évolution dans le temps. De nombreux réseaux urbains souterrains interdisent les véhicules lourds (plus de 3,5 t ou 12 t selon les différentes conditions), même s'ils ont été conçus avec des caractéristiques standard de hauteur libre verticale et de largeur de voie (définies dans le règlement de circulation).
L'analyse de la "fonction" du réseau souterrain et de l'évolution de cette fonction est essentielle. Elle permet d'optimiser la section transversale par le choix de caractéristiques géométriques (hauteur libre verticale et largeur de voie) afin d'assurer l'adéquation avec le trafic actuel et futur qui empruntera le réseau.
Les économies réalisées sur les coûts de construction sont importantes (de 20 à 30 % selon les caractéristiques choisies). Le cas échéant, ces économies peuvent permettre de financer un projet, et donc d'en assurer la faisabilité, alors qu'il n'aurait pas été possible de respecter les dégagements verticaux et la largeur de voie standard.
b - Volume du trafic
Le volume de trafic est le facteur déterminant pour définir le nombre de voies du tunnel principal, ainsi que les échangeurs ou les rampes d'accès et de sortie.
Le volume du trafic doit être pris en compte lors de la définition de la longueur des voies de fusion et de divergence pour les entrées et les sorties. Le risque de congestion, au niveau du raccordement des rampes de sortie au réseau de surface, doit également être pris en compte, ainsi que les conséquences que cela entraîne sur le tunnel principal (file d'attente de goulots d'étranglement) pour déterminer s'il est nécessaire ou non de concevoir et d'allonger une voie parallèle en amont du point de divergence de la rampe de sortie de la route principale.
c - Ventilation
Les galeries de ventilation à installer à l'intérieur de la structure contribuent considérablement à l'exigence d'espace. Il est donc nécessaire de procéder à une "analyse des dangers et des risques" préalable, et à un premier dimensionnement des installations de ventilation avant de fixer définitivement les caractéristiques de la section fonctionnelle. Cette approche est souvent itérative.
d - Géologie - Géotechnique - Hydrogéologie - Méthodes de construction
Les conditions géologiques, hydrogéologiques et géotechniques, ainsi que les méthodes de construction (qui sont souvent liées entre elles) ont un impact vital sur la forme et la surface de la section transversale. L'exemple suivant illustre cette interaction.
Dans les sols meubles sous le niveau de la nappe phréatique, l'utilisation d'un bouclier sera nécessaire pour la construction du tunnel principal. Le tunnel principal sera de forme circulaire. Toutefois, sa section dépendra également d'autres fonctions :
• Pour un tunnel composé de deux tubes, les sorties de secours sont généralement assurées par des communications entre les deux tubes. La construction de ces passages dans ces conditions de sol est extrêmement coûteuse car elle nécessite d'importants travaux de consolidation du sol (injection de coulis ou congélation). Des études ont montré qu'il est plus économique d'intégrer les galeries de secours à l'intérieur de la section excavée (généralement sous la chaussée) et de relier la galerie de secours à des liaisons verticales le long de la chaussée.
• Une déviation de chaussée pour les rampes de sortie ou la convergence de rampes d'accès nécessite un élargissement de la section sur plusieurs centaines de mètres. Ces travaux sont extrêmement coûteux à réaliser dans ces conditions de terrain. Il est généralement plus économique d'aménager une section avec une voie supplémentaire qui sera utilisée comme voie de sortie ou de convergence vers les rampes, et comme voie d'arrêt d'urgence dans le tunnel principal. La zone nécessitant des travaux d'élargissement coûteux est ainsi limitée à environ 50 m. Elle peut être construite à l'intérieur d'un puits temporaire qui peut également être dimensionné pour permettre la construction de locaux techniques ou d'une station de ventilation.
Les recommandations de la section 3 de la page "Conception générale du tunnel (nouveau tunnel)" sont également applicables aux "réseaux routiers souterrains". L'approche de l'analyse doit néanmoins tenir compte de la complexité des réseaux souterrains et de l'influence pénalisante de certains facteurs, en particulier :
a - Trafic
Le volume du trafic est généralement plus important et dans des conditions de trafic élevé, les embouteillages sont beaucoup plus fréquents. Il s'ensuit que le nombre de personnes dans le tunnel est beaucoup plus élevé et qu'en cas d'incident, le nombre d'usagers à évacuer sera plus important.
Les zones de convergence et de divergence des rampes sont des endroits importants en termes de risque d'accident.
L'hypothèse, qui prévaut parfois dès le début des projets, selon laquelle il n'y aura jamais de congestion du trafic doit être analysée avec beaucoup de circonspection. Il est en effet possible de réguler le volume du trafic entrant dans un réseau souterrain afin d'éliminer tout risque de goulots d'étranglement. Néanmoins, cela conduit à une diminution importante de la capacité de l'infrastructure (en termes de volume de trafic) qui va souvent à l'encontre du raisonnement qui justifie sa construction. Avec le temps, les mesures de réduction du trafic entrant doivent être assouplies, voire abandonnées en raison de la nécessité d'augmenter la capacité du trafic. La probabilité et la récurrence des goulots d'étranglement augmentent, sans tenir compte de l'hypothèse initiale sur laquelle le réseau était basé (notamment en termes de sécurité et de ventilation lors d'incidents).
b - Évacuation d'urgence - accès d'urgence
L'analyse doit prendre en compte :
• Le volume potentiellement plus important d'usagers de la route devant être évacués, et la nécessité qui en découle de fournir des informations, des communications et des méthodes d'évacuation adéquates,
• La complexité liée au "réseau" et à ses nombreuses branches, la multiplicité éventuelle des exploitants et des interfaces qui en résultent, la localisation précise des incidents et des usagers à sécuriser et à évacuer,
• Les délais de réponse, en tenant compte du trafic et de l'encombrement éventuel du réseau de surface, une identification correcte des lieux de l'incident, et une définition adéquate des points d'accès et des méthodes d'engagement de l'incident,
• La nécessité pour les équipes d'intervention d'avoir une bonne connaissance du réseau, ce qui entraîne un renforcement des formations et des sessions pratiques (voir section 3.4. ci-dessus).
c - Ventilation
Le concept et la conception des systèmes de ventilation doivent être pris en compte :
• Le volume et la classification du trafic, ainsi que son évolution dans le temps,
• Les risques de congestion du trafic, rendant généralement indispensable la construction d'un système d'extraction des fumées,
• Les contraintes environnementales, notamment les points de rejet de l'air pollué, les méthodes de rejet et leur acceptabilité. Cela peut nécessiter :
o La construction de points de décharge éloignés du tracé principal et la construction de galeries de ventilation indépendantes du tunnel pour relier le tunnel aux puits,
o La mise en place de systèmes de filtration de l'air dans les tunnels avant leur rejet dans l'atmosphère,
• La multitude de branches du réseau et la nécessité de les rendre indépendantes les unes des autres sur le plan opérationnel pour éviter la propagation des fumées dans le réseau en cas d'incendie.
d - Communication avec les usagers
La communication avec les usagers du tunnel doit être renforcée et adaptée à travers la multitude de branches du réseau. La communication doit pouvoir être différenciée entre les différentes branches en fonction des besoins opérationnels, notamment en cas d'incendie.
Les usagers doivent pouvoir identifier leur position à l'intérieur du réseau, ce qui nécessiterait, par exemple, l'installation de signes spécifiques, de codes de couleur, etc.
Les panneaux de direction et d'information préalable aux échangeurs ou aux rampes doivent faire l'objet d'un examen attentif, notamment en ce qui concerne les distances de visibilité des signaux et la lisibilité de la signalisation.
e - Besoins opérationnels
Les besoins opérationnels spécifiques (voir section 3.6. de la page "Conception générale du tunnel (nouveau tunnel)") doivent être adaptés à la complexité d'un réseau, au volume du trafic et aux difficultés accrues qui en résultent pour réaliser les interventions dans les conditions de circulation.
Les recommandations de la section 4 de la page "Conception générale du tunnel (nouveau tunnel)" sont également applicables aux "réseaux routiers souterrains". Néanmoins, les analyses doivent tenir compte de la complexité des réseaux routiers souterrains et des besoins ou conditions supplémentaires mentionnés dans la section 3.
Les interfaces entre les opérateurs de réseaux associés ou connexes doivent faire l'objet d'une analyse spécifique, notamment pour tous les aspects concernant, d'une part, la gestion du trafic et, d'autre part, la sécurité (en particulier les incendies), y compris l'évacuation des usagers et l’action des services d'intervention d'urgence en cas d'incendie.
Les centres de contrôle doivent tenir compte des interfaces au sein du réseau et entre les divers exploitants. Ils doivent permettre la transmission d'informations communes essentielles à chaque exploitant et faciliter l'éventuelle hiérarchie temporaire d'un centre de contrôle sur un autre. La conception architecturale du réseau de centres de contrôle, de leurs performances et de leurs méthodes doit faire l'objet d'une analyse globale des organisations, des responsabilités, des enjeux et des risques. Cette analyse doit refléter une série de conditions opérationnelles, comme par exemple lors de scénarios normaux et d'urgence, et doit examiner l'interaction entre les différentes sous-sections du réseau et les responsabilités respectives de chaque centre de contrôle.
Les pays qui possèdent de nombreux tunnels sont dotés de réglementations et ont élaboré des recommandations et des lignes directrices pour la conception, la construction, l'exploitation, la maintenance, la sécurité et l'intervention des services de secours.
Concernant les conditions de sécurité dans les tunnels routiers, les pays appartenant à l'Union européenne sont soumis à la directive 2004/54/CE qui prescrit un niveau minimum de dispositions à mettre en œuvre pour assurer la sécurité des usagers dans les tunnels de plus de 500 m faisant partie du réseau routier transeuropéen. Un groupe plus large de pays européens est également lié par une convention internationale, l'Accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route (ADR), qui comprend des dispositions spécifiques pour les tunnels. Chaque pays membre a transposé ces règlements européens dans sa propre législation nationale. Certains pays membres ont mis en place des règlements supplémentaires plus exigeants que celui qui résulte de la transposition du règlement européen.
Une liste des règlements et recommandations concernant l'exploitation et la sécurité des tunnels routiers a été établie en coopération entre PIARC et le comité pour la sécurité en exploitation des installations souterraines (ITA-COSUF) de l'association internationale des tunnels et des espaces souterrains (ITA - AITES). Ce document peut être consulté sur la page web ITA-COSUF (Publications). Cette liste n'est pas exhaustive mais présente un panel international de vingt-sept pays et trois organisations internationales.
De nombreux pays n'ont pas de réglementation relative aux tunnels et à la sécurité dans les tunnels, car ils n'ont pas de tunnels routiers sur leur territoire. Il est recommandé à ces pays de choisir un ensemble complet et cohérent des réglementations existantes d'un pays ayant une longue expérience dans le domaine des tunnels, et de ne pas multiplier la provenance des documents en puisant dans différentes sources. Les recommandations de l'AIPCR, telles que résumées dans le présent manuel, ainsi que celles de la directive européenne 2004/54/CE constituent également des références internationales qui sont de plus en plus souvent appliquées.
Pour qu'un tunnel fonctionne durablement et assure un bon confort et une bonne sécurité aux usagers, il est impératif que les entités qui seront chargées de son exploitation soient étroitement associées à la phase de conception. Ce chapitre passe en revue les principaux éléments qui garantissent une bonne conception d'un tunnel.
En 1974, l'AITES (Association Internationale des Tunnels et de l’Espace Souterrain) a été créée pour traiter les aspects de construction de tous les types de travaux souterrains, y compris les tunnels routiers. En 2005, un protocole d'accord a été signé entre l'AIPCR et l'AITES pour garantir que leurs actions sont et restent complémentaires et ne se chevauchent pas. L'AIPCR s'occupe de la géométrie des tunnels tandis que l'AITES s'occupe des aspects purement constructifs.
La page sur la construction présente les principales méthodes de construction des tunnels et leurs interfaces avec les aspects de géométrie et de sécurité. Pour plus d'informations concernant les aspects purement constructifs, le lecteur est invité à consulter le site de l'AITES.
La page sur la capacité théorique et pratique de circulation des tunnels donne un résumé des notions théoriques liées à la capacité de circulation.
La page sur le tracé général des routes et les exemples nationaux rappelle les principales règles concernant le tracé général des routes, y compris les principales données utilisées dans certains pays, et insiste sur la nécessité de maintenir les plus grandes caractéristiques géométriques de la route extérieure dans le tunnel lui-même (à l'exception importante de la pente maximale, qui doit être limitée).
La page sur la géométrie des voies de circulation traite spécifiquement du profil en travers de la chaussée des tunnels routiers, pour les types uni- et bidirectionnels.
Des sorties de secours sont prévues dans tous les tunnels, sauf les plus courts, pour permettre aux usagers d'évacuer à pied le tube de circulation vers un lieu sûr. Les différents types d'issues de secours pour les piétons sont examinés à la page sur les issues de secours . Il s'agit notamment des raccordements et des passages transversaux entre les tubes, et des galeries de sécurité (passages) construites le long des tubes de circulation ou peut-être sous la chaussée et menant à la surface.
La page sur les installations pour les véhicules traite des dispositions prévues pour les véhicules. Il s'agit notamment des aires de stationnement, des aires de retournement et des liaisons inter-tubes pour véhicules, qui permettent de faire face à des situations telles que les pannes de véhicules ou de permettre aux véhicules de faire demi-tour ou de regagner un tube adjacent, ce qui pourrait être utile pour la maintenance, pour manœuvrer les véhicules d'urgence pendant un incident ou pour la gestion du trafic après un incident.
La page sur les autres installations décrit les autres installations qui peuvent être mises à disposition à l'intérieur ou aux têtes d'un tunnel.
La ventilation dans les tunnels a deux fonctions :
• En fonctionnement normal, elle assure une qualité d'air suffisante dans le tunnel, généralement en diluant les polluants ;
• En cas d'incendie , elle devrait rendre l'environnement aussi sûr que possible pour les usagers du tunnel et les services de secours en contrôlant le flux de fumée de manière appropriée.
Historiquement, la première raison d'installer des systèmes de ventilation dans les tunnels était la réduction des niveaux de pollution. Bien que les émissions de polluants par les véhicules routiers aient considérablement diminué au cours des dernières décennies, cette fonction est toujours importante et doit faire l'objet d'une attention particulière lors de la conception. Dans certains cas, la ventilation naturelle due à l'effet de piston des véhicules en mouvement peut être suffisante pour satisfaire aux exigences de qualité de l'air en fonctionnement normal. La nécessité d'un système de ventilation mécanique est évaluée en tenant compte, entre autres, de la longueur du tunnel, du type de trafic (bidirectionnel ou unidirectionnel) et des conditions (possibilité de congestion) et du type de véhicules.
Les mêmes facteurs déterminent les exigences en matière de ventilation dans les situations d'urgence, notamment en cas d'incendie. La présence d'autres équipements ou installations, par exemple les sorties de secours, doit également être prise en compte. La ventilation naturelle peut être suffisante dans certains cas, mais une ventilation mécanique est souvent nécessaire pour les tunnels de plus de quelques centaines de mètres de long.
Outre ces aspects majeurs, il convient de prendre en considération les questions environnementales liées à la ventilation, les questions relatives à la consommation d'énergie et l'empreinte carbone qui s'y rattache. Celles-ci sont liées au rejet localisé et concentré d'air pollué provenant des portails et des cheminées. La réduction de leur impact sur les environs du tunnel fait partie d'une bonne conception environnementale.
Les chapitres suivants décrivent les principaux aspects à prendre en considération pour une conception et un fonctionnement corrects des systèmes de ventilation dans les tunnels routiers.
La page Principes de ventilation présente les éléments stratégiques qui doivent être pris en compte avant de prendre une décision concernant le choix ou la conception d'un système de ventilation de tunnel.
La page Conception et dimensionnement décrit les principaux critères à prendre en compte pour la conception et le dimensionnement des systèmes de ventilation dans les tunnels routiers, couvrant à la fois la ventilation normale et la ventilation d'urgence.
La page Contrôle et surveillance examine certains aspects spécifiques liés à la fois au système de ventilation du tunnel et au système de contrôle et SCADA.
D'autres aspects liés aux équipements de ventilation des tunnels peuvent être trouvés dans les pages sur la ventilation et les systèmes de ventilation des tunnels (dans la page sur les équipements et les systèmes ).
Enfin, d'autres considérations liées à l'exploitation des tunnels sont présentées dans la page sur les stratégies de ventilation. Celles-ci sont essentielles pour garantir que toutes les actions requises sont traitées de manière cohérente et sûre, en reconnaissant que le niveau de sécurité offert aux usagers du tunnel dépend fortement des caractéristiques spécifiques du tunnel, mais aussi des procédures d'exploitation qui doivent être prises en compte pour chaque tunnel.
1. Types de systèmes de ventilation
2. Ventilation en fonctionnement normal
3. Scénarios d'incendie
4. Autres risques
La conception des systèmes de ventilation des tunnels vise à sélectionner le meilleur choix afin de faire face aux défis suivants :
• la dilution des polluants atmosphériques (à l'intérieur des tunnels),
• les questions environnementales (hors tunnel),
• le contrôle des fumées en cas d'incendie.
En tenant compte du volume d'air requis pour la dilution des polluants ainsi que d'autres facteurs, tels que la longueur du tunnel, son emplacement, le type de trafic, les lois sur l'environnement et, surtout, les considérations de sécurité incendie, une évaluation peut être effectuée et le système de ventilation peut être choisi pour chaque tunnel particulier.
1. Types de systèmes de ventilation
De nombreux types de systèmes de ventilation peuvent être identifiés dans les tunnels routiers, notamment les suivants :
• la ventilation naturelle ; qui peut être induite par la température de l'air et les conditions météorologiques et/ou par le trafic ;
• la ventilation mécanique, qui peut être
o longitudinale,
o extraction massive ponctuelle ou à flux ponctuel,
o transversale,
o semi-transversale (et semi-transversale réversible),
o transversale partielle ;
(des combinaisons des systèmes ci-dessus sont possibles et, dans certains cas, inévitables) :
• le traitement de l'air combiné à une ventilation mécanique.
Une description des principales caractéristiques de chacun de ces systèmes se trouve au chapitre V "Ventilation pour le contrôle du feu et de la fumée" du rapport AIPCR 1999 05.05.B, au chapitre 4 "Ventilation" du rapport AIPCR 2007 05.16.B Systèmes et équipements pour le contrôle du feu et de la fumée et au chapitre "Classification des systèmes de ventilation " du rapport AIPCR 2011R02 Tunnels routiers : Stratégies opérationnelles pour la ventilation d'urgence.
Les critères et les méthodologies de conception et de dimensionnement des ventilations de tunnels se trouvent à la page Conception et dimensionnement , qui sont basés sur les principaux principes de base de la ventilation, applicables à l'exploitation normale et aux scénarios d'incendie, comme décrit dans les sections suivantes.
2. Ventilation en fonctionnement normal
Les émissions de CO, de particules et de NOx (la somme de NO et de NO2) sont considérées comme les polluants de référence des véhicules à moteur à combustion interne dans les tunnels routiers.
La quantité d'air frais requise pour une situation de trafic donnée dans le tunnel dépend du nombre et du type de véhicules dans le tunnel, de l'émission moyenne par voiture dans ce trafic et de la concentration admissible pour cette émission particulière (voir le rapport 2019 R02 de l'AIPCR Émissions des véhicules et demande d'air pour la ventilation ).
Pour les polluants affectant la santé humaine, des valeurs seuils dépendant du temps d'exposition peuvent être imposées par les autorités. Le dosage de la pollution dépend du temps de parcours nécessaire pour transiter dans le tunnel. En l'absence de réglementations nationales, le chapitre 4 "Valeurs de conception et d'exploitation des polluants" du rapport AIPCR R02 2019 "Tunnels routiers : Emissions des véhicules et besoins en air frais pour la ventilation" recommande des limites de concentration et d'exploitation (normales et d'entretien) admissibles.
Des informations supplémentaires sur les émissions de NOx et les recommandations qui en découlent en ce qui concerne la ventilation des tunnels routiers figurent dans le rapport AIPCR 2000 05.09.B. "Pollution par le dioxyde d'azote dans les tunnels routiers" .
En outre, pour des raisons environnementales, la qualité de l'air ambiant aux têtes des tunnels est souvent soumise à certains seuils de polluants, principalement le NO2. Cela peut être réalisé par la gestion des émissions atmosphériques aux têtes . Les exigences en matière de qualité de l'air dans les tunnels ou de qualité de l'air ambiant aux têtes des tunnels peuvent déterminer, dans certains cas, les exigences de capacité du système de ventilation.
La page Conception et dimensionnement décrit les principaux critères à prendre en compte pour la conception et le dimensionnement des systèmes de ventilation dans les tunnels routiers pour un fonctionnement normal.
En outre, pendant l'exploitation du tunnel, le contrôle du système de ventilation est établi en fonction de points de consigne, généralement inférieurs aux valeurs limites de concentration admissibles, de sorte que la ventilation du tunnel est activée avant que les niveaux de polluants ne dépassent les critères. Pour les circonstances extrêmes, des valeurs limites de fermeture du tunnel qui ne doivent jamais être dépassées sont définies pour une exploitation sûre du tunnel. De plus amples informations sur la conception du système de contrôle de la ventilation sont disponibles à la page Contrôle et surveillance.
3. Scénarios d'incendie
Il est essentiel de comprendre le comportement de la fumée lors d'un incendie dans un tunnel pour tous les aspects de la conception et de l'exploitation d'un tunnel. Cette compréhension influencera le type et le dimensionnement du système de ventilation à installer, son fonctionnement en cas d'urgence et les procédures d'intervention qui seront élaborées pour permettre aux exploitants et aux services d'urgence de gérer l'incident en toute sécurité.
Le chapitre 1 "Principes de base de la progression des fumées et de la chaleur au début d'un incendie" du rapport AIPCR 2007 05.16.B Systèmes et équipements pour le contrôle du feu et de la fumée présente les détails du comportement général de la fumée et les principales influences qui affectent sa propagation dans un tunnel, tandis que le chapitre 3 décrit des expériences de cas réels sur l'influence du fonctionnement de la ventilation d'un tunnel sur le contrôle de la fumée en cas d'incendie.
Comme un tunnel peut être emprunté par différents véhicules tels que des voitures, des bus, des camions, des véhicules spéciaux, etc., qui peuvent avoir des chargements différents (personnes, ininflammables, inflammables, explosifs, produits toxiques, etc.), les incendies de tunnel possibles peuvent différer en termes de quantité et de qualité. Dans la plupart des cas, il s'agit de petits incendies de tunnel relativement inoffensifs, avec une température et un dégagement de fumée mineurs, mais des incendies de camions-citernes très dangereux avec des températures élevées, un dégagement de fumée énorme et un risque d'explosion peuvent se produire. Il n'est donc pas possible de prescrire la température et le dégagement de fumée pour chaque type d'incendie de tunnel possible.
Le développement et la dispersion dans le tunnel de la fumée résultant des incendies dépendent principalement des facteurs suivants :
• éventuellement une réduction de l'approvisionnement en oxygène sur le site de l'incendie,
• le dégagement de chaleur,
• la convection de la chaleur,
• la pente longitudinale,
• le type de ventilation,
• les dimensions de l'espace de circulation et les obstructions éventuelles,
• la poussée causée par tout véhicule en mouvement,
• les influences météorologiques (force et direction du vent).
En gros, on peut dire qu'en raison de la chaleur dégagée autour du site de l'incendie, la fumée monte au plafond, et qu'elle continue son écoulement dans une direction lorsque la vitesse longitudinale est élevée, avec ou sans nappe de retour (voir la section Dimensionnement de la page Conception et dimensionnement ) et dans les deux directions lorsque la vitesse longitudinale est faible. Ainsi, il devrait y avoir un espace sans fumée juste au-dessus de la surface de la route à proximité d'un incendie - au moins pendant une courte période.
Des informations détaillées sur la production de fumée et de polluants lors d'incendies réels et d'essais d'incendie à grande échelle figurent à la section II.4 "Choix des incendies de référence" et à la section III.4 "Développement et dispersion de la fumée dans les essais d'incendie" du rapport AIPCR 05.05.B de 1999 sur le contrôle des incendies et des fumées dans les tunnels routiers et à l'annexe 2 "Essais d'incendie" du rapport AIPCR R01 de 2017 sur les caractéristiques des incendies de référence pour les tunnels routiers.
La ventilation des tunnels est un élément clé pour atténuer les conséquences d'un incendie dans un tunnel. La page Conception et dimensionnement décrit les principaux critères à prendre en compte pour la conception et le dimensionnement des systèmes de ventilation dans les tunnels routiers pour les scénarios d'incendie.
En outre, la page Stratégies de ventilation fournit des informations supplémentaires sur les meilleures stratégies opérationnelles en cas d'incendie.
4. Autres risques
Un facteur de risque très important en matière de sécurité incendie dans un tunnel est de savoir si les véhicules transportant des marchandises dangereuses sont autorisés ou non. Les critères permettant de décider quand un tel transport doit être autorisé ne sont généralement pas abordés dans les thèmes liés à la ventilation des tunnels. De plus amples informations sur l'évaluation et l'atténuation des risques associés au transport de véhicules dangereux dans les tunnels routiers sont disponibles à la page Risques liés au transport de marchandises dangereuses.
1. Choix et conception des systèmes de ventilation
2. Capacité de ventilation pour un fonctionnement normal
3. Capacité de ventilation pour les scénarios d'incendie
4. Dimensionnement de la ventilation des tunnels routiers
5. Autres questions. Tunnels souterrains et urbains complexes
Le processus de conception de la ventilation comprend essentiellement le choix du type de système de ventilation, le calcul de la capacité minimale acceptable du système en termes de poussée et/ou de débit, la conception du réseau de ventilation et la sélection des équipements de ventilation appropriés, qui doivent répondre à un certain nombre de spécifications, notamment la résistance au feu et les performances acoustiques.
1. Choix et conception des systèmes de ventilation
Le choix et la conception d'un système de ventilation dépendent de ces principaux facteurs :
• Longueur du tunnel, nombre de tubes, urbain ou rural
• Besoin d'air frais dans des situations de trafic normales et spéciales
• Pollution atmosphérique admissible autour des têtes de tunnel
• Considérations relatives à la sécurité incendie
La page Principes de ventilation fournit des informations générales sur les différents types de systèmes de ventilation que l'on peut trouver dans les tunnels routiers.
Un système de ventilation naturelle peut être très efficace pour la dilution des polluants (en particulier pour les tunnels unidirectionnels), mais il n'est pas possible de compter sur la ventilation naturelle à des fins de sécurité pour les tunnels de plus de quelques centaines de mètres de longueur. En raison du nombre de paramètres de conception contradictoires, il n'est pas possible d'exprimer des recommandations universelles sur les limites de la ventilation naturelle.
Dans la plupart des pays, la nécessité d'un système de ventilation mécanique en fonctionnement normal est évaluée en tenant compte de la longueur du tunnel, du type de trafic (bidirectionnel ou unidirectionnel) et des conditions (possibilité de congestion). Les mêmes facteurs déterminent les besoins de ventilation dans les situations d'urgence, notamment en cas d'incendie. La présence d'autres équipements ou installations, les issues de secours par exemple, doit également être prise en compte.
D'une manière générale, on peut trouver deux types de stratégies de ventilation :
• Ventilation longitudinale (VL) : À l'aide d'un jet d'air placé dans la colonne d'air du tunnel, la résistance à l'écoulement peut être surmontée en convertissant l'impulsion du jet en pression statique. Les jets d'air peuvent être placés à l'entrée du tunnel (Saccardo), soufflant de l'air extérieur dans le tunnel ou comme des ventilateurs canalisés le long du tunnel, chacun accélérant une partie du flux d'air du tunnel. Les accélérateurs (ventilateurs de jet) peuvent fonctionner dans les deux directions du tunnel. (voir section IV.2 "Ventilation longitudinale" du rapport AIPCR 1996 05.02.B "Tunnels routiers : Emissions, Environnement, Ventilation")
• Ventilation semi-transversale (VST) ou transversale (VT) : elle est principalement appliquée dans les tunnels bidirectionnels ou unidirectionnels présentant un risque de congestion. En répartissant l'air frais de manière égale le long du tunnel à partir d'un conduit d'air frais séparé, les émissions des voitures sont diluées localement le long du tunnel. En cas d'incendie dans le tunnel, la fumée peut être extraite en utilisant une gaine d’évacuation dédiée ou en inversant le système d'alimentation en air frais, ce qui permet de réduire les exigences en termes de sorties de secours. (voir section IV.3 "Ventilation semi-transversale" du rapport AIPCR 1996 05.02.B "Tunnels routiers : Emissions, Environnement, Ventilation")
Voici quelques-uns des arguments qui permettent de choisir entre la ventilation longitudinale (VL) et la ventilation transversale (VST/VT) pour une situation donnée dans un tunnel :
• Coûts initiaux : L'installation d'une VST/VT, avec son ou ses conduit(s) de distribution d'air frais et d'évacuation séparés et sa ou ses station(s) de ventilation, présente des coûts de construction plus élevés qu'une VL, alors que les coûts d'installation électromécanique peuvent être à peu près les mêmes. Selon l'évaluation de la sécurité incendie, il peut y avoir des coûts supplémentaires pour les sorties de secours ou les gaines d’évacuation de la fumée avec un système VT.
• Énergie de ventilation : dans un tunnel bidirectionnel, la consommation d'énergie de ventilation pour des tunnels plus longs est moindre pour une VST/VT que pour une VL. Dans un tunnel unidirectionnel, l'effet de piston du trafic fluide crée une auto-ventilation suffisante même dans les longs tunnels, mais en cas de trafic congestionné ou bidirectionnel dans un tel tunnel, la consommation d'énergie est généralement plus importante pour une VL par rapport à une VST/VT. Lorsque les exigences en matière de pollution conduisent à l'installation de cheminées d'extraction massive en tunnel pour contrôler la quantité d'air sortant au droit d’une tête, la consommation d'énergie de la cheminée devient dominante. Cela peut ne pas être le cas lorsque le système de ventilation retenu pour diluer les gaz d'échappement dans le tunnel peut fonctionner indépendamment des cheminées qui contrôlent l'écoulement de l'air du tunnel.
De plus amples informations sur l'impact de la ventilation des tunnels sur les coûts d'exploitation globaux et la consommation d'énergie sont disponibles dans le rapport AIPCR 1999 05.06 Tunnels routiers : Réduction des coûts d'exploitation
• Contrôle des incendies et de la fumée : une VT ou VST fonctionnant en mode inversé, peut extraire la fumée du tube de circulation, créant ainsi un espace sans fumée juste au-dessus de la surface de la route, mais elle pourrait s'avérer moins adaptée pour empêcher la propagation de la fumée si les flux d'air longitudinaux ne peuvent être contrôlés. Une VL peut pousser la fumée vers un côté du feu, et limiter fortement le retour de fumée en amont, mais elle ne pourra pas empêcher le remplissage par les fumées de toute la section du tunnel en aval de l'incendie jusqu'à un puits d'extraction ou la tête du tunnel.
• Protection de l'environnement : avec une VST/VT dans un tunnel à circulation bidirectionnelle, il y existe une pollution de l'air du tunnel au droit des deux têtes, alors qu'avec une VL, cela peut être limité à une seule tête.
• Les longs tunnels : Les vitesses longitudinales maximales admissibles doivent être respectées, ce qui limite l'utilisation de la VL et de la VST pour les tunnels très longs.
Aujourd'hui, le choix entre les différents systèmes de ventilation est principalement guidé par des considérations de sécurité incendie, bien que les aspects environnementaux gagnent en importance lors du processus de prise de décision. Dans les sections V.7 "Recommandations sur la ventilation longitudinale" et V.8 "Recommandations sur la ventilation transversale et semi-transversale" du rapport AIPCR 1999 05.05 "Maitrise des incendies et des fumées ", les critères de conception pertinents et la description des principales limitations peuvent être trouvés.
Le rapport AIPCR 2007 05.16 "Systèmes et équipements pour le contrôle des incendies et des fumées dans les tunnels routiers" a analysé d'autres aspects liés à ce type de systèmes. Ainsi, la section "4.4 Ventilation longitudinale" comprend des critères et des lignes directrices pour la conception et les essais de ce type de système, y compris des considérations concernant les niveaux sonores à atteindre dans l'environnement du tunnel ("4.4.2 Impact sonore des accélérateurs dans un tunnel").
En outre, la conception des systèmes de ventilation doit couvrir d'autres aspects du projet, notamment la disponibilité, la durabilité, la facilité d'entretien ou la fiabilité. Le rapport 2012 R14 de l'AIPCR intitulé "Considérations sur le cycle de vie des équipements électriques des tunnels routiers" contient des conseils et des considérations sur le coût du cycle de vie des systèmes de ventilation.
2. Capacité de ventilation pour un fonctionnement normal
La section Ventilation pendant le fonctionnement normal de la page Principes de ventilation présente quelques informations générales présentant un intérêt en relation avec le fonctionnement normal dans les tunnels routiers.
La conception d'un système de ventilation de tunnel routier doit tenir compte du besoin en air frais pour maintenir la qualité de l'air dans le tunnel en situation d’exploitation normale et congestionnée et de la nécessité de contrôler la fumée et les gaz chauds en cas d'incendie. La capacité de la ventilation à gérer une situation d'incendie détermine souvent le dimensionnement de la ventilation dans les tunnels routiers et non urbains. Néanmoins, le besoin en air frais pour la dilution en situation d'exploitation normale et congestionnée, ou des contraintes environnementales particulières, peuvent être pré-dominants dans les tunnels à fort trafic et à trafic congestionné fréquent.
La capacité de ventilation en fonctionnement normal est définie par le besoin en air nécessaire pour diluer les émissions des véhicules afin de maintenir les valeurs admissibles de qualité de l'air dans le tunnel.
La demande d'air frais (débit d'air) est déterminée par l'augmentation autorisée des concentrations en polluants dans le flux d'air. L'air entre dans l'environnement du tunnel avec des concentrations ambiantes de polluants. Lorsque cet air se déplace dans l'environnement du tunnel, les émissions d'échappement augmentent les concentrations de polluants. L'air vicié doit alors être dilué dans l'environnement du tunnel avant d'atteindre les limites de polluants admissibles. Les concentrations d'émissions dans le tunnel sont le produit des taux d'émission et de l'inverse du flux d'air.
La quantité d'air frais requise pour une situation de trafic donnée dans le tunnel dépend du nombre de voitures dans le tunnel, de l'émission moyenne par voiture dans ce trafic et de la concentration admissible pour cette émission particulière.
Plusieurs rapports de l'AIPCR traitant du thème de la conception et du dimensionnement de la ventilation des tunnels pour un fonctionnement normal ont été publiés au cours des dernières décennies. Le rapport AIPCR 1996 05.02 "Tunnels routiers : Emissions, Environnement, Ventilation" a défini une méthode pour le calcul de la demande d'air frais et pour fournir des taux d'émission pour la conception de la ventilation des tunnels. En outre, certaines informations générales et spécifiques qui peuvent être utiles lors de la conception d'un système de ventilation longitudinal ou semi-transversal ont été fournies.
Toutefois, en raison du renouvellement continu du parc automobile, du renforcement constant des lois sur les émissions et de l'introduction de systèmes de propulsion alternatifs (véhicules hybrides, voitures électriques, etc.), les données sur les émissions nominales ont dû être constamment mises à jour. En conséquence, de nouvelles versions du rapport de 1996 ont été publiées en 2004, 2012 et la dernière en 2019 (voir le rapport AIPCR 2019 R02 "Émissions des véhicules et besoins en air frais pour la ventilation" ), qui fournissent de nouvelles méthodes pour le calcul du besoin en air frais et des taux d'émission sur une base internationale.
Le taux d'émission est fonction de plusieurs facteurs, notamment
• le nombre et le type de véhicules (VL, VUL, PL),
• la norme d'émission sous laquelle le véhicule a été immatriculé (par exemple Euro 4),
• la vitesse des véhicules, qui tient compte des embouteillages ou de la fluidité du trafic,
• la pente de la route,
• d'autres paramètres influençant la puissance nécessaire pour propulser les véhicules (par exemple, le poids).
Une description détaillée de la méthode de calcul du taux de production d'émissions (section 5) et la dernière version de la base de données se trouvent dans le rapport sur les émissions de 2019. Pour des raisons pratiques, une feuille Excel en format électronique contenant les données sur les émissions peut être téléchargée à partir de la bibliothèque virtuelle de l'AIPCR.
3. Capacité de ventilation pour les scénarios d'incendie
La section Scénarios d'incendie de la page Principes de ventilation présente quelques informations générales présentant un intérêt en relation avec les scénarios d'urgence dans les tunnels routiers.
La capacité de ventilation requise par le fonctionnement normal peut ne pas être suffisante pour répondre aux exigences du désenfumage. En outre, le débit d'air nécessaire pour obtenir un contrôle suffisant de la fumée dépend de la puissance de l’incendie.
Dans le but de définir la capacité de ventilation, l’incendie de dimensionnement (défini comme une puissance thermique en MW, en fonction du temps) fournit les caractéristiques de l’incendie qui servent à établir le dimensionnement des équipements dans les tunnels et les scénarios à prendre en compte lors de l'élaboration des plans d'intervention d'urgence.
Fig. 1 : Courbe HRR idéalisée d'un incendie de conception (INCLUDE FIGURE)
Le choix d'un incendie de dimensionnement dépend du type de trafic autorisé dans le tunnel. Suite à la valeur de pointe de 30 MW recommandée dans le rapport AIPCR 1999 05.05 "Maitrise des incendies et des fumées", le rapport AIPCR 2007 05.16 "Systèmes et équipements pour le contrôle des incendies et des fumées" a rappelé les puissances maximales précédemment établies pour différents types de véhicules et a également abordé la dynamique de l’incendie dans le contexte des issues de secours.
Dernièrement, le rapport 2017 R01 de l'AIPCR "Caractéristiques des incendies de dimensionnement en tunnels routiers" a donné des indications sur le choix d'un incendie de dimensionnement du point de vue de la sécurité des personnes. Le rapport fournit des informations sur les essais et les événements qui ont remis en question le sujet et résume également les critères pour l’incendie de référence qui sont actuellement adoptés dans différents pays.
En outre, le rapport présente les différentes approches actuellement adoptées dans la plupart des pays pour le choix des incendies de référence dans les tunnels routiers.
La conception prescriptive implique l'application d'un incendie de dimensionnement donné par un code ou des normes qui peuvent varier en fonction du type de trafic, de la densité et de la longueur et de l'emplacement du tunnel, et le concepteur ou l'autorité choisirait la valeur appropriée pour un cas donné. La section 2.1 "Résumé des pratiques adoptées dans différents pays" du rapport AIPCR 2017 R01 " Caractéristiques des incendies de dimensionnement en tunnels routiers " résume les hypothèses d’incendie de dimensionnement utilisées dans différents pays.
Dans une approche basée sur les performances, un processus d'évaluation de la conception établira des niveaux de risque acceptables. Le point de départ peut être les valeurs prescriptives adoptées, modifiées en fonction des mesures d'atténuation et des niveaux de risque acceptables.
Entre ces deux approches, il existe des options intermédiaires qui permettent un certain degré de conception basée sur la performance sur la base d'orientations prescriptives.
L'influence des systèmes fixes de lutte contre l'incendie dans la définition et le choix d'un incendie de conception est examinée dans le rapport AIPCR 2016 R03 Systèmes fixes de lutte contre l'incendie dans les tunnels routiers : Pratiques actuelles et recommandations.
En conclusion, il n'est pas possible de spécifier un incendie de dimensionnement universel précis ; en effet, le faire serait incompatible avec la variabilité et la probabilité connues des différentes puissances d'incendie dans les tunnels. Cependant, une fois qu'elle est définie pour chaque cas spécifique, la capacité de ventilation pour les scénarios d'incendie peut être évaluée en conséquence, avec des considérations différentes selon le type de système de ventilation.
Ventilation longitudinale
Les systèmes de ventilation longitudinale induisent un flux longitudinal le long de l'axe du tunnel, ce qui permet un système de gestion des fumées efficace tant que le tunnel n'est occupé que d'un seul côté de l'incendie, en supposant donc que la circulation en aval puisse sortir du tunnel. La fumée est soufflée vers le côté inoccupé, de sorte que l’évacuation puisse se faire à contresens du courant d’air.
Ceci est obtenu lorsque la ventilation longitudinale est conduite à une vitesse au moins égale à la vitesse critique. Une vitesse trop faible entraînerait la propagation de la fumée en amont de l'incendie (phénomène de back-layering).
Figure : Exemple de la vitesse critique en fonction de la puissance thermique et de la hauteur du tunnel (INCLUDE FIGURE)
Ventilation transversale
Les récents développements en matière d'extraction semi-transversale de la fumée, visent à limiter la propagation de la fumée des deux côtés de l'incendie. Cela permet l’évacuation des deux côtés de l’incendie. Cette méthode est essentielle en situation d’évacuation au droit d’un incendie dans un tunnel à circulation bidirectionnelle ou dans un embouteillage. Idéalement, le système d'extraction devrait faire circuler l'air dans l'espace de circulation, de part et d’autre de l'incendie, comme le montre la figure. Cela permet de confiner la zone de fumée et d'augmenter l'efficacité de l'extraction.
Figure : Principe de confinement
Certains systèmes utilisent des trappes télécommandées qui permettent l'extraction ponctuelle de la fumée à proximité du feu. Les coûts de construction d'un système d'extraction sont plus élevés que pour les systèmes longitudinaux et, comme la taille des gaines requises augmente avec la puissance thermique, un incendie de dimensionnement plus important a un impact sur les coûts d'investissement.
Des informations supplémentaires sur les implications de l’incendie de dimensionnement pour le désenfumage sont disponibles dans le chapitre 3 du rapport AIPCR 2017 R01 " Caractéristiques des incendies de dimensionnement en tunnels routiers ".
4. Dimensionnement de la ventilation des tunnels routiers
Une fois que le type de système de ventilation a été choisi et que la capacité de ventilation (en termes de débit d'air requis) est déterminée, le dimensionnement de la ventilation du tunnel doit permettre de définir précisément les équipements pour fournir la capacité de ventilation requise, tant pour l'exploitation normale que pour les scénarios d'incendie.
En général, le dimensionnement de la ventilation pour la ventilation longitudinale consiste à calculer la poussée requise pour les accélérateurs ou les injecteurs Saccardo, tandis que pour la ventilation transversale, il faut estimer la dimension des gaines d'extraction et/ou d'insufflation d’air ainsi que le débit d'air, la pression et la puissance électrique des ventilateurs axiaux ou centrifuges associés.
Des informations plus détaillées sur les caractéristiques des équipements de ventilation sont disponibles à la page Système de ventilation des tunnels, incluse dans la page générale sur les équipements et systèmes .
Les informations générales et spécifiques suivantes peuvent être utiles lors du dimensionnement d'un système de ventilation longitudinal ou semi-transversal.
Ventilation longitudinale
À l'aide d'un jet d'air placé dans la colonne d'air du tunnel, la résistance au flux d'air peut être surmontée en convertissant la quantité de mouvement du jet en pression statique. Les jets d'air peuvent être placés à l'entrée du tunnel (Saccardo), soufflant de l'air extérieur dans le tunnel ou comme des ventilateurs le long du tunnel, chacun accélérant une partie du flux d'air du tunnel.
Les formules de base ont été données dans la section IV.2 "Ventilation longitudinale" du rapport AIPCR 1996 05.02 "Tunnels routiers" : Emissions, Environnement, Ventilation" pour le dimensionnement des systèmes d’accélérateurs (poussée et nombre) utilisés dans la ventilation longitudinale pour le fonctionnement normal, en tenant compte de nombreux facteurs tels que l'effet de pistonnement des véhicules, la contre-pression atmosphérique, la résistance des parois, etc. Les considérations relatives à la conception des accélérateurs incluaient l'influence du feu sur le système de ventilation, les effets météorologiques aux têtes des tunnels (principalement le vent), l’implantation optimale des ventilateurs, l'efficacité des ventilateurs et les niveaux sonores créés par le système de ventilateurs.
Le rapport AIPCR 2007 05.16 "Systèmes et équipements pour le contrôle du feu et de la fumée" comprenait des considérations supplémentaires pour évaluer l'influence du feu sur un système d’accélérateurs, fournissant des recommandations supplémentaires pour la distribution des souffleries le long du tunnel. L'exemple de calcul présenté à la section 12.3.3 est particulièrement intéressant pour le dimensionnement des systèmes de ventilation longitudinale. "Procédure de calcul des accélérateurs" , qui fournit des informations détaillées sur la procédure de dimensionnement des systèmes de ventilation longitudinale.
Ventilation transversale
Pour dimensionner un système de ventilation transversale pour les scénarios d'incendie, deux aspects doivent être pris en compte :
• le débit de fumée
• les exigences en matière de contrôle du flux d'air longitudinal.
Les formules de base sont données dans la section IV. 3 "Ventilation semi-transversale" du rapport AIPCR 1996 05.02 "Tunnels routiers : Emissions, Environnement, Ventilation" pour estimer la perte de pression totale le long du conduit de distribution et des postes de ventilation en fonctionnement normal.
Le rapport AIPCR 1999 05.05 "Maîtrise des incendies et des fumées en tunnel routier" , fournit un tableau (voir tableau 2.4.3) et la relation pertinente entre le dégagement de chaleur et les débits de fumée. En outre, dans la section V.8 "Recommandations sur la ventilation transversale et semi-transversale", des critères sont fournis pour le dimensionnement des systèmes de ventilation de ce type, y compris la capacité d'extraction, les différences entre les systèmes d'extraction distribués ou concentrés et l'influence de l'apport d'air frais sur le comportement des fumées.
Le rapport AIPCR 2007 05.16 "Systèmes et équipements pour la lutte contre l'incendie et la fumée " comprenait des considérations supplémentaires pour le choix de l'équipement de ventilation (voir section 12.4 "Trappes d’extraction des fumées").
5. Autres questions. Tunnels souterrains et urbains complexes
Par rapport aux tunnels conventionnels, des critères de conception spécifiques qui pourraient avoir un impact significatif sur la conception des systèmes de ventilation doivent être pris en compte dans le cas de tunnels urbains et de réseaux complexes.
La conception de systèmes de ventilation de tunnels urbains et complexes dépend fortement, entre autres, des facteurs suivants :
• Variations de la section transversale du tunnel
• Échanges avec d'autres tunnels, y compris avec d'autres moyens de transport
• Faible hauteur sous plafond
• Absence d'espace libre en surface dans les zones urbaines
• Impact sur l'environnement
• Volume de trafic élevé
On trouvera de plus amples informations à ce sujet dans le chapitre 6 du rapport 2016 R19 de l'AIPCR "Tunnels routiers" : Réseaux routiers souterrains complexes" et dans le rapport AIPCR 2008 R15 "Tunnels routiers urbains - Recommandations aux gestionnaires et aux exploitants pour la conception, la gestion, l'exploitation et la maintenance ".
Un système de contrôle de la ventilation bien conçu a deux objectifs principaux :
• en exploitation normale, pour fournir de l'air frais à un taux qui soit compatible à la fois avec le confort des usagers du tunnel et avec des conditions d’exploitation économiques, c'est-à-dire au taux minimum pour un niveau acceptable de qualité de l'air.
• dans des circonstances exceptionnelles ou des cas d'urgence (pannes d'équipement, accidents ou incendie dans le tunnel), le système de ventilation doit être capable de répondre rapidement et de manière fiable à chaque demande de ventilation spécifique.
Il est donc important de garder à l'esprit que les objectifs du système de ventilation et du système de contrôle associé sont différents selon la situation du tunnel.
Fonctionnement normal
Dans une situation d'exploitation normale, les niveaux de polluants dans le tunnel peuvent augmenter (en fonction des conditions de circulation et de la ventilation naturelle du tunnel) jusqu'à ce qu'il devienne nécessaire d'activer la ventilation mécanique, auquel cas celle-ci peut être effectuée soit automatiquement, soit manuellement.
Afin d'obtenir des informations sur les niveaux de polluants, des capteurs de monoxyde de carbone et de visibilité sont généralement disponibles dans le tunnel, bien que l'installation d'autres types de capteurs tels que les oxydes d'azote soit de plus en plus courante.
À l'origine, les mesures des polluants dans le tunnel étaient utilisées pour effectuer manuellement les actions sur la ventilation. Dans certains tunnels à faible niveau de surveillance, ces actions sont mises en œuvre dans le système de surveillance et de contrôle du tunnel qui les exécute automatiquement grâce à une série d'algorithmes ou de séquences prédéfinies.
Cependant, de nos jours, la plupart des tunnels sont équipés de systèmes de contrôle de la ventilation automatique dont l'objectif est non seulement de garantir les niveaux de qualité de l'air requis, mais aussi d'y parvenir efficacement en minimisant la consommation d'énergie et les besoins d'entretien des équipements (voir la section 4.3 "Actions visant à réduire les coûts d'exploitation des tunnels" du rapport AIPCR 2017 R02 "Exploitation des tunnels routiers : Premiers pas vers une approche durable").
En ce qui concerne la ventilation de routine, un débit d'air optimal est un débit qui satisfait à deux exigences contradictoires : le débit de ventilation doit être suffisant pour diluer les polluants générés par les véhicules, tandis que les quantités de débit d'air doivent être aussi faibles que possible afin de réduire la consommation d'énergie des ventilateurs et donc les coûts d'exploitation.
L'optimisation du contrôle de la ventilation pour des considérations de qualité de l'air en fonctionnement normal est cruciale pour réduire la consommation d'énergie. C'est une question importante car cette consommation représente une part significative du coût d'exploitation d'un tunnel.
L'ajustement constant du débit d'air pour répondre aux besoins est un problème difficile, surtout dans le cas de tunnels longs et complexes où le contrôle des flux d'air de ventilation peut être difficile à maintenir.
Le chapitre IV "Contrôle de la ventilation" du rapport AIPCR 2000 05.09 "Pollution par le dioxyde d'azote dans les tunnels routiers" décrit certains des critères habituellement pris en compte et les critères les plus courants.
Ventilation d'urgence
La ventilation d'urgence, en revanche, nécessite des interventions rapides et bien ciblées, des temps de réponse courts et une séquence bien définie de toutes les activations. Les objectifs de la ventilation d'urgence sont donc très différents de ceux de la ventilation normale, et les considérations économiques ne sont plus la principale préoccupation.
Dans une situation d'incendie, les actions sur la ventilation sont normalement associées à des systèmes de détection automatique ou à la supervision du centre de contrôle, qui permettent le déclenchement des séquences d'action pour la ventilation prédéfinie. Ainsi, les systèmes de contrôle de la ventilation sont un outil de plus dans l'ensemble des outils disponibles pour atténuer les conséquences d'une situation d'incendie.
C'est pourquoi le contrôle de la ventilation doit être considéré avec une approche globale qui tient compte du lien étroit entre les procédures d'action des services d'urgence, les actions de l'opérateur du centre de contrôle et les relevés dans le tunnel en termes de comportement des fumées. Des commentaires généraux sur l'importance de la prise en compte de la ventilation dans la définition des plans d'intervention en cas d'incendie sont disponibles dans la section VIII.4.1 "Planification de l'intervention en cas d'incendie" du rapport AIPCR 1999 05.05 "Maitrise des incendies et des fumées".
La conception de scénarios de contrôle de la ventilation appropriés pour chaque situation d'incendie possible est une partie très importante du processus : voir le rapport technique AIPCR 2011 R02 "Tunnels routiers" : Stratégies opérationnelles pour la ventilation d'urgence" . Ces scénarios peuvent être simples, notamment lorsque la stratégie purement longitudinale est appliquée, ou impliquer un grand nombre de dispositifs de mesure et de ventilation dans des tunnels complexes à ventilation transversale ou dans des tunnels à extraction ponctuelle massive pour lesquels le contrôle du flux d'air longitudinal peut être nécessaire.
Il existe de nombreuses façons et stratégies d'aborder la conception d'un système de contrôle de la ventilation en cas d'incendie, qui dépendent de multiples facteurs tels que le degré de supervision, les moyens de détection, les stratégies de ventilation et le type de système.
Premièrement, sa conception doit tenir compte de l'évolution prévue de l'incident, des différentes étapes qui se produisent tout au long de la situation d'urgence et de l'influence de la ventilation sur le comportement des fumées. Bien que dans certains cas, les actions sur les équipements de ventilation soient simples et ne nécessitent pas de systèmes de contrôle complexes, il est souvent nécessaire de prendre en compte des critères sophistiqués.
Aujourd'hui, le développement et la mise en œuvre de systèmes de contrôle de la ventilation en cas d'incendie représentent une partie importante de la conception de la ventilation, dans laquelle la définition des algorithmes de contrôle nécessaires est particulièrement importante et il est crucial de pouvoir garantir la qualité et la fiabilité des mesures sur le terrain (capteurs de vitesse et de détection de fumée).
Le chapitre "Réaction des systèmes de commande de la ventilation en cas d’incendie" du rapport technique AIPCR 2011 R02 "Tunnels routiers : Stratégies d’exploitation de la ventilation en situation d’urgence" fournit des informations détaillées sur les défis et les besoins des systèmes de contrôle pour la gestion de la ventilation et les expériences actuelles dans ce domaine.
Le concept de "développement durable" peut avoir une signification légèrement différente d'un pays à l'autre et sa portée peut varier. Cependant, le concept le plus largement accepté repose sur trois piliers principaux : économique, environnemental et sociétal.
Le concept de développement durable peut être appliqué à différents domaines d’activité, y compris les tunnels routiers, en particulier pour l'exploitation de ce type d'infrastructure.
Comme nous le savons, l'exploitation d'un tunnel routier dépend fortement des phases de conception et de construction qui précèdent sa mise en service. Plus précisément, il est nécessaire de prendre en compte l'effet des solutions retenues lors de la phase de conception d'un projet sur les conditions d'exploitation ultérieures. En d'autres termes, cela signifie que si la solution choisie n'est pas idéale, il sera très difficile de l'optimiser tout au long du cycle de vie du tunnel. Le rapport technique 2017R02FR "Exploitation des tunnels routiers : Premiers pas vers une approche durable" est entièrement consacré aux questions de durabilité et, en particulier, à l'optimisation des trois piliers.
Ce chapitre donne des informations sur les trois principaux piliers du concept de développement durable. L'équilibre entre ces piliers doit être estimé avec précision pour chaque conception de projet. Néanmoins, nous devons garder à l'esprit que le développement durable représente une approche holistique de tous les secteurs et paramètres concernés, ainsi qu'une pondération acceptable et équilibrée des objectifs économiques, environnementaux et sociétaux.
Le chapitre est divisé en quatre pages :
- Questions économiques,
- Les questions environnementales,
- Questions de société,
- La consommation d'énergie.
Un tunnel crée de la richesse. Au niveau national, l'essentiel de cette création de richesse est dû à la réduction du temps de parcours, notamment pour le transport de marchandises. Il convient de noter que les avantages économiques des investissements dans les tunnels routiers sont une question très complexe et principalement liée à une évaluation subjective par les décideurs. Toutefois, les arguments économiques qui sous-tendent la décision de construire un tunnel tiennent largement compte des avantages par rapport aux coûts.
Les avantages potentiels de la construction d'un tunnel peuvent prendre en compte les questions suivantes :
• Avantages pour les usagers de la route - en raison de la modification de la durée des trajets et des coûts d'exploitation des véhicules
• Avantages en matière de fiabilité des temps de parcours - changements dans la fiabilité des temps de parcours du réseau.
• Des avantages économiques plus larges - aide à l'emploi et au logement, potentiel de régénération, économie d'agglomération.
L'évaluation décisionnelle des coûts d'installation d'un nouveau tunnel devra tenir compte de trois éléments principaux : les coûts d'investissement, d'exploitation et de maintenance. Les coûts de construction et d'entretien devront tenir compte de l'impact sur le temps de déplacement des usagers de la route et les coûts d'exploitation des véhicules pendant la construction et l'entretien du projet.
Pendant la phase de construction, il est nécessaire de s'assurer que toutes les spécifications techniques prévues sont mises en œuvre et que les objectifs identifiés sont atteints. Enfin, il est important d'être particulièrement vigilant sur les aspects financiers, afin de s'assurer que le coût des travaux reste dans les limites du budget global alloué
L'objectif premier de la protection de l'environnement est de réduire l'impact sur l'air, l'eau et le sol à un niveau acceptable à long terme.
Les avantages de la construction d'un tunnel devraient tenir compte des avantages en matière de gaz à effet de serre découlant de la réduction du temps de trajet et des coûts d'exploitation des véhicules.
La préservation des espèces vivant autour du tunnel peut nécessiter la mise en place de mesures spéciales. Ces mesures peuvent viser à rétablir les passages pour certaines espèces ou à préserver les zones de reproduction. Dans certains cas, la position de certaines installations techniques peut être modifiée (unités de ventilation, puits d'extraction, etc.).
Afin d'éviter la présence exceptionnelle de ces espèces sur la chaussée ou dans le tunnel (qui peut présenter des risques importants pour les conducteurs et pour les espèces en question), des mesures spécifiques telles que des clôtures ou des enclos peuvent être nécessaires.
L'utilisation des ressources naturelles doit être soigneusement examinée lors de la phase de conception, si possible en privilégiant les matériaux qui ont la plus faible empreinte carbone ou en recyclant les matériaux déjà utilisés ailleurs. En outre, pour minimiser l'utilisation des ressources énergétiques, la conception doit tenir compte de la consommation d'énergie tant pendant la phase de construction (adapter la conception à des méthodes de construction moins énergivores) que pendant la phase d'exploitation du tunnel.
En ce qui concerne les trois composantes du pilier environnemental (conservation des espèces, des ressources et de l'énergie), la phase de construction a des impacts considérables. Un tunnel doit être construit de manière à ce que l'impact sur l'environnement soit aussi faible que raisonnablement possible. Les fournisseurs sélectionnés doivent :
• appliquer un processus durable pour la production de matériaux de construction et les moyens de transport,
• réduire la distance nécessaire au transport des matériaux de construction sur le site,
• utiliser des équipements économes en énergie, etc.
Toutes les actions prévues pour la conservation des espèces animales présentes à proximité des travaux ou à proximité du tunnel fini doivent être entreprises dans le strict respect des spécifications environnementales définies pendant la phase d'étude.
L'impact d'un tunnel sur les conditions de logement et la santé peut être positif pour les résidents qui ne souffriront plus de nuisances sonores puisqu'elles disparaîtront avec la construction du tunnel. Il peut parfois être négatif pour les personnes vivant à proximité des têtes du tunnel (si le tunnel a été mal conçu) qui seront soumises à des nuisances sonores accrues ou à des niveaux de pollution plus élevés. L'installation de murs antibruit pourrait donc être considérée comme une mesure pour une exploitation durable des tunnels routiers.
En outre, nous devons examiner l'impact que le tunnel routier peut avoir sur l'attractivité économique de régions qui, auparavant, avaient de mauvaises conditions d'accès.
Les points mentionnés ci-dessus concernant l'évaluation économique doivent également être considérés sous l'angle des avantages ou des coûts sociaux. Par exemple, en créant de nouvelles liaisons intégrant un tunnel, le temps de trajet pour se rendre au travail pourrait être considérablement amélioré, ce qui entraînerait des avantages non seulement économiques mais aussi sociaux - par exemple, plus de temps passé avec la famille et les amis grâce à une réduction du temps de trajet.
D'autres aspects à prendre en considération pour les options durables pourraient être la faisabilité de la marche à pied et des pistes cyclables, des mesures telles que des pistes cyclables réservées aux piétons étant également intégrées dans la conception dès le départ.
D'un point de vue social, la phase de construction peut avoir des effets très différents : positifs ou négatifs.
Pour les habitants à proximité du chantier, il est évident que les travaux peuvent constituer une nuisance (perturbations de la circulation, bruit, poussière, etc.). ). Des mesures appropriées doivent donc être prises pour réduire ces nuisances, afin que les habitants soient dérangés le moins possible.
Du côté positif, c'est pendant la phase de construction que l'impact sur l'emploi est le plus important. La construction d'un tunnel nécessite une main-d'œuvre considérable sur une longue durée, surtout si la longueur du tunnel est importante. Cette main-d'œuvre n'est pas nécessairement locale, mais le plus souvent, une partie considérable de cette main-d'œuvre est engagée à proximité du chantier. De plus, la main-d'œuvre non locale a un impact indirect sur l'économie locale (hôtels, restaurants, etc.).
Les principaux équipements consommateurs d'énergie dans un tunnel en fonctionnement normal sont :
• L'éclairage ;
• La ventilation sanitaire ;
• Les dispositifs de sécurité (signalisation, télévision en circuit fermé CCTV, etc.) ;
• Les dispositifs de pompage (dans les tunnels sous-marins ou en cas d'infiltration d'eau).
La part respective de chacun de ces systèmes consommateurs d'énergie est très variable, en fonction des caractéristiques spécifiques du tunnel : longueur, pente, entrée d'eau, etc. Considérons, par exemple, le cas d'un tunnel court : il ne sera pas ventilé (donc l'élément de ventilation est enlevé), mais il sera éclairé avec des zones d'entrée couvrant presque toute sa longueur et, en raison de sa brièveté, l'éclairage sera un facteur de consommation d'énergie important. En revanche, pour les tunnels très longs, la consommation d'énergie de l'éclairage sera faible par rapport à celle du système de ventilation.
En ce qui concerne les dépenses énergétiques, la première chose qu'un exploitant peut faire, pour un besoin énergétique donné, est de mettre ses prestataires en concurrence en consultant plusieurs fournisseurs qui fournissent le type d'électricité à utiliser (énergie renouvelable). Cette approche suppose que l'installation soit optimisée en termes de puissance installée et de temps de fonctionnement des différents équipements.
En effet, nous avons vu que la dépense énergétique est étroitement liée à deux facteurs : la puissance installée par famille d'équipements et le temps de fonctionnement de chaque famille d'équipements.
Pour chaque famille d'équipements, la puissance installée est évaluée pendant la phase d'étude et est fixée pendant la phase de mise en œuvre. Une fois que la structure est opérationnelle, la puissance peut être principalement modifiée pendant la rénovation. À ce stade, elle peut être diminuée si la réglementation n'a pas changé et si la performance énergétique de l'équipement de remplacement s'est améliorée. Elle peut être augmentée si les réglementations sont devenues plus strictes (par exemple : plus grande capacité d'extraction de la fumée).
Fondamentalement, en dehors des rénovations, si un exploitant veut réduire ses dépenses en électricité, il ne peut le faire qu'en optimisant les temps de fonctionnement des équipements installés et en surveillant les heures de pointe.