Ce chapitre donne des informations sur les principes généraux de la maintenance, des inspections techniques et des cycles de vie. Certaines informations relatives aux tunnels complexes, aux travaux de génie civil et à la viabilité hivernale sont également données.
Les éléments structurels et les équipements techniques doivent faire l'objet d'un entretien régulier, dont le but est de garantir des conditions de conduite sûres pour le public en maintenant le tunnel à son niveau de sécurité prévu (Page Entretien des équipements ). Des recommandations générales pour l'entretien des tunnels sont définies ainsi que les caractéristiques spécifiques et leurs installations.
Les aspects liés au cycle de vie ou au coût du cycle de vie (CCV) sont de plus en plus importants. D'un point de vue économique, il est important de considérer ces aspects à la fois dans la conception et dans l'exploitation des équipements de tunnel (Page Cycle de vie des équipements de tunnel ).
Il est important de vérifier que les actions de maintenance menées ont permis d'atteindre les objectifs prédéfinis. Ces vérifications prennent la forme d'inspections techniques, leur but étant de s'assurer que les actions de maintenance effectuées permettent un fonctionnement satisfaisant des équipements et que la fréquence des actions de maintenance est adéquate (Page Inspections techniques ).
Bien que les actions de maintenance sur un "réseau routier souterrain complexe" soient essentiellement similaires à celles d'un tunnel routier classique, elles sont plus complexes en raison :
• de la complexité des systèmes d'exploitation souvent construits à des époques différentes, avec de nombreuses disparités en matière de technologie et de vieillissement. Cela nécessite une très bonne connaissance des équipements de la part des équipes de maintenance, la gestion de lots de pièces de rechange plus diversifiés, et une vigilance particulière sur l'obsolescence,
• des systèmes qui peuvent être globalement plus sensibles et moins fiables en raison de leur multiplicité, de leur diversité technologique, de leur interactivité et de leur ancienneté,
• des volumes de trafic qui limitent les périodes d'intervention et leur durée.
• de la coordination nécessaire avec tous les opérateurs des autres infrastructures connectées, qu'elles soient souterraines ou à l’air libre.
Les recommandations spéciales concernant l'entretien d'un "réseau routier souterrain" sont présentées à la page "Entretien des réseaux souterrains complexes" .
Dans certains pays, et pas seulement dans les zones montagneuses mais aussi dans les régions très froides, la viabilité hivernale peut être un véritable défi pour maintenir le tunnel fonctionnel et sûr ou pour mettre en place de nouveaux équipements et technologies électroniques et mécaniques (voir la page sur la viabilité hivernale)
Les ouvrages de génie civil à l'intérieur du tunnel doivent également faire l'objet d'une surveillance et d'inspections régulières. Il est nécessaire d'effectuer un entretien régulier des installations telles que les systèmes de drainage, les caniveaux et toutes les structures secondaires (locaux à l'intérieur du tunnel, locaux techniques, etc.). Pour plus d'informations, veuillez consulter la page "Travaux de génie civil".
Pendant toute la durée de vie du tunnel, l'exploitant doit assurer à la fois l'entretien des ouvrages de génie civil et des équipements du tunnel (voir le rapport 05.13 "Bonnes pratiques pour l'exploitation et l'entretien des tunnels routiers" ). L'entretien des ouvrages de génie civil n'est pas décrit dans ce paragraphe.
Les opérations de maintenance sur les équipements peuvent être classées en deux groupes :
• Les mesures préventives qui sont effectuées à intervalles fixes dans le but de maintenir les équipements en bon état de fonctionnement. La maintenance préventive offre l'avantage d’empêcher, dans la mesure du possible, les pannes imprévisibles et est facile à planifier à l'avance. Elle peut toutefois entraîner des coûts élevés si les interventions sont trop fréquentes. Il convient donc de l'optimiser de manière appropriée. Il existe deux types de maintenance préventive : la maintenance systématique et la maintenance prédictive.
• Les actions correctives qui sont menées lorsqu’un système ou une partie d'un système a connu une défaillance ou a été endommagé. La maintenance corrective offre l'avantage d'utiliser un système au maximum de sa durée de vie. Son inconvénient, cependant, est qu'elle ne peut pas être planifiée et que, par conséquent, les réparations d'urgence sont normalement effectuées avec un surcoût important et des conséquences sur le flux de trafic.
Il est recommandé de recourir à la maintenance préventive dans la mesure du possible et pour les systèmes qui ne sont pas redondants et qui sont liés à la sécurité. La maintenance préventive permet de planifier conjointement les différentes tâches de maintenance en cas de fermeture du tunnel à la circulation. De plus, elle permet de maintenir les équipements en bon état de fonctionnement. On peut cependant noter que même lorsque la maintenance préventive est très bien effectuée, l'exploitant ne peut pas éviter les interventions correctives. Toutefois, la maintenance préventive permet de réduire au minimum les interventions correctives coûteuses.
En général, le personnel de l'exploitant n'effectue pas toutes les tâches de maintenance ; l'exploitant confie normalement les travaux à des entreprises et plusieurs options sont donc possibles :
• Il est possible de sous-traiter uniquement les tâches de maintenance liées à un niveau technique spécifique. L'exploitant peut ainsi sous-traiter des tâches qui ne présentent aucune complexité technique (nettoyage, lavage, ... ) ou il peut sous-traiter uniquement des tâches très complexes (système de supervision, équipement de retransmission radio, etc.).
• Il est possible de sous-traiter toutes les tâches d'un ou de plusieurs groupes d'équipements (tous les systèmes de ventilation, toutes les installations de télésurveillance, etc.).
Le chapitre 7 du rapport technique 05.06.B intitulé "Cost of maintenance" , le chapitre 4 du rapport technique 05.13.B intitulé "Gestion et exploitation " et le chapitre 6 du rapport technique 2007R04 intitulé "Organisation du personnel d’exploitation " fournissent de plus amples informations sur la maintenance.
S'ils dépassent quelques centaines de mètres de longueur, les tunnels routiers doivent être dotés d'équipements permettant d'assurer la sécurité des usagers dans des conditions normales ou en cas de perturbation de l' exploitation normale. En raison de leur implication dans la chaîne de sécurité globale du tunnel, ces équipements doivent être sélectionnés et conçus avec le plus grand soin, en ce qui concerne l'entretien, l'inspection et la rénovation. C'est pourquoi un rapport a été rédigé pour aider l'exploitant ou l'organisme d'exploitation au sujet de la maintenance et des inspections technique.
Le rapport technique 2012R12FR intitulé "Recommandations pour gérer la maintenance et les inspections techniques des tunnels routiers" donne des recommandations pour la gestion de l'entretien, essentiellement dans le domaine des équipements. Les aspects relatifs au génie civil léger sont énumérés et décrits très brièvement.
Les aspects liés au coût du cycle de vie (CCV) sont devenus une question importante pour les propriétaires privés de tunnels, ainsi que pour les organismes gouvernementaux. Une bonne connaissance des cycles de vie permet d'optimiser les coûts d'investissement au cours des premières étapes de la conception d'un système. Elle est également utile pour organiser l'entretien périodique des équipements techniques. Le rapport technique 2012R14FR intitulé " Considérations sur le cycle de vie des équipements électriques des tunnels routiers " décrit comment les aspects des CCV soutiennent la conception des équipements ainsi que les concepts de maintenance. En gardant à l'esprit que les décisions d'investissement sont souvent motivées par la technologie et que les coûts des équipements ont augmenté de façon spectaculaire ces dernières années, le rapport aide à comprendre le processus du cycle de vie et le processus de vieillissement des matériaux. Le rapport fournit des connaissances de base sur les aspects du CCV qui pourraient être utiles pour des enquêtes plus approfondies. Une attention particulière est accordée aux conditions ambiantes environnantes, par exemple les températures, qui ont un impact significatif sur le processus de vieillissement.
En complément de ce rapport, le rapport technique 2016R01FR intitulé "Bonnes pratiques pour l'analyse du cycle de vie des équipements des tunnels routiers" décrit comment l'analyse du cycle de vie au sens de l'analyse de l'état doit être effectuée systématiquement, comment les critères du système peuvent être utilisés, comment l'agrégation des différents critères doit être effectuée et comment les méthodes d'analyse du système basées sur le risque peuvent être appliquées. Une attention particulière est accordée à l'agrégation problématique de différentes valeurs d'état, évaluées à l'aide d'un ensemble de critères. Le rapport décrit et clarifie la manière dont les critères peuvent être vérifiés en ce qui concerne les dépendances et comment l'"orthogonalité" peut être atteinte. Il explique également que les méthodes d'"échantillonnage aléatoire" sont rarement appropriées en raison du faible nombre d'éléments inspectés.
LE CYCLE DE VIE DES ÉQUIPEMENTS DE TUNNEL
L’augmentation de la diversité des équipements en tunnel conduit à avoir des cycles de vie qui peuvent varier considérablement d'une famille d'équipement à l'autre.
Certains équipements peuvent avoir une durée de vie de plus de 20 ans (alimentation électrique, ventilation...) ; d'autres une durée de vie d'une dizaine d'années (notamment les équipements comportant beaucoup d'électronique). Pour certains, leur durée de vie peut même être inférieure à 10 ans.
Il est donc essentiel d'examiner la durée de vie de chaque famille d'équipement, avec une attention particulière lorsque cette durée de vie est faible (10 ans ou moins). L'objectif de cet examen est d'identifier les facteurs qui ont une forte influence et sur lesquels on peut agir pour assurer la durée de vie de l’équipement, voire l'améliorer.
Il est particulièrement utile de prendre en compte des facteurs tels que la température, l'humidité, les contraintes mécaniques et l'environnement.
Une analyse du cycle de vie peut être réalisée à différentes étapes de la vie d'un tunnel (et de ses équipements) :
Les rapports techniques 2016R01 "Meilleure pratique pour l'analyse du cycle de vie des équipements de tunnel" et 2012R14 "Aspects du cycle de vie des équipements électriques des tunnels routiers" fournissent de plus amples informations sur cette problématique.
Les équipements d'un tunnel sont très variés. Depuis les équipements électromécaniques (alimentation électrique, ventilation, éclairage...), jusqu’aux équipements d'exploitation utilisant des technologies plus récentes (vidéosurveillance, GTC-Supervision, détection automatique d'incidents...), ils nécessitent des interventions plus ou moins fréquentes pour garantir leurs fonctionnalités.
Les interventions à effectuer sur les équipements peuvent être regroupées en trois grandes catégories :
La maintenance peut être définie comme un ensemble d'actions qui permettent de maintenir un équipement dans un état spécifié, de le rétablir dans cet état ou bien qui garantissent qu'il peut fournir un service spécifique. Ces actions peuvent être de nature préventive (on parle alors de maintenance préventive) ou corrective (maintenance corrective).
Le contrôle de la maintenance, au sens large, vise à s'assurer que les actions de maintenance réalisées permettent un fonctionnement satisfaisant des équipements et que les ressources financières allouées sont adaptées aux besoins.
Une évaluation peut être réalisée en effectuant des contrôles techniques à des périodes déterminées :
L'inspection initiale doit être réalisée avant la mise en service des équipements. Elle vise, d'une part, à vérifier la qualité et les performances des installations et, d'autre part, à s'assurer que le tunnel et ses équipements sont conformes à la réglementation, notamment en matière de sécurité.
L'inspection initiale, qui fournit une référence sur l'état et les performances des équipements du tunnel lors de sa mise en service, doit être suivie d'autres inspections tout au long de la vie de l’ouvrage. Ces inspections doivent être effectuées périodiquement à un intervalle qui peut varier d'un pays à l'autre, mais qui est, dans la plupart des cas, de l'ordre de plusieurs années.
Les résultats obtenus lors de ces différents contrôles permettent donc de vérifier que la maintenance est bien adaptée et que les budgets, en termes de dépenses et de ressources financières, permettent d'atteindre les objectifs fixés.
Lorsque l'équipement approche de sa fin de vie, ces inspections permettent également de planifier des actions de remise en état ou de renouvellement.
De plus amples informations sur les inspections techniques sont disponibles dans le rapport technique 2012R12EN : Recommandations sur la gestion de l'entretien et du contrôle technique des tunnels routiers.
1. Responsabilité de chaque exploitant
2. Engagement de chaque exploitant dans le cadre de la stratégie globale de maintenance
3. Coordination entre les explotants
4. Partage des meilleures pratiques
L'entretien des tunnels complexes est une question globale et interdépendante où la contribution d'un secteur doit être complétée de manière proactive par la contribution d'autres secteurs. L'objectif de la maintenance dans les structures souterraines et complexes des tunnels est d'améliorer le niveau de service de l'infrastructure et de réduire les coûts d'exploitation. Lorsque la maintenance est effectuée au bon moment du cycle de vie du tunnel, elle optimise les équipements disponibles, minimise le risque d'accident et contribue largement à la sécurité des usagers. Il est rappelé aux exploitants de tunnels, en particulier à ceux qui sont impliqués dans l'entretien d’importantes infrastructures souterraines et interconnectées, qu'ils doivent optimiser leurs stratégies d'entretien et renforcer la confiance de l’usager dans l'utilisation de ces infrastructures en les rendant plus sûres, efficaces et accessibles en permanence.
Les éléments stratégiques liés à l'entretien des réseaux de tunnels peuvent être divisés en quatre catégories :
• La responsabilité de chaque exploitant,
• L'engagement de chaque exploitant dans le cadre d'une stratégie de maintenance globale,
• La coordination entre les exploitants,
• Les meilleures pratiques à partager.
1. Responsabilité de chaque exploitant
Chaque exploitant est responsable du niveau de sécurité de son infrastructure, ce qui contribue au niveau de sécurité global de l'ensemble du complexe. Chaque exploitant est responsable d'informer l'exploitant principal de ses demandes d'entretien et des demandes des autres exploitants. Un plan global de coordination de la maintenance doit être établi entre tous les explotants et adapté à chacun. L'accent devrait être mis sur les avantages globaux et il est essentiel de réduire au minimum la durée d'exploitation dégradée des tunnels.
En même temps, chaque exploitant a des responsabilités qui peuvent être influencées par les actions d'autres exploitants. L'exploitant principal de l'infrastructure du tunnel souterrain est responsable de l'ensemble du processus de coordination et de communication.
2. Engagement de chaque exploitant dans le cadre de la stratégie globale de maintenance
Chaque exploitant est responsable de la gestion et de l'entretien de ses propres équipements. Chaque exploitant doit établir la liste des équipements sous sa responsabilité et la partager avec les autres exploitants.
Certains équipements pourraient être considérés comme stratégiques, nécessitant des responsabilités collectives. La liste de ces équipements stratégiques doit être établie, discutée et partagée. Il faut également définir clairement qui est responsable de quoi.
Il est essentiel d’admettre que les efforts collectifs des exploitants entraîneront des responsabilités combinées pour tous ceux qui participeront à la démarche.
3. Coordination entre les exploitants
Le processus de coordination dans le cadre des tunnels souterrains complexes et interconnectés est lié à ce qui suit :
a) Comportement organisationnel
Il est nécessaire de développer le travail en groupe, ce qui n'est possible que si le comportement organisationnel est établi par rapport aux besoins de l'infrastructure (voir Exploitation de tunnels complexes ).
b) La maintenance de l'un a des implications sur les autres
• Lorsque des interfaces sont inévitables, il est important que chaque exploitant respecte pleinement ses obligations en temps utile. Cela peut avoir un impact direct sur les usagers du tunnel routier et sur la qualité globale du service offert au public.
• Les interfaces impliquent un travail d'équipe, de la proactivité et des compromis. Aucun travail d'amélioration ne doit être entrepris s'il conduit à des situations compliquées pour les autres exploitants de tunnel.
4. Partage des meilleures pratiques
Les meilleures pratiques en matière de maintenance des tunnels nécessiteront également un effort cohérent de la part des principaux acteurs et parties prenantes. Cela peut être réalisé en définissant un ensemble de principes et de procédures énoncés dans le manuel de procédure de l'exploitant, généralement connu sous le nom de manuel d'exploitation. Les exploitants de tunnels sont encouragés à se familiariser avec tous les éléments clés du manuel d'exploitation qui sont applicables à leurs fonctions et qui ont été développés par l'AIPCR au cours de nombreuses années.
1. Introduction
2. Enjeux
3. Problèmes, actions préventives, actions correctives et contraintes
4. Considérations relatives à la construction et à la conception
5. Références
6. Articles
L'hiver crée des conditions très difficiles pour les tunnels routiers. Par exemple, sous l'effet du froid, les infiltrations d'eau peuvent produire des fissures dans le béton, provoquer le soulèvement des dalles, rendre la chaussée du tunnel glissante ou former des glaçons au-dessus de la chaussée. Lorsque l'eau gèle, elle peut obturer ou détruire les conduits d'évacuation et rendre les systèmes de sécurité incendie inopérants. Les tempêtes de neige, la grêle et la pluie verglaçante rendent les routes glissantes et dangereuses, en particulier à l'entrée et à la sortie des tunnels (Figure 1). Le risque d'accident ou de carambolage augmente donc, et il est également plus difficile pour les services d'urgence de se rendre sur le lieu d'un accident, en particulier aux heures de pointe.
Figure 1: Tempête de neige à l'entrée du Tunnel de Somport (Espagne)
Figure 1 : Tempête de neige à l'entrée du Tunnel de Somport (Espagne)
Les considérations qui influent sur l'aptitude au service hivernal des tunnels routiers sont à la fois nombreuses et variées. L'exploitant, dont la mission est d'assurer la sécurité des usagers, doit donc tout mettre en œuvre pour lutter contre les effets néfastes de l'hiver et faire en sorte que les usagers bénéficient de conditions sûres dans des circonstances parfois très difficiles, comme les événements météorologiques extrêmes. L'exploitant doit coordonner de manière adéquate ses équipes qui vont enlever la glace et déneiger les tunnels, qui peuvent intervenir difficilement et lentement dans un trafic dense. La visibilité dans les tunnels diminue encore pendant les mois d'hiver, en raison de l'encrassement des luminaires et des dépôts de particules le long des murs, qui affectent également les caméras de surveillance et les capteurs de qualité de l'air. L'exploitant doit assurer la disponibilité opérationnelle de tous les équipements de sécurité et de protection contre l'incendie, qui doivent également être protégés du gel.
La continuité opérationnelle est de la plus haute importance pour l'exploitant. Cependant, selon la nature des problèmes rencontrés en hiver, tout événement majeur entraînant une fermeture ou une réduction des opérations aura inévitablement des répercussions sur l'ensemble du réseau, entraînant des coûts socio-économiques liés aux retards et aux plaintes des usagers. Plus que toute autre saison, l'hiver compromet la pérennité de l’exploitation. Une bonne gestion du réseau est donc essentielle.
Les communications permettent de transmettre de l’information afin de faciliter la gestion des situations difficiles. A tout moment, l'exploitant doit fournir des informations utiles aux médias afin d'informer rapidement les usagers de l'état des routes, des fermetures et des opérations de déneigement. Dans une organisation de transport, des communications efficaces, structurées selon une hiérarchie décisionnelle bien définie, permettent de gérer efficacement les événements météorologiques extrêmes qui nécessitent des décisions importantes, telles que la fermeture de voies ou de tunnels, que ce soit pour des raisons de sécurité ou des opérations de déverglaçage.
Figure. 2 : Déneigement du tunnel Viger sans perturbation du trafic - Montréal Québec (Canada)
Le tableau 2 présente une liste des problèmes particuliers inhérents aux conditions hivernales auxquels doivent faire face les exploitants de tunnels routiers. Il présente également une liste non exhaustive d'actions préventives et correctives, en plus des contraintes habituelles auxquelles les exploitants doivent faire face en exploitation.
Tableau 2 - Problèmes, solutions et contraintes
Problèmes |
Actions preventives |
Actions correctives |
Contraintes |
|
Infiltration d'eau |
- Programme d'identification et de colmatage des fuites et des infiltrations - Surveiller les joints d’étanchéité |
- Gérer les infiltrations - Installer des conduits provisoires chauffés - Réparer les joints d’étanchéité |
- Maintenir la fluidité du trafic - Les périodes de forte circulation - Autorisation de fermer temporairement les voies pour l'entretien (fermetures généralement la nuit ou le week-end) - Des conditions de travail difficiles dans les tunnels routiers |
|
Formation de stalactites de glace |
- Localiser les glaçons et les stalactites et procéder aux opérations de dégivrage si nécessaire lorsque la sécurité des utilisateurs est compromise |
- Disponibilité des équipes et du matériel de déneigement - Les périodes de forte circulation - Permis de fermeture temporaire de voies pour entretien - Des conditions de travail difficiles dans les tunnels routiers |
||
Gel ou neige sur la chaussée : - Des conditions de glisse inattendues dans les tunnels routiers - Les véhicules à moteur et les poids lourds ont des difficultés à sortir des tunnels pendant les tempêtes de neige, ce qui provoque des ralentissements, des embouteillages et des accidents - Risque de dérapage dans les accès en pente, entraînant une perte de contrôle des automobilistes, accidents |
- Inspection des équipements de déneigement après utilisation et avant rangement - Application de produits de dégivrage lorsque les précipitations commencent - Installation et utilisation de systèmes de dégivrage des routes (câbles chauffants, chauffage à eau chaude, etc.) aux accès des tunnels - Diagnostic prédictif pour le préchauffage des équipements sensibles au froid extrême |
- Enlever et transporter la neige et appliquer des agents de déverglaçage (les abrasifs sont à éviter car ils peuvent bloquer les conduits d'évacuation) |
- Budget - Disponibilité des équipes et du matériel de déneigement (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) - Les périodes de fort trafic - Autorisation de fermeture temporaire de voies pour entretien - Restrictions sur l'utilisation des agents de déverglaçage (impact environnemental, toxicité, précautions de stockage et d'application, récupération, transport et destruction) - Efficacité des agents de déverglaçage par rapport à la température - Risque d'endommagement de la structure en béton par des agents de déverglaçage (par exemple, le sel) |
|
Débris et formation de glace dans les tuyaux d'évacuation |
- Programme d'inspection périodique - Nettoyer les tuyaux, percer des trous si nécessaire - Vérifier le fonctionnement des câbles chauffants - Surveiller les alarmes de basse température dans les systèmes protégés |
- Tuyaux de chasse d'eau - Enlever la glace dans les gouttières - Percer des trous dans les tuyaux selon les besoins - Remplacer les éléments de drainage défectueux |
- Maintenir la fluidité du trafic - Les périodes de forte circulation - Autorisation de fermer temporairement les voies pour l'entretien (fermetures généralement la nuit ou le week-end) - Des conditions de travail difficiles dans les tunnels routiers |
|
Accumulation de saletés sur les murs, le plafond et les équipements du tunnel, tels que les caméras de surveillance, les appareils d'éclairage, les capteurs de qualité de l'air, les équipements de signalisation, les indicateurs de voies d'évacuation, etc. |
- Inspections visuelles - Opérations de maintenance, y compris le nettoyage des caméras de surveillance, des murs et des luminaires en dehors des heures de pointe |
- Opérations de maintenance, y compris le nettoyage des caméras de surveillance, des murs et des luminaires en dehors des heures de pointe |
- Températures basses - Les périodes de forte circulation - Permis de fermeture temporaire de voies pour entretien - Restrictions sur l'utilisation des produits de nettoyage (impact environnemental, toxicité, précautions de stockage et d'application, récupération, transport et destruction) - Efficacité des produits de nettoyage par rapport à la température - Des conditions de travail difficiles dans les tunnels routiers |
|
Corrosion des portes, des ancrages, des équipements, des câbles et des supports d'équipements |
- Utilisation de produits et de matériaux compatibles avec l'environnement agressif dans les tunnels - Programme d'inspection périodique - Utilisation de composants en acier inoxydable ou en matériaux composites, le cas échéant - Opérations d'inspection et de maintenance, y compris la lubrification et/ou la protection contre la rouille |
- Remplacer les composants et équipements rouillés selon les besoins |
- Normes applicables aux tunnels routiers - Résistance au feu, à l'eau, aux environnements humides et corrosifs |
|
Fissuration, fragmentation du béton, chute de débris de béton sur la chaussée, soulèvement des dalles de béton, contamination du béton |
- Membranes imperméables - Revêtements de protection - Programme d'inspection périodique avec relevé des dommages et de la contamination - Réparations de surface |
- Réparer le béton - Sceller les fissures - Réhabiliter l'infrastructure |
- Budget - Permis de fermeture temporaire pour les inspections - Maintenir la fluidité du trafic pendant les travaux - Modes de fonctionnement dégradés - Mesures visant à réduire l'impact sur les utilisateurs - Des conditions de travail difficiles dans les tunnels routiers |
|
Augmentation de la consommation d'énergie en hiver, demande de puissance de pointe et impact sur le réseau électrique
Consommation inégale entre les saisons et impact sur la facturation |
- Analyser et suivre la consommation d'énergie et la demande de puissance de pointe - Système intelligent de gestion de l'énergie et mesures visant à réduire la demande - Sélection d'équipements à haut rendement énergétique - Utilisation de sources d'énergie alternatives lorsque cela est possible et rentable - Stockage de l'énergie pendant les périodes de faible consommation pour équilibrer la consommation d'énergie - Veille technologique |
- Budget et rapport coût-efficacité des solutions d'amélioration des performances - La disponibilité d'espace pour l'équipement nécessaire - Disponibilité des sources d'énergie alternatives - Résistance au changement des habitudes de fonctionnement et de consommation d'énergie - Lois, règlements, pression politique, développement durable |
||
Fonctionnement erratique des équipements électroniques en raison du froid et de l'humidité |
- Utilisation de produits compatibles avec l'environnement froid, humide et agressif dans les tunnels - Surveiller les alarmes - Tests opérationnels et étalonnage périodiques |
- Réparer ou remplacer selon le cas |
- Permis de fermeture temporaire pour les inspections - Maintenir la fluidité du trafic pendant les travaux - Modes de fonctionnement dégradés - Mesures visant à réduire l'impact sur les utilisateurs - Des conditions de travail difficiles dans les tunnels routiers |
Habituellement, la construction de routes à travers les chaînes de montagnes peut nécessiter des tunnels à haute altitude. Au-dessus de 1 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, des activités d'entretien spéciales sont nécessaires pour assurer des conditions de circulation acceptables malgré le risque de formation de neige ou de glace. Cette situation devient critique à proximité des portails des tunnels.
Au nord de la province de Huesca, en Espagne, où l'on trouve plusieurs tunnels à plus de 1 100 mètres d'altitude, plusieurs facteurs importants sont à prendre en compte pour faire face à des températures pouvant descendre en dessous de -20ºC.
L'eau est l'ennemi le plus difficile à combattre : elle provoque des infiltrations dues aux basses températures, produit des fissures et même des écailles dans les voûtes et les parois latérales.
Au portail du tunnel, une construction adéquate du revêtement et une bonne qualité de la peinture routière sont des facteurs clés pour leur durabilité. Des matériaux de haute qualité sont nécessaires car la circulation des chasse-neige et les conditions météorologiques extrêmes peuvent provoquer leur détérioration.
Pour satisfaire aux exigences de la Rd635/2006, transposition en droit espagnol de la directive européenne 2004/54 concernant les exigences minimales de sécurité dans les tunnels routiers, il faut installer plusieurs types d'équipements qui peuvent être gravement affectés par des dysfonctionnements, voire des pannes, lorsque cela est nécessaire.
Les lignes d'alimentation électrique suspendues sont exposées à la formation de glace qui est à l'origine de pannes qui, si elles sont régulières, peuvent affecter la durabilité des UPS et des générateurs diesel.
Les réservoirs d'eau destinés à alimenter les tuyaux d'incendie du tunnel doivent être soigneusement construits pour éviter l'apparition de fissures. En outre, une circulation d'eau continue est conseillée.
Les conduites d'alimentation en eau doivent être protégées par une protection thermique et, si possible, vidées. Les éléments d'ouverture des bouches d'incendie et des tuyaux peuvent également être touchés et les locaux techniques contenant des machines de pompage doivent être à une température supérieure à 0ºC.
En outre, il est essentiel d'entretenir correctement les véhicules utilisés à des fins opérationnelles et d'urgence, notamment en utilisant des produits antigel adéquats pour la protection du moteur et des réservoirs de carburant et d'eau.
Enfin, il faut tenir compte des difficultés liées à la relève du personnel d'opération et à la fourniture de vêtements appropriés (non seulement en ce qui concerne le réchauffement ou l'imperméabilité, mais aussi l'amélioration de la visibilité).
1. DEBS A., "Challenges related to winter operations in urban highway tunnels ", référence RR361-076, AIPCR, 2014
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Andorre-la-Vieille : 2014
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